C'est surtout dans le 20ème, à l'est de Paris - dans les quartiers de Belleville, de Ménilmontant, et de Charonne, pour ne citer que ceux-là - que s'en prennent les sociétés d'économies mixtes gérées avec une grande opacité par les maires d'arrondissements. Là, certaines rues ou certains îlots donnent l'impression de sortir de la guerre : ce sont des blocs entiers qui ont été rasés, comme s'ils avaient été bombardés !
Comment expliquer cette rage de destruction, ce mépris des architectes d'aujourd'hui pour l'architecture du siècle passé ? En France, la "loi Malraux" sur les secteurs sauvegardés institutionnalise la protection des quartiers historiques. Mais cette loi a ses effets pervers: elle protège les "quartiers-musées" - le Marais, à Paris en est un exemple-type - et autorise la destruction des quartiers moins anciens, moins historiques, moins monumentaux.
Un certain passé est protégé, mais ce passé s'arrête autour de 1850, et la France officielle manifeste un désintérêt total pour ce qui a été construit après : la Gare d'Orsay n'a été sauvée que de justesse, et les Halles de Baltard ont été détruites.
Entre la stratégie de la "table rase" comme Paris l'a appliquée dans ces quartiers de l'Est parisien, et la politique de "sauvegarde historique", il n'y a rien... et les deux types d'action aboutissent au même résultat: on enlève les habitants qui habitaient là auparavant, et ceux qui viennent vivre dans les immeubles neufs ou restaurés ne sont pas les mêmes...
Pour contester une politique d'urbanisme destructeur, il faudrait un mouvement massif de gens qui s'engagent... Or le plus souvent, les gens ne réagissent que lorsqu'ils sont personnellement lésés mais alors... ils sont peu nombreux et leur voix ne porte pas bien haut....
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Texte et photos © Pierre Barreteau pour Paris perdu
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