Le Journal officiel de ce mardi publie quatre avis de la Commission consultative du secret de la Défense nationale (CCSDN), dont celui-ci, concernant une requête du juge Redonnet, de Papeete (Polynésie). Le juge enquête sur la mort de Jean-Pascal Couraud (connu sous le nom de JPK), qui enquêtait sur un présumé compte japonais de Jacques Chirac, nié par ce dernier. Patrick de Carolis et deux journalistes de France 3 sont poursuivis en justice pour diffamation (et complicité) par Gaston Flosse.
L’avis de la commission est daté du 16 juillet. Il indique que « le juge est fondé à demander à entendre les auteurs et destinataires des documents relatifs aux informations précédemment déclassifiées ».
Nonobstant, il « émet un avis défavorable à la communication des coordonnées des personnels en cause » et estime « qu'il appartient au service (DGSE) de rendre ces auditions possibles ».
Ancien journaliste,
Jean-Pascal Couraud travaillait sur de potentiels transferts de fonds entre la
Polynésie et un compte japonais supposé être détenu par Jacques Chirac. JPK
disparaissait subitement le 15 décembre 1997. Suicide, non-lieu (prononcé en
octobre 2002), témoignage accréditant la thèse de l’assassinat de JPK en 2004,
ouverture d’une enquête, et dépôt de plainte contre X… avec constitution de
partie civile, en décembre 2004 par la famille du disparu, pour assassinat et
complicité (site de soutien ici).
En mai 2006, Jacques Chirac avait démenti « catégoriquement » avoir jamais possédé un compte au Japon.
En octobre 2008, Hervé Morin avait affirmé avoir signé « les documents » permettant la levée du secret dans diverses affaires, après que des perquisitions aient eu lieu, notamment en Polynésie et dans le 20e arrondissement, siège de la DGSE, derrière la piscine Georges-Vallerey, d’où le service de renseignements extérieurs de la France tire son surnom.
Le 6 février dernier, dans un entretien à TV5, Dominique de Villepin avait affirmé que Jacques Chirac « n'a jamais eu de compte au Japon » ; l'ancien premier ministre avait été entendu par un juge d'instruction. « J'ai été son collaborateur pendant de nombreuses années et je puis donc en témoigner ». Un témoignage qu’il avait « pu apporter au juge de la façon la plus claire et sans ambiguïté ».
Gaston Flosse s'estime diffamé
Dans ce billet publié le 11 juillet sur son blogue, Gaston Flosse indiquait que Patrick de Carolis, le patron de France Télévisions, était poursuivi pour diffamation, à la suite de la diffusion, en juin 2008, de Mort sous les tropiques (dans le cadre de Pièces à conviction, relayé en Polynésie par la chaîne Tempo), ainsi que Elise Lucet et Magali Serre pour « complicité ». Et poursuivait « Gaston Flosse ne saurait être lié de manière directe ou indirecte à la disparition en 1997 de Jean-Pascal Couraud, dit JPK, qui rappelons-le n’était plus journaliste depuis 1988 », comme si, dans le cadre d’une disparition ou d’un assassinat, le fait d’être journaliste (ou pas) changeait quelque chose dans la gravité des faits ou leur qualification juridique. L’agence tahitienne de presse (ATP) faisait également état dans cette dépêche d’un communiqué du parti présidé par le sénateur Flosse, grand ami de l’ancien président français Jacques Chirac.
Relayant l’information dans ce sujet (en anglais), Radio New Zealand (RNZ) indiquait que la commission consultative avait « refusé de déclassifier trois documents des services secrets français ». Une allusion à ce communiqué de Reporters sans frontières (RSF), qui rappelait que le ministre de la Défense avait refusé, le 7 juillet, la déclassification des trois documents saisis à la DGSE lors de la perquisition de juin 2008.
Dans l’affaire de la disparition de JPK, un journaliste a déjà été condamné pour diffamation. Il s’agit de Alew W. du Prel, rédacteur en chef et fondateur de Tahiti Pacific (magazine, janvier 2007), qui faisait l’objet d’une plainte de… trois magistrats. Bien que son journal soit distribué dans le Pacifique, il a été condamné à Paris, à 1 000 € d’amende et autant de dommages et intérêts à verser à l’un des trois plaignants, le procureur Jean Bianconi. « Une condamnation forte », avait-il indiqué dans Les Nouvelles de Tahiti.
Fabien Abitbol
allez savoir pourquoi, la phrase du nommé de Villepin, affirmant que le boss n'a jamais eu de compte au Japon, me rappelle ce film (La vie est un long fleuve tranquille) où une domestique enceinte jusqu'aux yeux déclare : "mais non, madame, j'vous jure, j'ai jamais couché avec des garçons".
Rédigé par : médor | 05/08/2009 à 14h50