Deux spectacles de ce vendredi ont été annulés, ceux de demain sont compromis… et après ?
L'Opéra national de Paris a annoncé l'annulation de deux spectacles programmés vendredi soir et fait état d'« un vrai risque d'annulations » pour samedi (et peut-être jusqu’à mercredi), en raison d'un mouvement de grève contre la réforme des régimes spéciaux de retraite.
A l'appel de divers syndicats (Sud-spectacle, FO et FSU, auxquels s'est associée la CGT), « une partie du personnel technique a décidé de cesser le travail », a indiqué un communiqué. En conséquence, le Ballet de l'Opéra n’a pas créé vendredi soir au Palais Garnier la pièce Genus, qui devait être dans le même programme que la reprise du Songe de Médée, entamé avant-hier… A l'Opéra Bastille, dans le 12e arrondissement, la représentation de la reprise de Tosca, de Puccini, a aussi été annulée.
En revanche, Je ris de me voir si belle, ou solos au pluriel, spectacle destiné notamment au jeune public, est maintenu à l'Amphithéâtre Bastille.
Dimanche à 14h30, la représentation de Genus devrait avoir lieu. Interrogée par l'AFP, la direction de l'Opéra a fait état d'« un vrai risque d'annulations pour samedi ». L'annonce d'éventuelles annulations ne devrait cependant pas intervenir avant la prise de service vers 14h00 des équipes techniques de l'après-midi.
Le 18 octobre, premier jour de mobilisation pour la défense des régimes spéciaux, l'Opéra avait déjà dû annuler une représentation de La Traviata de Verdi.
Les personnels de l'Opéra de Paris cotisent à leur propre caisse de retraite, qui est à l'équilibre grâce à une subvention de l'Etat d'environ 10 M€ par an. Les 1 680 salariés permanents de l'Opéra bénéficient de l'un des plus anciens régimes spéciaux en vigueur, créé en 1698 par Louis XIV.
La disposition la plus spectaculaire concerne les 154 danseurs du Ballet, qui peuvent faire valoir leurs droits à la retraite à 40 ans — moyennant au moins dix ans de service — et au plus tard à 42 ans. Les 102 artistes des Choeurs bénéficient eux d'une ouverture des droits à 50 ans. Ce régime spécial, auquel la direction de l'Opéra est également attachée, a été mis en œuvre pour prendre en compte la pénibilité des métiers, notamment celui des danseurs, mais aussi permettre le renouvellement des effectifs artistiques de la compagnie et préserver ainsi son niveau.
Interrogé par l'AFP, le directeur des ressources humaines de l'Opéra, Dominique Legrand, a jugé « dommage que les techniciens aient démarré aussi vite (leur grève), avant même que j'ai pu faire mes propositions ». « Moi, je suis l'agenda du ministre (du Travail Xavier Bertrand) en matière de négociations, je ne peux pas aller plus vite que la musique », a ajouté M. Legrand, qui « espère que ce mouvement ne sera pas pris comme une provocation par le gouvernement ».
Matthias Bergmann, délégué syndical Sud-spectacle, a justifié l'appel à la grève par la « crainte d'une prolongation de trois ou quatre ans de notre activité » et « l'absence de propositions concernant les métiers techniques ».
La direction de l'Opéra estime ses pertes financières à 2,2 millions d'euros si tous ses spectacles étaient annulés jusqu'au 31 octobre. Et l’Opéra de Paris de publier par crainte ce communiqué.
F. A., D’après AFP, photo Archiguide 12e
Commentaires