La contestation s'organise dans les facs
Les manifestations et violences déclenchées par l'élection de Nicolas Sarkozy ont diminué mercredi, à la fois en province, où plusieurs peines de prison ferme ont été prononcées, et à Paris, où cependant des étudiants ont voté le blocage d'une université.
C'est la première fois qu'une victoire présidentielle entraîne, dès la proclamation des résultats, des manifestations d'hostilité.
292 voitures ont été incendiées dans la nuit de mardi à mercredi, selon la Direction générale de la police nationale (DGPN). 365 véhicules avaient été brûlés dans la nuit précédente et 730 au cours de la nuit du second tour de l'élection présidentielle.
Parallèlement, 86 personnes ont été interpellées, dont trois à Paris, après quelque 160 la veille, essentiellement dans la mouvance d'extrême gauche.
« Cette situation n'est pas acceptable », a déclaré le ministre de l'Intérieur François Baroin, mercredi matin, sortant de son silence.
« Tout ce qui s'est passé dans la rue depuis trois jours, en décrue (...) montre que ce sont des mouvements clairement engagés politiquement, affichés ouvertement d'extrême gauche », a affirmé le ministre, pour qui l'« agitation » de ces militants « n'est pas acceptable » et « ne sera pas acceptée ».
Démentant toute « violence policière » et louant a contrario le « professionnalisme » des forces de l'ordre, M. Baroin s'est « félicité » de la réponse judiciaire apportée, y voyant un « message de fermeté ».
Les premières peines prononcées par la justice à la suite des violences dimanche soir ont été assez sévères, avec un ou plusieurs mois de prison ferme dans plusieurs cas.
Ainsi à Charleville-Mézières, deux jeunes majeurs ont été condamnés à six et quatre mois de prison ferme pour participation à un attroupement armé, outrage envers les policiers et jets de pierres sur ces derniers.
A Toulouse, le tribunal correctionnel, qui devait juger 16 personnes, a condamné huit étudiants à un mois de prison ferme pour avoir lancé des projectiles contre les forces de l'ordre.
A Lyon, sur quatre personnes - essentiellement de jeunes majeurs - jugées en comparution immédiate pour des violences sur policiers et dégradations dimanche soir, deux ont écopé de peines de prison ferme (6 mois et 3 mois).
De même, au Creusot (Saône-et-Loire), un majeur interpellé à la suite de jets de pierre sur un véhicule de police dimanche a été condamné à six mois de prison, dont deux ferme.
A Rennes, de un à trois mois de prison ferme ont été prononcés contre cinq hommes de 19 à 42 ans. A Bordeaux, sept hommes de 20 à 35 ans se sont vu infliger de quatre à six mois de prison ferme pour avoir jeté des projectiles sur les forces de l'ordre.
Enfin à Paris, deux manifestants âgés d'une vingtaine d'années, qui se trouvaient sur la place de la Bastille dimanche soir, ont été condamnés à quatre mois de prison ferme pour avoir lancé des pavés sur les forces de l'ordre. Une dizaine de mineurs ont par ailleurs été présentés à des juges ou au tribunal pour enfants.
Des étudiants participent à une assemblée générale, le 9 mai 2007 dans un amphithéâtre du site de Tolbiac (Paris I) à Paris
Photo : Jacques Demarthon/AFP
Parallèlement, des assemblées générales (AG) se multipliaient dans des universités.
800 étudiants ont voté la grève et le blocage assorti d'une occupation du site de Tolbiac de Paris I Panthéon-Sorbonne, pour protester contre les réformes universitaires annoncées par Nicolas Sarkozy avant son élection, contre l'avis d'une partie des organisations étudiantes.
Des AG sont prévues jeudi à Paris X-Nanterre et Toulouse II-Le Mirail.
Le président du principal syndicat étudiant, l'Unef, Bruno Julliard, avait estimé dès lundi que ces actions étaient « contre-productives » et n'étaient pas une « réponse adaptée » à l'élection de M. Sarkozy.
AFP
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sarko a été élu démocratiquement...je comprends la déception des uns et une certaine crainte pour d'autres mais pourquoi casser ou incendier ?...pourquoi détruire le bien d'autrui ?
ceci est mon dernier comm...
bises
NO
Rédigé par : NO | 10/05/2007 à 09h15
Démocratiquement, peut-être, en prenant les voix de Le Pen et de Mégret (1,6 millions de ces voix du moins, par rapport à 2002), il a tenu partiellement ses promesses.
Sans ces voix, la différence eut été de 400 000, soit moins que les 500 000 qui séparaient Mitterrand de Giscard en 1981…
Mais cela n'explique en rien les violences et, encore ce matin, Bruno Julliard a appelé au calme et à ne pas occuper les facs tant qu'on ne savait pas clairement qui serait ministre et s'il allait ou pas (et quand) appliquer les envies de Nicolas Sarkozy… Et la grève a été levée ce midi…
Ce n'est pas parce qu'une dépêche de l'AFP est reproduite ici qu'il convient de contester l'élection du président.
Rédigé par : Fabien | 10/05/2007 à 14h02