… et Jean-François Copé ne cache pas une certaine colère
Face à un président de la République omniprésent et à un gouvernement qui engage des projets de loi tous azimuts, les députés et sénateurs UMP ont revendiqué hier à Strasbourg une meilleure prise en compte de leurs prérogatives.
« La rupture, dans ce domaine, c'est qu'on doit désormais absolument être entendus. Il faut que nous changions radicalement nos habitudes de travail entre le gouvernement et la majorité », a affirmé Jean-François Copé en conclusion des journées parlementaires de l'UMP.
M. Jean-François Copé, père de trois enfants, avait trouvé le temps de faire un déplacement de deux jours à Strasbourg, malgré un agenda assez chargé, puisqu’il est maire de Meaux, président de la Communauté d’agglomération du Pays de Meaux (81 000 habitants), député de la 6e circonscription de Seine-et-Marne, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, et avocat (depuis qu'il n'est plus ministre) « deux jours par semaine » (dit-il lui-même) dans un cabinet d’affaires,
« L'action du gouvernement gagnerait tant à prendre en compte les remontées du terrain, elle gagnerait tant à nous associer en amont à l'élaboration des lois », a-t-il ajouté. Devant le Premier ministre venu clôturer les journées, il a critiqué l'inflation législative telle qu'elle résulte de réactions à chaud aux soubresauts de l'actualité, allant dans le sens de Jean-Louis Debré en son temps et d’autres parlementaires. On peut en effet se demander pourquoi tant de lois, dont les décrets d’application ne sont pas nécessairement publiés… Rien qu’en matière d’immigration, une loi en 2003 alors que le ministre de l’Intérieur était Nicolas Sarkozy, une autre en 2005/2006 avec de nouveau le même ministre, mais cette fois avec le titre de ministre d’Etat, et une énième loi en cours de discussion, présentée officiellement par celui que les Guignols de l’Info (Canal +) appellent « Brice de Clermont », un mix entre Brice de Nice qui veut « casser » tout le monde et le ministre en charge du co-développement, qui, tout en briguant la mairie de Clermont-Ferrand, fait la chasse aux étrangers en situation irrégulière. Jusqu’à ce que certains aient peur d’un simple coup de sonnette.
Une loi pour les ascenseurs ?
« Ces ascenseurs sabotés qui sont tombés des tours, fallait-il une loi ou fallait-il une meilleure organisation de l'Etat ? Des manèges sont tombés récemment. Faudra-t-il une loi ou une meilleure organisation de l'Etat ? », l’hyperactif député UMP, qui a également plaidé pour que le Parlement joue « pleinement son rôle de contrôle et d'évaluation des politiques nationales ». « Ça se fait dans toutes les démocraties du monde sauf dans la nôtre », a-t-il noté…
Cette fonction de contrôle du Parlement doit devenir « sa seconde nature », a renchéri le président du Sénat, Christian Poncelet. Le président de l'Assemblée nationale, le député haut-savoyard Bernard Accoyer, a revendiqué pour sa part « un meilleur partage de la maîtrise de l'ordre du jour », actuellement déterminé par le gouvernement.
Tout en estimant qu'un « parlementaire de rupture, c'est un parlementaire qui est à 10 000 % derrière le Parlement (sic !) de la République », Jean-François Copé a laissé entendre que cette fidélité devait être payée de retour. « Il faut nous entendre quand le soleil brille, que tout va bien, que c'est des moments heureux, mais il faudra aussi nous entendre si, demain, des nuages apparaissaient », a-t-il lâché.
Manifestement, Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L'Express (et haut-savoyard comme Bernard Accoyer), que l'on ne peut nullement qualifier de gauchiste, ne se trompait pas lorsque, le 22 août dernier, il comparait Nicolas Sarkozy à une bicyclette sans freins… Mais de là à ce que des parlementaires UMP en soient excédés !
Etre (pour un parlementaire de la majorité) derrière le parlement semble pour le moins normal. Peut-être M. Copé est-il quelque peu surmené, ou agacé ? Ce même président de groupe qui souhaite ouvertement la réintroduction de l'amendement ADN alors que le Sénat n'en veut pas ? Ou alors il s’agissait d’un lapsus qui voulait parler de l’hyperprésident Nicolas sarkozy et de son entourage, comme ici ou là…
Fabien Abitbol, avec agences, photo Paul Delort pour Le Figaro
• Le blogue de Christophe Barbier sur la vie de Nicolas Sarkozy est ici.
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