Le Convoi 73, commémoré depuis novembre 2006 dans le 20e arrondissement de Paris par une stèle au cimetière du Père-Lachaise, parti de Drancy le 15 mai 1944, a eu la particularité de ne point se diriger vers Auschwitz, Maïdaneck, Sobibor ou Buchenwald, mais vers les Pays Baltes, à Kaunas (Lituanie) et à Reval (aujourd'hui Tallinn) en Estonie. Son destin largement méconnu est exposé jusqu’au 24 avril en mairie d’arrondissement.
Le dimanche 25 avril, comme chaque dernier dimanche
d’avril, aura lieu la Journée nationale de la Déportation. Dans le 20e arrondissement, la matinée de
dimanche se traduira par une cérémonie, à 10h30, au monument du camp de
Flossenbürg (avenue circulaire, entrée par la rue des Rondeaux ou la rue de La
Réunion), suivie d’un vin d’honneur à la mairie d’arrondissement (Place
Gambetta). Le tout organisé par Frédérique Calandra, maire d’arrondissement, et
Pascal Joseph, adjoint en charge de la Mémoire et du monde combattant, avec le
Comité Mémoire vive, Mémoire commune, les différentes associations de déportés,
et les familles et amis des déportés du Convoi 73.
En attendant, depuis hier lundi, et jusqu’à samedi inclus,
la mairie du 20e propose, au salon d’honneur, l’exposition Le Convoi 73, un convoi
particulier.
Le Convoi 73 emmenait 878 hommes, jeunes et valides, à qui l’on avait fait croire qu’ils allaient
être affectés à l’Organisation Todt (grande entreprise de travaux publics qui
couvrait l’Europe occupée, lire aussi ici), et qui pour certains avaient eu la possibilité de se
porter volontaires, pensant partir comme « travailleurs », et non
comme déportés.
Mais, de tous les convois qui ont quitté la France pour
"l’Est" avec, à leur bord, juifs, résistants (parfois les deux), seul
le Convoi 73 fut dirigé vers les Pays Baltes, pour des raisons non élucidées à
ce jour. Sur les quinze wagons qui le composaient, dix furent décrochés à
Kaunas (Lituanie), les autres poursuivant leur route jusqu’à Reval (aujourd’hui
Talinn, capitale de l’Estonie). Devant l’avancée de l’armée soviétique, 34
survivants furent évacués en août 1944 vers le camp d’extermination de Tutthof,
près de Gdansk, en Pologne. A la fin, ils n’étaient plus que 22 à revenir vivants en France.
Parmi les inscriptions tracées sur le mur d’une cellule du
Fort IX de Kaunas où ils étaient incarcérés, celle-ci : « Nous sommes 900
Français ». Elle est gravée à l’identique sur une plaque apposée sur la
stèle que l’association Les familles et amis des déportés du Convoi 73 a fait ériger en
novembre 2006 au cimetière du Père-Lachaise. L’annonce en avait été faite ici, alors que ce blogue n’avait pas tout à fait un mois.
L’érection de cette stèle intervenait huit jours à peine
après l’inauguration officielle du Square Jacques-Grynberg, dans le quartier
Ménilmontant-Amandiers, conquis à la suite de la lutte de quelques habitants et
conseillers de quartier (lire ici et là). La très symbolique plaque « militant antifasciste » n’allait être posée, elle, qu’entre la
présidentielle 2007 et les législatives… la délibération n'ayant été adoptée qu'en 2007 par le conseil de Paris.
Fabien Abitbol, photo Convoi 73
è Convoi 73, le train des oubliés (Libération, 29
juillet 2009)
è Le film documentaire L’absence pour mémoire peut être commandé ici
è En 2009, des étudiants en journalisme de Bordeaux ont publié un diaporama
è Dimanche 25, dans le cadre d'une soirée consacrée à la fin du régime hitlérien, Arte diffusera La Chute en première partie de soirée, puis le documentaire Cher oncle Hitler (lettres au Führer)
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