Les candidats se précipitent sur le site de réseau social Facebook. C'est à qui y comptera le plus de soutiens virtuels et saura les mobiliser le moment venu.
« Bonjour Bertrand, H - 3 avant la toute première réunion publique dans le 9e. La campagne commence vraiment. A tout à l'heure, Anne. » Petit mot déposé un matin sur le bureau de Bertrand Delanoë par sa première adjointe ? Non. Ce message d'Anne Hidalgo a été envoyé sur la page Facebook du maire de Paris.
Créé en 2004 aux Etats-Unis dans le but d'offrir aux étudiants d'Harvard une vitrine en ligne pour leur trombinoscope, ce site internet s'est transformé en un vaste réseau social, ouvert à l'ensemble des internautes. Le phénomène a débarqué en France cet été et s'accélère : 100 000 inscrits début septembre, plus du double aujourd'hui ! Un décollage en fanfare, qui coïncide avec le lancement de la campagne pour les municipales. Facebook vient donc naturellement rejoindre sites et blogs dans la panoplie internet, évidemment confectionnée par des conseillers numériques toujours à l'affût des nouvelles tendances. Premiers convertis ? Delanoë et Hidalgo. Sur la page du maire, un contenu classique côtoie un tas de bizarreries frôlant parfois l'absurde : des chansons dédicacées du genre « The Passenger » (Iggy Pop) ou « Wannabe » (Spice Girls) envoyées par d'autres membres, des roses virtuelles exposées dans sa galerie de cadeaux, des messages fort peu protocolaires : « Bertrand, tu nous vends du rêve », écrit Florian. « Je te kiffe grave ! », surenchérit Valentin, tandis que Rooman s'excuse : « Désolé de ne pas être venu hier soir, mais j'ai été pris dans un embouteillage de Vélib'. » Des fans excentriques ? Des militants un brin familiers ? Des internautes blagueurs ? Tout ça à la fois. Ils font partie des 1 200 « amis » que le maire de Paris compte sur sa page [Près de 1850, selon votre ouaibemaître].
Second Life déjà ringard
Denis Baupin, l'adjoint aux transports et candidat Vert pour 2008, fait partie de la communauté grâce à Frédéric Neau, le responsable de sa campagne sur internet : « Avant l’été, on pensait le mettre sur Second Life. Mais on s'est rendu compte que c'était déjà ringard... Entre-temps, tout le monde s'est inscrit sur Facebook. » Dominique Voynet figure parmi la centaine d'amis de l'élu Vert, qui serait dix fois moins populaire que son adversaire socialiste. « Quoi ! Delanoë a plus de mille amis, s'étonne Frédéric Neau. C'est beaucoup... Mais on va le rattraper ! » La course aux « facebookers » est donc lancée. Aux Etats-Unis, les candidats à la présidentielle se sont tous emparés de l'outil, et l'utilisent comme une base de partisans mobilisables en trois clics. Le démocrate Barack Obama compte par exemple plus de 400 000 supporters sur le réseau ! [Moins de 155 000 à cette heure, après vérification par le ouaibemaître] « Facebook ne fera pas les municipales, pas plus que DailyMotion n'a fait la présidentielle, nuance le blogueur socialiste Valerio Motta. Mais c'est un très bon outil d'organisation et de diffusion d'information, particulièrement utile au niveau local. » Au-delà des profils personnels d'élus se constituent des pages thématiques qui rassemblent des membres très actifs. Valerio Motta décrypte : « Ils sont très perméables entre eux. Par exemple, on passe vite des groupes Vélib' à ceux qui soutiennent Bertrand Delanoë. »
Ces collectifs ne sont pas tous bienveillants. Quatre cents membres sont par exemple regroupés sous la bannière « Marre de Delanoë et surtout de Baupin ! » Ils s'insurgent contre « l'aménagement de la circulation, kafkaïen » et ont pour mot d'ordre TSD (« Tout sauf Delanoë ») [Il semble que TSD n’ait aucun rapport avec le maire de Paris, note du ouaibemaître]. C'est là le danger : chacun peut créer un groupe sans rendre de comptes, ou une page d'élu sans que l'intéressé ne soit au courant. Pour éviter les dégâts, l'équipe d'Anne Hidalgo vérifie le profil de ceux qui demandent à devenir ses « amis ». Pas question d'ouvrir le cercle virtuel à des ennemis potentiels. Le « Perroquet libéré », publication anti-Delanoë, se serait ainsi fait refouler à l'entrée. Aussi indispensable que le filtrage : l'implication. Comme sur un blog, il faut être présent, ajouter des rubriques, répondre aux messages. Pour l'instant, c'est Anne Hidalgo qui s'en sort le mieux : vidéo dédiée à ses 350 amis, petits mots personnels affichés sur son « mur » de messages et même une réunion en live spécialement destinée à souder cette nouvelle tribu.
Un côté gadget
Mais s'échanger des messages d'amitié entre internautes peut-il enrichir la campagne ? La première adjointe reconnaît « le côté gadget » de la plate-forme, comme le responsable web de la campagne de Baupin : « L'intérêt c'est aussi que des journalistes nous appellent et en parlent ! ». Comment transformer Facebook en réel outil militant ? « Nous allons utiliser le réseau pour lancer des actions, des manifestations », raconte Frédéric Neau. Cible principale : les jeunes, très présents sur tous ces sites de réseaux sociaux. Le grand concurrent de Facebook, MySpace, n'attire pour l'instant pas les élus : trop orienté musique et vidéo, trop arty, expliquent les conseillers numériques. Seule l'équipe de Françoise de Panafieu n'exclut pas de la mettre un jour sur l'orbite de MySpace. En attendant, l'agence de communication chargée de sa campagne en ligne, Idéecom [l’unique page francophone de ce nom trouvée ce matin par votre ouaibemaître est consacrée aux gros poisons, mollusques et crustacés], était encore en train de fabriquer la future page Facebook de la candidate UMP la semaine dernière. Les groupes de soutien à Françoise de Panafieu culminent péniblement à une quarantaine d'inscrits (« Rachida Dati pour Paris » atteint, en revanche, les 140) [200 ce matin, note le ouaibemaître qui remarque que la Garde des Sceaux est également inscrite sur UMP - Fédération numérique, moins de 800 membres, sur Nouvelle Société, plus de 200 membres, sur Pour la Carte orange à 50 € et Imagine’R à 25 €, moins de 200 membres qui ne connaissent manifestement pas le Navigo, à l’Union pour un mouvement populaire, moins de 900 membres, et à J’aime l’Ile-de-France, « forte » de 200 membres] . Côté MoDem, c'est calme. Aucune trace de Marielle de Sarnez. Le groupe parisien compte 11 membres [Plus de 170, selon votre ouaibemaître]. Et seule la jeune militante Quitterie Delmas, vraiment active sur le réseau, compte plus de 200 amis (parmi lesquels quelques journalistes et plusieurs blogueurs influents comme Versac ou Christophe Grébert) [276 à l’issue de la réunion d’hier soir, pense le ouaibemaître].
« En termes d'occupation de l'espace, Delanoë a pris une longueur d'avance, souligne Xavier Moisant, auteur du blog Place de la démocratie. C'est un atout, car il a déjà constitué une base de données de plus de mille personnes, auxquelles il sera plus facile de demander leur avis ou de proposer une réunion lorsque la campagne battra son plein. » Encadrés par des spécialistes du Net, les élus ont compris que ne pas avoir de « profil » pourrait devenir un handicap. Le socialiste Rémi Féraud, qui vise le fauteuil de maire du 10e, vient de s'y inscrire : « Ce qu'il faut, c'est ne pas prendre de retard, ne pas être le dernier à ouvrir une page. » Facebook, arme de campagne incontournable ? « Peut-être pas dans la Creuse, répond Xavier Moisant. Mais à Paris, sans aucun doute, car le public du site est très urbain. » Conclusion de Patrick Dray, chargé de la campagne de Panafieu sur le Net : « Facebook n'est pas indispensable mais... il faut y être ! »
Inscription pour les nuls
Pour créer sa page, deux solutions : la cooptation par le biais d'un ami qui envoie une invitation à rejoindre le réseau, ou l'inscription directe (et gratuite) en ligne. Il suffit de se connecter sur www.facebook.com et de cliquer sur l'onglet « Sign up » (non-anglophones s'abstenir, la version française n'existe pas encore). Puis de remplir une fiche. Nom, date de naissance et précision indispensable, l'adresse mail : si vous avez des amis déjà membres du réseau, ils seront immédiatement prévenus de votre arrivée. C'est la base du fonctionnement de ces sites. Etape suivante : créer un profil qui sera, au choix, accessible à tous ou uniquement aux amis, très détaillé (avec mini-CV, opinions politiques, orientation sexuelle) ou succinct. La logique de réseau happe alors le nouveau venu, vite noyé sous les messages : les petits camarades souhaitent la bienvenue, envoient photos et invitations à rejoindre des groupes sérieux ou tout à fait farfelus comme les « Absintheurs de Paris » ou les cyclistes « Contre les quiches à Vélib' » [Tous deux non trouvés sur Facebook par le ouaibemaître…]. Avertissement : le risque de dépendance est avéré.
© Lise Martin, pour Paris Obs du 18 octobre
Comparer Second Life à Face book c'est un peu comme vouloir comparer un bureau de tabac à une boulangerie.
SL n'a rien d'un réseau social.
Rédigé par : Solange | 18/10/2007 à 15h47
Je suis complètement d'accord avec toi, Solange, mais déjà je me suis tapé toutes les erreurs (j'en ai peut-être oublié) publiées dans le sujet de Paris Obs, je n'allais pas en sus me préoccuper de ces choses techniques où tu es largement plus pointue que moi.
Si tu vas lire ce billet d'humeur de Jérémy Sahel :
http://menilmontant.noosblog.fr/mon_weblog/2007/10/jospin-fait-lau.html
ET SURTOUT les notes de bas de page, tu te rendras compte que Paul Amar a mis dans le même sac de "journalisme citoyen" Agoravox, StreetReporters et Rue89.
Agoravox sont pour la plupart des amateurs, parfois d'exellente qualité.
Rue89 est fondée par trois anciens de Libé (dont certins n'ont pas fait que cet organe dans leur vie) et il y a aussi des écrits publiés occasionnellement par des journalistes (comme moi ce jour) ou par des spécialistes particulièrement pointus (comme toi sur un domaine précis) qui ne sont aucunement des journalistes.
Quant à StreetReporters, dont Jérémy Sahel est l'un des co-fondateurs le 14 Juillet dernier, alors qu'il avait d'autre choses en tête, il est fait pas des gens qui, dans leur ensemble, ne sont pas des journalistes, mais certains sont réalisateurs (c'est la profession que Jérémy a déclarée en mairie du 12e lors de son mariage, et son doc sur l'avortement était fort intéressant) tout en faisant autre chose. Ce qui ne les empêche pas d'être ouverts et tu verras la liste Facebook des membres du groupe… ou je te la refilrai si tu me la demandes gentiment.
Merci d'être passée et pour ton commentaire de mise au point ! (ainsi que pour les autres chses que tu fais et qui n'ont pas à être étalées ici).
Bises et courage !
Ton ouaibemaître apprenti préféré.
Rédigé par : Fabien | 18/10/2007 à 16h51
Je vais de ce pas lire ton lien
Je sens une "campagne de presse" en faveur de Facebook, je vais donc citer quelques autres réseaux : linkedin, Viadeo, Ziki ...
N'oubliez pas de voter pour ce blog
http://www.meilleurduweb.com/index.php?id=144753
Rédigé par : Solange | 19/10/2007 à 16h41
Je te fais confiance Solange pour repérer d'éventuelles autres anomalies et, le cas échéant, soit les mettre en commentaire si c'est bref, soit m'envoyer un sujet si le problème est plus complexe…
Merci.
Rédigé par : Fabien | 19/10/2007 à 19h38