Dimanche soir 24 juillet, vers 23h30, M. Dominique Bordin, coordinateur des actions opérationnelles à la mission SDF de la Ville de Paris, a fait une halte rue Botzaris, à la rencontre des Tunisiens délogés le 16 juin du bâtiment du 36.
Conscient du risque de «catastrophe humanitaire», qu’il avait lui-même évoqué voici dix jours dans MyEurop, M. Bordin est passé rejoindre la maraude de Emmaüs, exceptionnellement accompagnée ce dimanche soir de deux autres compagnons, dont un spécifiquement affecté au Bois de Vincennes.
Il s’est entretenu avec les quelques soutiens sur place, ainsi qu’avec des migrants, dont il a reconnu quelques visages…
En effet, les actuels SDF des Buttes-Chaumont, qui ont envahi le 36 rue Botzaris le 31 mai, venaient tous du gymnase de la Fontaine-au-Roi, occupé le 7 mai.
Or, expliqua Dominique Bordin, avant que les agents de sécurité de la Ville de Paris ne procèdent, début juin, à un «tri» des occupants du gymnase et au filtrage des entrées, une liste non exhaustive avait été dressée par les occupants eux-mêmes. Ce registre pourrait permettre de sortir —du moins partiellement— de l’impasse administrative certains des Tunisiens des Buttes-Chaumont.
En effet, comme expliqué ici, il existe “techniquement” deux sortes de migrants tunisiens, aux yeux de la Ville de Paris: ceux pris en charge par la Ville et les autres, les SDF, délaissés… Néanmoins, dans le groupe des quinze premiers à partir cette semaine pour Tunis, au moins un n'était pas recensé par la Ville, car il dormait depuis son arrivée à Paris au pied du Parc de Belleville, à Couronnes.
Parmi les 27 migrants de la rue Botzaris, une fois ôtés les cinq mineurs (qui légalement jouissent d’un statut spécifique), il reste 22 majeurs, dont environ une quinzaine souhaitent rentrer en Tunisie. La visite de M. Bordin représente pour le moins une éclaircie dans le sombre quotidien des “botzariens”, tous considérés jusqu’alors comme inconnus des services de la Ville. Ville qui, par le biais d’un communiqué publié ce lundi, parle à son tour de «crise humanitaire» au sujet de l’hébergement d’urgence des sans domicile fixe.
Fabien Abitbol, photo F. A.: M. Bordin (à droite) s’entretenant aux Buttes-Chaumont avec un représentant des migrants (à gauche)