Le porte-parole des députés PS, André Vallini, qui, au cours d’un entretien audio accordé à Libération en septembre, s’intéressait sur la justice de… la justice française, était hier soir l’invité de la chaîne du Groupe Bolloré (propriétaire à 44 % de l’institut CSA) Direct 8, diffusée sur la TNT, le câble et le satellite. Dans Politiquement parlant, il répondait aux questions de Valérie Trierweiler.
L’ancien président de la « commission Outreau » n’a pas manqué d’écorcher la Garde des Sceaux Rachida Dati, non pas sur ses fréquentations ou sur son « côté Dior », mais sur la refonte de la Carte judiciaire, puisque un syndicat de magistrats et trois syndicats de fonctionnaires appellent à la grève demain. Selon M. Vallini, Mme Dati a pris le problème à l’envers et dans la précipitation. Il aurait en effet trouvé plus normal que l’on mette d’abord à plat les problèmes (le travail d’une année, selon ses dires, ce qui aurait permis « de laisser passer les élections municipales »), puis de réfléchir aux juridictions à supprimer ou à déplacer. Il a également fait remarquer que deux préfectures allaient être privées de Tribunal de grande instance… dont Tulle, préfecture de la Corrèze, administrée depuis 2001 par le compagnon de la journaliste, et qu’aucune juridiction supplémentaire n’était prévue en Seine-Saint-Denis.
Aujourd’hui, dans les colonnes du Parisien, le député de l’Isère en rajoute une couche : il considère que, en six mois de ministériat, Rachida Dati « a tout gâché en faisant du populisme pénal ». Lorsqu'elle a été nommée, indique-t-il, Rachida Dati avait « le soutien inconditionnel du président de la République et elle était très populaire. En six mois, elle a tout gâché en faisant du populisme pénal avec des textes de loi au gré des faits divers ».
Et M. Vallini de reprocher à la ministre l'instauration de « la responsabilité pénale des personnes démentes », « une reprise en main autoritaire de la magistrature, notamment du parquet » et surtout le fait de vouloir faire « passer au forceps une réforme de la carte des tribunaux ». Le Parisien a aussi repris une partie de ses propos tenus la veille sur Direct 8.
Mme Dati « devrait voyager un peu moins et dialoguer un peu plus. Je ne vois pas ce que cela apporte à la justice française de dîner à la Maison Blanche ou dans les palais officiels de Pékin », a-t-il déclaré, faisant référence aux voyages à l'étranger de la ministre à l'occasion des déplacements présidentiels de Nicolas Sarkozy. Sans parler du voyage aux Etats-Unis pendant les vacances du président. Ni sur sa présence sur les plateaux télé, à l’instar de son mentor, attendu demain soir sur France 2 et TF 1, jour pour jour deux ans après avoir fait tomber la tête de Paris-Match.
Les contes de fée ont peut-être une fin pas toujours heureuse… Même des députés UMP ont refusé, il y a deux semaines, de voter le budget de la Justice, alors qu’ils avaient été priés de le valider, y compris par le Premier ministre.
André Léger
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