Trois peines de prison à perpétuité qui s'additionnent, avec trois périodes de sûreté de 25 ans: la peine la plus sévère depuis l'abolition de la peine de mort au Canada en 1976 vient d'être prononcée à l'encontre de Justin Bourque, après son "plaider coupable" de la tuerie de Moncton en juin dernier.
Le 4 juin dernier, alors qu'ils étaient à la recherche d'une personne armée dans Moncton (Nouveau-Brunswick), trois policiers de la GRC (Gendarmerie royale du Canada) ont été tués et deux autres blessés. Les morts étaient Dave Joseph Ross (32 ans), Douglas James Larche (40 ans), et Fabrice Georges Gevaudan (45 ans, un franco-canadien originaire de Boulogne-Billancourt). Le tireur avait été maîtrisé après une chasse à l'homme d'une quarantaine d'heures, ayant mobilisé trois cents policiers et mis en émoi non seulement la ville de Moncton (70.000 habitants, 170.000 pour l'agglomération), mais le Canada et les États-Unis, voisins.
Justin Bourque, 24 ans, originaire de Moncton, avait été arrêté vivant, contrairement aux tireurs qui s'en sont pris ces derniers jours à des agents de la GRC à Saint-Jean sur Richelieu et à Ottawa. Sur sa page Facebook, Justin Bourque évoquait souvent le port d'armes, et était encore actif le jour de la tuerie. C'est entre autres grâce à la géolocalisation qu'il avait été arrêté. Quelques jours plus tard, un de ses amis était à son tour arrêté, pour menaces.
Lundi, au début du procès, une témoin avait dit que Justin Bourque ne voulait pas s'en prendre aux civils, mais seulement aux personnes d'autorité.
Depuis 2011, le Code criminel canadien a introduit des dispositifs en cas de meurtres multiples, afin de mettre fin aux "peines à rabais". C'est ainsi qu'un agent de sécurité qui avait plaidé coupable pour plusieurs meurtres et tentatives commis en 2012 en Alberta, ne pourra pas sortir de prison avant 2052, après y avoir passé au minimum 40 ans. Né en 1991, âgé seulement de 21 ans lors des faits, Travis Baumgartner aura 61 ans en 2052.
Dans le cas de la tuerie de Moncton, Justin Bourque (24 ans au moment des faits), ne pourra pas espérer de libération conditionnelle avant ses... 99 ans. "Ce crime est historique et la peine doit refléter la gravité des actions de l'accusé", a déclaré ce vendredi 31 octobre le Juge en chef de la Cour du Banc de la Reine, M. David Smith.
Une justice qui, peu à peu, se rapproche des États-Unis.
Fabien Abitbol
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