Le financement des partis politiques attendra
Enterrement de première classe ou pas, le président de la République a formulé ce matin, lors d’un petit-déjeuner avant son départ pour la Corse (où il loge dans le même hôtel quatre étoiles que cet « ami »…), le souhait que la proposition de Loi déposée par les amis de ses amis ne soit pas, de suite à l’ordre du jour. Plusieurs des personnes qui ont eu l’heur de prendre le petit-déjeuner avec lui ont parlé, et les fuites sont parties, vraisemblablement orchestrées, dans la mesure où se déroule ce mardi la séance de questions au gouvernement…
Parmi les personnalités de la majorité réunies pour ce petit déjeuner autour du chef de l'Etat et de François Fillon se trouvaient notamment Patrick Devedjian (secrétaire général de l'UMP), Jean-Pierre Raffarin (premier vice-président du Conseil national de l'UMP), Hervé Morin, ministre de la Défense, Jean-François Copé, président du groupe UMP à l'Assemblée, Bernard Accoyer et Christian Poncelet, respectivement présidents de l'Assemblée et du Sénat...
Selon une source, Nicolas Sarkozy aurait dit qu’il n’y aurait « pas de redépôt du texte de financement du NC ». Le chef de l’Etat semble-t-il veut organiser un « grand débat sur le financement des partis, des syndicats et des ONG, plus tard ».
La proposition du Nouveau Centre avait été rajoutée la semaine dernière dans un amendement sur le débat budgétaire. Et très critiquée, surtout par François Bayrou, fidèle à son propre parti et bien entendu plutôt mécontent que ses anciens amis changent la règle du jeu électoral avec un effet rétroactif ! Quant aux députés UMP, ils étaient plutôt absents de l’hémicycle. Chacun ses urgences. Les copains du ministre de la Défense (de retour des Emirats arabes unis, où il n’a pas réussi à vendre le moindre Rafale) vont devoir attendre pour bénéficier d’argent public.
Des participants à ce petit-déjeuner ont aussi pensé au risque d'inconstitutionnalité et Pierre Méhaignerie, vice-président du Conseil national de l'UMP, aurait regretté que cette affaire soit « mal engagée ».
Hervé Morin, traître ?
Mais Nicolas Sarkozy a également « insisté sur l'importance du Nouveau Centre et le fait qu'il voulait qu'il garde toute sa place » au sein de la majorité. Comme Georges Pompidou qui « avait compris l'importance de brasser large », il a insisté sur le fait qu'il « veut travailler pour regrouper les différentes composantes politiques de la majorité ».
A peine arrivé à l’Assemblée nationale, le ministre de la Défense a lancé : « Rendez-vous au printemps prochain pour l'évolution des règles de financement des partis politiques ». Mais n’y a-t-il pas des municipales et des cantonales « au printemps prochain » ?
« Ce n'est pas parce que nous retardons de quelques mois l'évolution de la règle du financement des partis politiques que, pour autant, nous cesserons d'exister, de nous structurer et de faire en sorte que dans chaque département, pour chaque ville, nous ayons nos têtes de listes, nos candidats tant pour les municipales que pour les cantonales », a-t-il ajouté, s’estimant « abandonné par le Modem » !
Le Nouveau Centre (NC), rallié à Nicolas Sarkozy, est pourtant né d'une scission de l'UDF au lendemain de l'élection présidentielle. M. Morin l’aurait-il oublié ? N’est-ce pas pour tenter d’obtenir des financements à l’époque qu’on ne trouvait pas moins de cinq membres de sa familles dans les 577 circonscriptions législatives ?
Et une modification de loi « au printemps » ne jouera pas sur les élections municipales et cantonales. A moins d’un bouleversement climatique qui ne mette Pâques avant les Rameaux, ou plutôt le printemps en… janvier, pour le moins.
André Léger
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