A en croire le ministre de l’Intérieur, «le vol de téléphones portables a baissé de 20 %» en six semaines d’application de la Loppsi II ! Comme si le fait de promulguer une loi avait un effet dissuasif si immédiat et si évident.
C’était hier mardi 10 mai, lors de la séance de questions au gouvernement. Le député UMP Philippe Goujon, maire du 15e arrondissement de Paris et ancien adjoint à la Sécurité de Jacques Chirac lorsque celui-ci était maire en 1989, profitait d’une interpellation ayant mal tourné dans le nord de Paris pour questionner le ministre sur l’application de la Loppsi II.
«Où en sommes-nous, monsieur le ministre, de l’application des dispositions de la LOPPSI2? Comment entendez-vous, avec le ministère de la justice, rassurer policiers et gendarmes quant à l’effectivité des sanctions contre ceux qui, en les agressant lâchement, portent gravement atteinte à la légitimité de l’État, c’est-à-dire au fondement même de notre pacte social?».
«Monsieur le député, un policier a en effet été grièvement blessé par arme blanche dans la soirée de dimanche dernier, alors qu’il se portait au secours d’une personne qui venait de faire l’objet d’un vol à l’arraché. Je me suis rendu à son chevet lundi. Je puis vous rassurer : ses jours ne sont plus en danger», répondit Claude Guéant. Puis il expliqua: «un certain nombre de personnes ont essayé, en faisant barrage, d’empêcher que l’agresseur soit arrêté. Ces personnes ont été arrêtées et seront présentées au juge cet après-midi. Parmi elles, quatre sont de nationalité étrangère et en situation irrégulière. Il est clair qu’elles seront reconduites à la frontière».
Et c’est là que tombèrent des chiffres pour le moins stupéfiants: «Vous avez évoqué la LOPPSI et les nouvelles dispositions sur les téléphones portables; je peux vous dire que, depuis six semaines que cette loi est en application, le vol de téléphones portables a baissé de 20%. J’ajoute que les violences aux personnes ont baissé, depuis le début de l’année, de 9% à Paris!». Auparavant, le ministre avait annoncé que «la délinquance générale, depuis le début de l’année, a reculé de 3% dans la capitale».
Cette habile juxtaposition de chiffres dont certains sont «depuis le début de l’année» et d’autres se voudraient être en lien avec l’application d’une loi porte un nom: le bidouillage, pour tenter de faire prendre aux Français des vessies pour des lanternes.
F. A.
L’intégralité des questions d’actualité du 11 mai à l’Assemblée est disponible ici.
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