Les personnes chargées du gardiennage et de la surveillance des immeubles vont pouvoir s’équiper de grenades lacrymogènes et de tonfas, indique un décret signé de Claude Guéant et publié ce vendredi 23 décembre au Journal officiel (JO).
Le texte entre en vigueur dès le lendemain de sa publication —soit à partir du 24 décembre 2011—, et est pris en application de la LOI n° 2010-201 du 2 mars 2010 “renforçant la lutte contre les violences de groupes et la protection des personnes chargées d'une mission de service public”. Rien que ça… On voit mal un gardien lutter avec un tonfa contre une bande, mais c'est pourtant la portée juridique du texte.
Outre les tonfas, les employés chargés du gardiennage pourront être armés d’armes de sixième catégorie (armes blanches) telles que définies au paragraphe 2 du décret, à savoir: «Générateurs d'aérosols incapacitants ou lacrymogènes classés dans cette catégorie par arrêté conjoint des ministres de la défense et de l'intérieur et des ministres chargés de l'industrie et des douanes» (en langage courant des gaz lacrymogènes, lire ici le décret classant les armes). Ah, on respire, si l'on peut dire…
Les armes devront être remisées dans un local fermé, en-dehors des heures de service, et les autorisations (valables pour cinq ans) seront délivrées par les préfets (le préfet de police, pour Paris) après une formation. Cette formation, d’une durée de trente heures précise un arrêté publié ce vendredi, est assortie d’une pratique d’au moins six heures par an.
En visite à Argenteuil (Val-d’Oise), le ministre de l’Intérieur de juin 2005, Nicolas Sarkozy, avait affirmé qu’il allait débarrasser les cités de la racaille “au Kärcher”. La marque allemande avait vivement critiqué l’utilisation de son nom (lire ici, avec le bilan parisien de l’automne 2011).
Voilà donc que son successeur Claude Guéant pond, en catimini, plus de cinq ans après cette histoire d’Argenteuil et près de deux ans après la Loi de mars 2010, un décret d’application faisant référence à la violence de groupes et classant de facto les concierges et autres employés de gardiennage parmi les «personnes chargées d’une mission de service public».
Pendant ce temps, les suppressions de poste dans la police diminuent…
F. A., dessin de Kat
Faudra pas rigoler sur le montant des étrennes à son concierge !
Prochaine étape : des tasers ?
Rédigé par : Anne-Marie | 24/12/2011 à 17h21