Expulsé par erreur, M. Qiu est reclus en Chine
« La situation de M. Qiu révèle le peu de sérieux et la précipitation avec laquelle les dossiers de reconduite à la frontière sont traités par les services de l'Etat. » Le député socialiste Claude Bartolone n'a pas mâché pas ses mots, hier, lors de la conférence de presse organisée par les membres du Réseau éducation sans frontière (RESF) à la mairie de Pantin.
M. Qiu a été expulsé par erreur, le 11 octobre dernier. Sa femme et sa fille sont toujours à Pantin. Elles ont pu lui parler, hier, par téléphone. « Je ne vais pas bien, traduit l'interprète. Je suis séparé de ma fille et de ma femme. Et puis, je suis contraint de rester reclus dans ma chambre d'hôtel. » Interpellé alors qu'il sortait de chez un coiffeur dans le 3e arrondissement à Paris, ce père de famille a été placé en garde à vue, en centre de rétention à Vincennes (Val-de-Marne), puis expulsé. Ce sans-papiers, soutenu par une forte mobilisation de RESF et d'hommes politiques, avait pourtant reçu du préfet de Seine-Saint-Denis et du préfet de police de Paris l'assurance qu'il serait libéré.
Tous ses papiers sont en France avec sa famille
Sans sa pièce d'identité chinoise qu'il gardait précieusement chez lui de peur de la perdre, M. Qiu a été transporté de force par deux policiers jusqu'à l'arrière de l'avion. Il a été ligoté aux jambes et bâillonné afin que les autres voyageurs ne le remarquent pas. Il est resté ainsi trois à quatre heures avant qu'un policier civil accepte de le détacher. Arrivé à Shanghai sans aucun papier, il n'a d'abord pas été admis par les autorités chinoises. M. Qiu a alors dû faire appel à son oncle, qui est venu depuis le sud-est du pays pour l'identifier auprès des douaniers. M. Qiu a profité de la présence de son oncle pour entrer dans un hôtel, où les papiers d'identité sont également demandés. Depuis, son oncle est reparti et M. Qiu est contraint de rester dans sa chambre d'hôtel, sans papier ni argent. « Si je sors, je ne pourrai plus rentrer », dit-il à sa femme, digne et discrète, qui n'a pas réussi à étouffer ses sanglots hier, malgré la bonne nouvelle du député, lequel dit avoir obtenu de Brice Hortefeux la promesse d'un visa pour M. Qiu. Le problème est qu'il faut avoir des papiers pour pouvoir y tamponner un visa.
© Marie-Pierre Bologna, pour Le Parisien du 27 octobre
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