Les enquêteurs parlent d'un « pari stupide »
Le parquet de Paris a écarté l'hypothèse d'une agression à caractère antisémite en ouvrant ce matin une information judiciaire pour « violences volontaires ayant entraîné une incapacité totale de travail n'excédant pas huit jours » contre finalement jeunes auteurs présumés de l'agression de trois jeunes juifs dans le 19e arrondissement le 6 septembre dernier, a-t-on appris de source judiciaire. Les cinq personnes sont toutes originaires du quartier.
Les cinq jeunes, un mineur et quatre majeurs, de 16 à 23 ans, issus du même quartier, ont été déférés hier soir soir au parquet et doivent être présentés dans la journée à un juge d'instruction en vue de leur éventuelle mise en examen. Le parquet a simplement requis leur placement sous contrôle judiciaire.
D'après la version livrée par les suspects aux enquêteurs de la 2e division de police judiciaire (2e DPJ), ces jeunes auraient joué avec un pistolet à billes, se lançant un défi de tirer sur quelqu'un et ce serait tombé sur un jeune portant une kippa. Un jet de marron est également évoqué.
Grâce à des images de vidéosurveillance et des témoignages entre autres, la police a identifié les suspect, dont un jeune homme de confession juive. « Parmi les suspects se trouvent certains jeunes qui eux-mêmes ont déjà été agressés dans le quartier », a-t-on indiqué de source policière.
Ces faits se sont produits rue Petit, près du square Petit, là où le jeune Ruddy avait été passé à tabac dans la soirée de la fête de la musique, en juin. Lors du dernier incident en date, trois jeunes qui se rendaient à la synagogue ont été frappés par un groupe de plusieurs personnes. Les victimes s'étaient vu notifier des ITT de trois et quatre jours après avoir été brièvement soignés à l'hôpital.
L'affaire du 6 septembre a néanmoins provoqué certaines réactions politiques et de la part des associations juives qui réclamaient une plus forte présence policière dans le quartier. Manifestement, elle a débuté par un « pari stupide » entre les membres d'un groupe de six à sept personnes ; l'un d'eux, équipé d'un pistolet à billes, avait relevé le pari d'être capable de tirer sur quelqu'un et aurait tiré avec ce jouet sur l'un des jeunes juifs, déclenchant une bagarre entre les deux groupes. Néanmoins, les autorités avaient dans un premier temps mis en avant la possibilité d'une agression antisémite dont la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie et le maire PS de Paris, Bertrand Delanoë (qui est revenu dans le 19e lundi, après sa discrète visite de samedi). Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Richard Prasquier, s'était pour sa part déclaré « certain » du caractère antisémite de l'agression. Par ailleurs, une adresse courriel et un numéro de téléphone spécifiques ont été mis en place par la police. Pour les fêtes de fin de Nouvel An (à la fin septembre, cette année) les mesures prises l’an passé pourraient être reconduites.
Seuls deux élus ayant pignon sur rue, le maire du 19e (par ailleurs sénateur socialiste de Paris), Roger Madec, et le député local (PS aussi) Jean-Christophe Cambadélis, n’avaient parlé que de « tension » et de « violence », sans jamais employer le terme « antisémitisme », du moins publiquement. A la police également, on était circonspect.
F. A.
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