Scène très inhabituelle mercredi 6 juillet, dans le 19e arrondissement : un membre de la représentation nationale, Pascal Terrasse, président du Conseil général de l’Ardèche et député (PS), s’est déplacé rue Botzaris afin de se rendre compte in situ de la situation humanitaire…
Suivant depuis quelques jours sur le réseau social twitter via son compte personnel et le tag #Botzaris36 les événements, le député ardéchois pensait —à tort, hélas— que la situation était médiatisée. Aussi fut-il fort surpris de voir que le groupe des 27 migrants tunisiens décidés à rester rue Botzaris ou dans le Parc des Buttes-Chaumont au lendemain de leur expulsion du 36, rue Botzaris (et du 42, rue du Plateau) n’était pas pris en charge par des structures traditionnelles, comme indiqué ici.
Arrivé sur place en toute simplicité (en transports en commun et avec son épouse) à ce qu’il est convenu d’appeler «l’heure du déjeuner», Pascal Terrasse s’est tout bonnement présenté à l’ancien «Centre culturel tunisien de Paris», d’où il a été repoussé non pas par la police française, qui de nouveau surveillait les diverses entrées du bâtiment depuis la veille, mais par les représentants des autorités tunisiennes. Ceux-ci faisaient valoir une récente immunité diplomatique. Et un parlementaire français n'est, dans ce cas, qu'un «citoyen ordinaire».
Le député ardéchois a discuté avec quelques migrants, s’est entretenu de leur origine géographique et de leurs conditions d’arrivée à Paris ainsi que de leurs conditions de survie sur place (photo). Il a également discuté avec les trois soutiens présents sur place à cette heure-là.
Avant de partir, il a notamment promis de faire part de la situation aux journalistes de ses relations, et de poser une question écrite au gouvernement, les questions au gouvernement n’étant pas possibles hors session ordinaire du Parlement.
Je vous invite donc à suivre ce qu’il pourra publier sur son site Internet dans les prochains jours, si vous n’êtes pas de fervents lecteurs du Journal officiel… Une question écrite est généralement rapidement publiée. C'est la réponse qui, toujours, tarde à venir.
Le déplacement de M. Terrasse est d’autant plus intéressant qu’il est forcément dénué de toute arrière-pensée électoraliste, son département d’élection ne faisant pas partie de ceux qui, depuis le début de l’année, “accueillent” des réfugiés (ou migrants) tunisiens.
Jusqu’à présent, les deux seuls parlementaires étant intervenus à leur façon étaient les «locaux» Roger Madec, maire de l’arrondissement et sénateur (sur son blogue à au moins deux reprises), et Jean-Christophe Cambadélis, député sorti des urnes de l’arrondissement, par le truchement d’une question écrite (à lire ici). Tous deux sont du Parti socialiste, sont supposés connaître le terrain, mais n’y ont pas vraiment fait montre de présence. Tous deux Parisiens, et tous deux directement concernés pourtant.
Il y avait aussi eu, voici une dizaine de jours, une réaction de Cécile Duflot pour EELV et une autre du Parti de Gauche (rappelées ici).
Lors du Conseil de Paris des 11 et 12 juillet, Danielle Simonnet, secrétaire Nationale du Parti de Gauche en charge des Migrations devrait évoquer ce sujets, indique-t-elle dans un commentaire posté hier midi sous ce sujet. Pour l’instant, elle n’a pas encore mis son blogue à jour concernant les migrants tunisiens, dont ceux de la rue Botzaris, qui entament ce soir leur quatrième semaine à la rue.
Jointe cet après-midi par téléphone, Lamia Slim, l’une des deux négociatrices de cette situation de crise, m’a annoncé qu’elle repartait ce soir pour Tunis. L’autre négociateur, Karim Guellaty, reste —pour l’instant— à Paris.
Fabien Abitbol
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