Sevran : Elkabbach bat sa coulpe
L'incident est clos, mais il a mis en émoi la maison Europe 1. Au lendemain, de l'annonce par la station de la mort de Pascal Sevran, pourtant bien vivant, Jean-Pierre Elkabbach a parlé d'erreur "collective". Les journalistes qui estiment que la responsabilité incombe à leur seul président l'ont poussé à présenter des excuses. Un comité d'éthique doit justement être inauguré au sein de la rédaction.
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Le premier paragraphe est finement ciselé. Tout semble crédible. Le site d'Europe 1 repose sur la grande maison Lagardère. Jean-Pierre Elkabbach s'est engagé à réfléchir sur un comité d'éthique, car le Net n'est pas une source "fiable" pour lui. C'est pourtant de là que tout est parti. Et les téléspectateurs de France 2 auront retenu l'air particulièrement gêné de Laurent Ruquier, chansonnier, à qui l'on a demandé d'annoncer en direct -dans son émission de divertissement- le décès de l'ancien animateur de La Chance aux chansons...
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La coulpe de Jean-Pierre Elkabbach a été battue et rebattue dans la journée de mardi. L'erreur de la veille a soulevé un vent de colère au sein de la rédaction. Les journalistes reprochent à leur patron de leur faire porter une faute qui n'incombe, selon eux, qu'à lui.
Retour sur les faits. Pascal Sevran est mort: Jean-Pierre Elkabbach le tient de source sûre. "Nous étions en train de vérifier l'information", raconte un membre de la rédaction. Mais il est 19 heures, l'heure du journal. Jean-Pierre Elkabbach insiste pour que la nouvelle soit lancée sur les ondes et les journalistes commencent à recueillir les réactions. "Depuis le milieu de l'après-midi Europe 1 avait de sources concordantes journalistiques généralement sûres et fiables, des informations sur la disparition de Pascal Sevran", assurera plus tard dans la soirée un communiqué publié sur le site de la radio. L'information se trouve pourtant être erronée.
Mardi matin, Jean-Pierre Elkabbach se présente devant ses journalistes pour des excuses. "J'assume personnellement une erreur collective", lance-t-il. L'expression fait sursauter la rédaction. Erreur collective? La Société des rédacteurs (SDR) refuse que la responsabilité soit reportée sur tous alors que le temps n'avait pas été laissé aux journalistes de vérifier l'information. Une assemblée générale est alors convoquée à 14 heures 30, où il est décidé d'envoyer un communiqué de presse.
Comité d'éthique
"Ces explications n'ont pas convaincu la rédaction, qui réfute totalement l'idée d'une 'responsabilité collective' invoquée par le président d'Europe 1. Il apparaît que la responsabilité de Jean-Pierre Elkabbach est directement engagée dans cette annonce erronée. Il apparaît que lui seul a été le donneur d'ordre. Il a transmis l'information et ordonné qu'on la diffuse", souligne le texte, dans lequel la SDR exprime "sa solidarité avec les journalistes qui étaient en première ligne au moment de l'annonce. Elle apporte son soutien à ceux sur lesquels le président d'Europe 1 a tenté de se défausser."
Dans le même temps, Jean-Pierre Elkabbach décide de réunir une nouvelle fois la rédaction. "Il avait pris la mesure de notre meurtrissure", raconte une journaliste, qui a vu son patron s'excuser "franchement" et tout assumer. L'incident est donc clos dans les studios d'Europe 1. Le comité d'éthique dont la création avait été annoncée voici une dizaine de jours, doit se réunir dans les jours prochains, et abordera l'affaire.
Dans une interview à La Croix le 11 avril, l'homme de médias avait présenté la nécessité de ce comité d'éthique. "Une information lancée sur le Net peut être reprise par tous les médias hexagonaux, voire internationaux. À l'ère de l'immédiateté, de l'apparence, de la dictature de l'émotion, la contagion est générale. À la manière du marché boursier, il y a une hypersensibilité et une hyperréactivité à toutes les nouvelles, vraies ou fausses. Il faut bien comprendre que cette mécanique emporte tout le système médiatique, et, avec lui, l'indispensable respect de la vie privée, de la dignité, de l'intimité. Même les maîtres en médias peuvent être submergés par cette vague." Dix jours plus tard, le maître d'Europe 1 a bu la tasse.
Matthieu Verrier, pour le JDD en ligne
. Affaire Pascal Sevran: "Jean-Pierre Elkabbach a fait un vrai mea culpa"
Note du ouaibemaître: à lire attentivement les première lignes de la capture d'écran du site d'Europe 1 d'hier, la nécrologie était rédigée de longue date. Un grand classique dans le métierlorsque l'on est à peu près certain d'une issue fatale, ou pour une grande personnalité. Il semblerait que l'éditeur de Pascal Sevran ait confirmé la fausse information auprès de France 2 ou Europe 1, les deux principaux médias à l'avoir diffusée, à part Direct 8 et de nombreux sites.
nous vivons dans l'ère des mensonges-sensation; comme s'il n'y avait pas assez de catastrophes comme çà.
Rédigé par : elisabetha | 23/04/2008 à 22h39