Mady Denantes, médecin généraliste à Paris, membre du Comité des médecins généralistes pour l’accès aux soins, déplore la situation faite aux plus démunis.
« Des patients qui repoussent des examens urgents pour des raisons financières, nous en voyons au quotidien. Certains ne peuvent plus avancer les 21 euros de la consultation, ou le ticket modérateur. Pour ceux qui n’ont pas de mutuelle - et qui sont, de fait, déjà soumis à une franchise - le forfait hospitalier est exorbitant : hors de l’hôpital, ils ne dépensent pas 17 euros par jour pour se loger et se nourrir. Les personnes qui ont une mutuelle sont aussi touchées car celle-ci ne couvre pas tout. Lorsque nous prescrivons des actes lourds, certains de nos patients ne les réalisent pas. Or l’examen déclenche un diagnostic qui, lui-même permet, si besoin, d’entrer en affection de longue durée et d’être pris en charge à 100 %. Un de mes malades a réussi à se sortir de longues années de galère mais présente une altération de son état général, avec un amaigrissement et une toux. Il se peut qu’il ait une tuberculose ou un cancer. Je lui ai prescrit une radio des poumons, qu’il ne passe pas parce qu’il ne peut pas payer les 10 euros non pris en charge par la Sécu. D’autres repoussent une coloscopie qui va permettre de dépister des cancers qui, pris à temps, seront soignés. Ces retards de soins coûtent beaucoup plus cher à la Sécurité sociale. Pense-t-on par exemple au nombre de personnes qu’un tuberculeux va contaminer dans le métro ? À terme, ces petites économies nous interdisent de faire notre métier. »
Propos recueillis par L. B.
L’Humanité du 13 juin 2007
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