Ménilmontant, mais oui madame...

En été, on ne doit pas mourir de faim à Paris

Comme chaque année depuis 1994 et sa création à l'instigation de Pierre Lanne, l'association Août Secours Alimentaire (ASA) se retrouve quasiment seule, à Paris, en août, dans le domaine de l'aide alimentaire. Les besoins vont croissant, passant de vingt mille repas la première année à... six cents mille prévus pour le mois d'août 2012. Et un budget pas bouclé.

  

"Ce sont des clochards, des affamés, des personnes qui sentent mauvais, capables de crier sans prévenir", explique à Témoignage chrétien Pierre Lanne, dans un long entretien publié lundi sur le site Internet. Les oubliés du mois d'août ne sont pas à proprement parler des habitués des églises parisiennes. Et c'est pourtant là que ASA les accueille pour leur distribuer les colis.

Les "bénéficiaires" des colis alimentaires sont tous connus des associations qui travaillent avec Août Secours Alimentaire ou des antennes d'arrondissement du Centre d'Action sociale de la Ville de Paris. Pour la plupart, du reste, leurs cartes sont établies dès le printemps, en prévision de ce sombre mois d'août où Paris est une ville morte.

Dans le 15e, à la paroisse Saint-Jean-Baptiste de la Salle, le "Chalet Cotentin" a ouvert depuis le 15 juillet, comme le relève le site Internet de la Conférence des évèques de France. Il restera bien entendu ouvert jusqu'au 31 août, comme les trois autres centres de Paris, Notre-Dame de la Croix de Ménilmontant, dans le 20e, Saint-Michel des Batignolles, dans le 17e, et Saint-Hippolyte, dans le 13e arrondissement.

Cent vingt bénévoles sont mobilisés encore cette année pour cette opération qui réunit comme partenaires la Banque alimentaire, la Mairie de Paris et la Fondation Notre-Dame, auxquels s'adjoignent les donateurs privés. Le budget est évalué à 450.000€, dont cent mille restent à trouver, comme souvent à la fin juillet, comme en 2011, par exemple. La demande a augmanté d'année en année (voir ici), mais l'association réussit, bon an mal an, à boucler son budget, y compris en lançant un appel désespéré, comme elle l'avait fait fin août 2011.

Les dons peuvent être adressés à Août secours Alimentaire (ASA), à sa nouvelle adresse: ASA, 37 rue Bobillot, 75013 Paris.

Fabien Abitbol, vidéo: Fondation Notre-Dame (durée: 1 min 57)

Après le blogue, Le Monde... pour @trouvetamosquee

L’an dernier, à l’occasion du Ramadan, le blogue signalait l’initiative originale de Baddre-Eddine Bentaïb, fondateur du site Internet www.trouvetamosquee.fr qui entamait un tour de France des mosquées. Le billet est à lire ici.

Cette année c’est Le Monde qui parle de la deuxième édition du Ramadan Road Trip. C’est par là.

Bonne lecture, bon Ramadan à celles et ceux que cela concerne.

Just married (ou presque)

Une fois n'est pas coutume, quelques mots personnels pour préciser que les blogues sont au moins jusqu'à début août au ralenti pour cause de vacances.

Depuis la création de ce blogue à la Toussaint 2006 puis de ses deux annexes à l'automne 2010, rares ont été les périodes de plus de 48 heures sans publication. Néanmoins, je tiens à profiter de la présence sur le sol français de ma future épouse, qui réside au Québec.

D'ici quelques mois, du fait de mon départ programmé auprès d'elle, les blogues subiront une légère réorientation - sur laquelle je reviendrai ultérieurement.

Dans deux semaines au plus tard, l'activité normale des blogues devrait reprendre.

Fabien, photo: ma future épouse se préparant à porter le dossier de mariage à la mairie du 20e arrondissement, le 2 juillet.

Visite médicale pour le permis de conduire: la Sécu ne paiera pas

Le Journal officiel (JO) de ce jeudi 19 juillet publie le décret n°2012-886 du 17 juillet relatif au contrôle médical de l’aptitude à la conduite, qui entrera en vigueur au 1er septembre 2012.

Sont visés par cette nouvelle disposition certains candidats au permis de conduire ou titulaires du permis, comme, par exemple, des conducteurs «ayant perdu la totalité de leurs points», ou d’autres «souffrant d'une affection médicale incompatible avec l'obtention ou le maintien du permis», précise le JO. Ce contrôle médical, qui ne peut être effectué par le médecin traitant,  consiste en une évaluation de l'aptitude physique, cognitive et sensorielle. Il est réalisé par un médecin agréé par le préfet, consultant hors commission médicale, ou des médecins siégeant dans une commission départementale ou interdépartementale. Dans chaque département, une commission médicale d'appel est créée.

Dans le texte publié ce matin, il est précisé que «la personne ayant fait l'objet d'une décision d'inaptitude, d'aptitude temporaire ou d'aptitude assortie de restrictions du préfet prise après avis de la commission d'appel, peut demander un nouveau contrôle médical par un médecin agréé consultant hors commission médicale ou par la commission médicale à l'expiration d'un délai de six mois suivant cette décision» et que «le contrôle médical de l'aptitude à la conduite n'est pas pris en charge par l'assurance maladie».

Les cas d’affections médicales incompatibles avec l'obtention ou le maintien du permis de conduire (ou pouvant donner lieu à la délivrance de permis de conduire de durée de validité limitée) seront définis par un arrêté conjoint des ministres chargés de la Sécurité routière et de la Santé. Ceux d’annulation de permis (perte de la totalité des points) concernent notamment «une annulation ou suspension consécutive à une infraction pour conduite sous l'influence de l'alcool ou après usage de substances ou plantes classées comme stupéfiants».

F. A.

Vigipirate renforcé avant la fin du mois

Le dispositif Vigipirate sera renforcé en Ile-de-France durant les Jeux olympiques de Londres, indique l’édition n°224 de PPrama, l’infolettre hebdomadaire de la préfecture de police de Paris (PP), publiée ce mercredi 18 juillet.

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Un véhicule en mission Vigipirate, à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, le 9 juillet 2012 (archives: F. A.)

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Selon la PP, 450.000 touristes doivent transiter par la France à l’occasion des Jeux Olympiques (du 27 juillet au 12 août) et paralympiques (du 29 août au 9 septembre). Leur sécurité devra en partie être assurée  par la zone de défense et de sécurité de la préfecture de police.

Concernant l’Ile-de-France, les dispositifs mis en œuvre au quotidien par les différents services ont été adaptés aux conditions particulières des JO. L’encadrement du «trafic J.O.» portera sur:

• le suivi des flux de voyageurs à destination ou en provenance de Grande-Bretagne (la PP relève que «les dates de début et de fin des JO correspondant à des week-ends chargés de chassés-croisés de vacanciers»);

• la sécurité à la gare du Nord et aux aéroports d’Orly et de Roissy-Charles de Gaulle. La préfecture de police rappelle que «les contrôles frontières français et britanniques ont lieu sur le territoire français, et la sécurité des parcours ferroviaires sur le ressort de la zone de défense doit être assurée»;

• la prise en charge, avec les associations de sécurité civile, des populations en cas d’interruption du trafic «de quelque nature que ce soit», ainsi que l’accueil des populations rapatriées «si un évènement majeur devait survenir à Londres»;

• la constitution de modules de renforts en pompiers à destination des zones Nord et Ouest;

• le renforcement du dispositif Vigipirate en Ile-de-France pendant la durée de la manifestation;

• la mise à disposition de la zone Nord des applications SINUS (système d’information numérique standardisé) et CIP (centre d’information du public) permettant de dénombrer des victimes, d’établir des listes, d’assurer le suivi de la victimologie et d’informer les familles et les proches.

Le SDF voulait un toit, coûte que coûte

Un sans domicile fixe d’une cinquantaine d’années, sorti de prison fin juin, cherchait un toit. En vain. Il n’a rien trouvé de mieux que de caillasser samedi dernier, jour de Fête nationale,  une voiture de police devant un commissariat, à Pontault-Combault, en Seine-et-Marne.

Son geste, désespéré, était à dessein: pour «retourner en prison», explique cette dépêche.

Jugé lundi 16 juillet en comparution immédiate dès l’issue de sa garde à vue, le SDF a obtenu gain de cause: un mandat de dépôt a été délivré à l’audience, et une peine de trois mois de prison ferme a été prononcée à son encontre.

La mobilisation générale pour le logement, initiée par la Fondation Abbé Pierre le 22 septembre 2011, a pris fin le 13 juillet.

«10 millions de Français sont aujourd’hui touchés de près ou de loin par la crise du logement», indique la Fondation, qui affirme qu’elle «restera vigilante et surveillera, mois après mois, l’application des quatre engagements contenus dans le Contrat social». Un premier bilan de l’action des pouvoirs publics sera donné le 1er février 2013.

Les pharmaciens font des comptes d’apothicaires

Depuis ce lundi 16 juillet, les pharmaciens de la plupart des départements de France appliquent l’avenant n°6 de la Convention signée en avril avec l’Assurance maladie, et publiée au Journal officiel du… 6 mai dernier, jour du second tour de l’élection présidentielle. Un avenant qui fixe des “objectifs” financiers aux pharmaciens.

Depuis lundi, le principe «tiers payant contre générique» est renforcé, poussant le pharmacien d’officine à proposer, presque à imposer, le médicament générique au  patient, même si le médecin a apposé la mention «NS» (non substituable) sur l’ordonnance. Dans le cas où le patient refuse, il doit s’acquitter des frais, et se débrouiller avec sa CPAM de rattachement pour se faire rembourser. Ce qui, outre la paperasse, lui demandera un peu de temps d’attente, donc un besoin de «fonds de roulement» dédié à la santé, jusque là géré par les officines grâce à la carte Vitale, en place depuis 1998.

«Cette mesure concerne tous les assurés, sans exception, y compris les bénéficiaires de la Couverture Maladie Universelle (CMU) et de l'Aide Médicale Etat (AME)», précise ici l’Assurance maladie de l’Oise, qui omet au passage de dire qu’elle concerne aussi les malades en affection de longue durée (ALD), dont la pathologie nécessite pourtant un suivi sérieux, et une régularité de traitement.

Seules quelques spécialités sont exclues de cette mesure, concernant quatre pathologies. Mais le JO du 6 mai, à lire ici, fixe «un objectif national de pénétration» pour chaque molécule, le tout détaillé par département.

Voilà donc les pharmaciens poussés à faire des comptes d’apothicaires, afin de pouvoir percevoir la prime calculée en fonction des objectifs atteints. En mai dernier, Profession Pharmacien avait détaillé cette prime.

Notons que le département de Paris se situe dans le tiercé de queue des trois départements où l’on consommait le moins de génériques en 2011 (67%), avec la Haute-Corse (67%) et la Guadeloupe (65%), loin derrière les trois départements de tête, la Loire-Atlantique (92%), la Mayenne (88%) et la Vendée (88%).

Le point de conjoncture diffusé le 12 juillet dernier par la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM, à télécharger ici) indiquait que les dépenses de médicaments de ville, sur les cinq premiers mois de 2012, avaient été stables: +0,0% d’augmentation brute, +0,1% en données corrigées des jours ouvrés.

Jeudi 19 juillet, le conseil de la CNAM doit débattre des moyens de limiter la hausse des dépenses, puis transmettre ses propositions au gouvernement afin qu’il prépare le budget 2013 de la Sécurité sociale. Dans les 2,2 milliards d’euros à trouver, plus de quinze pour cent (400M€) pourraient provenir d’une nouvelle mesure sur les génériques: tout simplement par une baisse de leur prix.

Fabien Abitbol, ill.: Assurance maladie 

Djihad : une Bretonne se fait geler ses avoirs

Le JO du 14 juillet 2012 nous apprend que le départ de Nicolas Sarkozy du pouvoir n’a rien changé aux mœurs de la République.

Ainsi, l’arrêté NOR: EFIT1227973A du 11 juillet (à lire ici) annonce le gel des avoirs d’une jeune morbihannaise de vingt-sept ans, qui réside en Ile-de-France.

Il est reproché à Emilie Konig d’être «un soutien actif de Forsane Alizza» et d’envisager «de se rendre prochainement dans une zone de combat à l'étranger afin d'y mener le djihad armé».

Au sujet de Forsane Alizza, le prédécesseur de François Hollande avait affirmé en mars, en pleine campagne électorale, que des opérations allaient se poursuivre.

Voilà qui se vérifie, mais sans tambour ni trompette. Ni même la moindre question de journalistes au cours de l’interview du président Hollande lors de son intervention du 14 Juillet.

Sans Sarkozy, tout reste possible!

F. A.

Vel d’Hiv : “Quelque chose se prépare… la tragédie, peut-être”

«Sur ma photo de classe, 19 élèves unis avaient posé. Neuf avaient été raflés. J’étais le seul à avoir recouvré (provisoirement) la liberté». Ainsi témoignait Albert Bigielman (1932-2011, J’ai eu douze ans à Bergen-Belsen) dans le DVD documentaire Nous étions des enfants, coproduit par le Comité Tlemcen et L’Oizeau rare, qui sera à l’agenda d’Avignon le 15 juillet prochain.

Albert Bigielman avait douze ans lorsque, en 1944, il fut déporté, à Bergen-Belsen. Il était né rue Delaître, à Ménilmontant. Et l’école du bas de la rue de Ménilmontant, depuis fin 2010, porte son nom comme nom d’usage.

Déjà deux ans plus tôt, le 20e arrondissement était un grand vivier pour l’Occupant.

Le tableau (ci-dessus) des fiches d’arrestations, tout droit sorti des Archives de la préfecture de police pour les 70 ans de la Rafle du Vel d’Hiv, atteste que 255 équipes des forces de l’ordre ont arrêté 4378 personnes dans le 20e, sur le simple fait qu’elles étaient considérées comme juives par les autorités. A lui seul, l’arrondissement a représenté 17,25% des arrestations dans Paris intra muros, 16% des arrestations du département de la Seine.

«Quelque chose se prépare, quelque chose qui sera une tragédie. La tragédie, peut-être», écrivit Hélène Berr le mercredi 15 juillet 1942 à 23h dans son Journal…

Cette année, dans le 20e arrondissement, la commémoration de la Rafle du Vélodrome d'Hiver aura lieu le lundi 16 juillet 2012 à partir de 10h30, en présence de la maire d’arrondissement Frédérique Calandra, de l’adjoint en charge de la Mémoire et du Monde combattant Pascal Joseph, du Comité Mémoire Vive, Mémoire Commune, du Comité Tlemcen, du Comité d'Entente et des associations de déportés, selon les modalités suivantes:

10h30 : rassemblement square Edouard Vaillant. Lecture des 133 noms des enfants disparus, puis rassemblement devant l'ancien commissariat.

11h : rassemblement Cour de la Métairie (M° Pyrénées).

12h : rassemblement devant la Bellevilloise, rue Boyer. Hommages aux témoins. Rafraîchissements à la Halle aux Oliviers.

Parmi les divers événements commémoratifs des soixante-dix ans de la Rafle du Vel d’Hiv, l’exposition «Sur les traces d’une photo. Dix histoires d’enfants sauvés», jusqu’au 31 juillet, à la Bibliothèque Marguerite Audoux   (3e arrondissement) et «Le 3e arrondissement pendant l’Occupation», jusqu’au 15 septembre, à la mairie du 3ee (vernissage le 15 juillet). Pour ces deux expositions, lire ici.

F. A., ill.: Archives de la PP

Se former en prison

Entreprise du secteur social, Afi-Pro est spécialisée dans la formation en milieu carcéral. Implantée à Saint-Étienne, cette société naissante vient d'obtenir, pour un an, un bureau annexe dans l'est parisien, à La Ruche. Comme annoncé ici, voici le premier volet d'une longue série dans le cadre du programme SFR Jeunes talents entrepreneurs. 

Originaire d'un quartier dit «sensible» de Saint-Étienne, Leila Mabed, trente-trois ans, ancienne formatrice, a tout naturellement décidé d'y implanter le siège de sa société.  Elle voulait échapper à certains carcans de la grande entreprise, et aussi se sentir plus utile dans son secteur d'activités -la formation professionnelle-, et sur le marché qu'elle connaissait -les centres d'appel.

Dans ce métier avant tout féminin, s'imposer dans le monde carcéral ne relève pas de l'évidence. Il y a en premier lieu le... verrou administratif de la prison à faire sauter, pour décrocher les premiers marchés (convaincre, quoi, mais sans perdre son âme). Puis les prisonniers eux-mêmes. Étrangement, cela a été plus facile que ce que Leila pouvait craindre, avec près de cent dossiers déposés pour le premier stage.

De tout cela, la jeune chef d'entreprise est venue parler le 6 juin à Paris, ou étaient reçus les huit lauréats du cru 2012 de SFR Jeunes talents entrepreneurs sociaux, venus de toute la France. Comme dans une télé-réalité, ils étaient regroupés dans une pièce, attendant fébrilement de passer devant le jury, tandis que quelques mètres plus loin attendaient les huit parrains, qui ne les avaient jamais rencontrés (dont votre serviteur).

Les rencontres entre jeunes entrepreneurs et blogueurs se faisaient après le passage devant le jury, sous l’œil attentif d'une caméra. Puis le soir tout le monde (enfin ceux qui le pouvaient) se retrouvait pour la soirée de remise des prix. Leila Mabed n'a pas fini dans les premiers. Mais le simple fait d'avoir fait partie des huit finalistes lui a permis de passer trois jours en formation à Jouy-en-Josas, dans les Yvelines, et de décrocher pour un an un local à La Ruche, quai de Jemmapes. Une adresse parisienne qu'elle compte bien mettre à profit pour  prospecter auprès des établissements pénitentiaires franciliens.

Fabien Abitbol, photos: le samedi 9 juin, avant de repartir par la Gare de Lyon pour Saint-Étienne (bas), Leila Mabed repérait le chemin la menant vers son antenne parisienne du Quai de Jemmapes, où elle est hébergée pour un an à La Ruche (haut)