Personne ne l’ignore : depuis plus de vingt ans la France change d’heure deux fois par an. Et, depuis que le Premier ministre Alain Juppé a eu la (bonne) idée de vouloir mettre fin à cette pratique peu utile, non seulement elle a été imposée, mais les dates aussi : nuits des derniers samedis de mars et d’octobre… La (grave) question se pose alors : à quelle heure ferment les bistots ?
Dans sa newsletter publiée vendredi, la Ville de Paris indique s’être une fois de plus renseignée auprès de la Préfecture. La Ville, on le sait, mène de temps à autres campagne avec la préfecture de police et certaines associations, notamment pour le bien des riverains des établissements recevant du public. Et a redoublé de vigilance dans certains quartiers pour lutter contre diverses formes d’alcoolisme (et de nuisances), et sur l’ensemble du territoire depuis qu’il est interdit de fumer dans les lieux recevant du public, et que de nombreux fumeurs se retrouvent sur le trottoir : ça ne plaît pas forcément aux habitants des étages supérieurs.
Cette nuit, donc, à 3h00 il sera 2h00. Or l’ordonnance préfectorale du 1er juin 1948 prévoit la fermeture des bars et restaurants à 02h00, sauf dérogation de nuit. Et n’avait pas prévu le coup du choc pétrolier de 1974, ni des changements d’heure qui allaient suivre. Autant pour le passage à l’heure d’été la chose est facile (à 01h55, il est grand temps de fermer, car il est presque 03h00), autant le passage à l’heure d’hiver pose problème.
Travailler plus pour picoler plus
« C’est la colle tous les ans ! », bafouille-t-on d’abord chez les représentants de l’Etat. Avant d’affirmer que les patrons de bar et les noctambules disposeront de soixante minutes supplémentaires… En quelque sorte « Travailler plus pour picoler plus », avec modération, et si le pouvoir d’achat suit. Presque un programme électoral…
En fonction des quartiers, les positions divergent.
Et c’est beaucoup, aurait dit Desproges. Dans le Marais, lieu habituellement
festif, « on va probablement rester ouvert jusqu’à 3 heures, heure
ancienne ». A l’Académie de la bière (où se prépare la soirée de samedi prochain, consacrée à Halloween), c’est « je demande à
mon mari (…) 3 heures du matin, je veux dire 2 heures de la nouvelle
heure ».
Dans le 11e arrondissement, secteurs Oberkampf et Jean-Pierre Timbaud, on a décidé… de ne rien décider à l’avance. Tout se fera en fonction de l’état de fatigue du personnel, sachant qu’une heure travaillée est une heure payée, convention collective oblige. Que les fêtards déçus se rassurent : le samedi, le Café Charbon est ouvert, lui, jusqu’à 04h00, comme d'habitude. Hiver comme été, c’est toujours la même heure, là-bas ! Sur Ménilmontant, quelques bars devraient aussi rester ouverts jusqu’à 02h00, heure locale (d'hiver).
Les secteurs géographiques où la Ville de Paris prévoit le plus de bars ouverts entre 02h00 (d'été) et 02h00 (d'hiver) sans être hors la loi sont : la Bastille, le Marais, les Abbesses, Clichy, Oberkampf, Ménilmontant, Parmentier, Belleville, Saint-Michel et La Butte-aux-Cailles. C’est a priori là que les tenancier pourront travailler plus, et les noctambules boire plus, dans la limite du raisonnable, cela va de soi.
Mais ce n’est pas parce que ce soir est une soirée différente que chacun restera ouvert tard. Par exemple, dans le 11e, Chez Mélac, où l’on ferme avant minuit, ce sera comme d’habitude. C’est ainsi avec les Auvergnats. Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup que ça pose des problèmes… aux fêtards !
Fabien Abitbol, photo Gérard Lavalette (archives) pour Le piéton de Charonne
è Le calendrier du changement d’heure sur le site du ministère de l’Ecologie
Merci de ton passage sur mon blog qui me permet de découvrir celui-ci... Voir "Ménilmuche" ne pouvait que m'y faire venir, ancienne habitante du XXe ou partie limitrophe du XIXe et toujours amoureuse de ce Paris populaire où j'ai traîné mes guètres... Sans oublier force "rades" sur le chemin ! Il est vrai que les Auvergnats y régnaient en maîtres et que la fameuse phrase prêtée à Brice Hortefeux risque de faire aussi long feu que "deux verres ça va"...
Mais quand je vois ce qu'est devenu "mon" "café de la mairie" (du XXe)- qui fut notre QG quand j'étais élève infirmirmière - aussi prétentieux que naguère le "Pub 2000" de l'autre côté de la Place Gambetta, nulle envie d'en pousser la porte !
La seule fois où j'ai apprécié le changement d'heure, ce fut au printemps et j'étais de nuit : une heure de gagnée sur les douze, avec juste un petit calcul pour décaler les injections d'héparine afin que le décalage soit rattrappé à midi.
Rédigé par : Kamizole | 24/10/2009 à 23h48
Je ne parviens toujours pas à voir l'utilité de ce genre de changement horaire.
Non seulement, cela perturbe médicalement les gens les plus sensibles, mais les économies faites par les entreprises en éclairage durant les heures de bureau se transforment en dépense d'éclairage chez soi.
A part cela, article rigolo et intéressant cher Fabien !
Rédigé par : Tita | 25/10/2009 à 20h38