Ménilmontant, mais oui madame...

Que fait la police ?

Marie Drucker et Max Gallo : la police en question(s)

Le numéro de Droit d’inventaire diffusé ce soir (rediffusion dans la nuit de jeudi à vendredi, diffusion ultramarine vendredi) ne semblera pas « exceptionnel » aux fins connaisseurs de la chose policière, mais devrait éclairer d’un œil différent certaines pratiques peu connues du grand public. Et apprendre, par exemple, que la police scientifique est française (cocorico !), contrairement à ce que veulent nous faire croire les séries télé qui trouvent tout en cinquante-deux minutes… Officiellement, La Mondaine, dont il est question dans l’un des reportages, a disparu… mais elle a été remplacée par des fonctionnaires des renseignements généraux, aujourd’hui disparus officiellement, sauf sous une autre forme à Paris, au bénéfice du fameux « FBI à la française », la DCRI.

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Le 23 mars, MAM inaugurait le commissariat du 20^e, avec Bertrand Delanoë, et son adjoint à la sécurité, l’ancien ministre Georges Sarre. Elle y tenait un discours bien politique sur les bandes.

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Au sommaire aussi est annoncé un sujet sur cette véritable « police politique » qu’étaient les renseignements généraux (historique ici). Des extraits de films de fiction et d’images d’archives (INA) illustrent les reportages.

La présentation du Figaro annonce la présence de Lucien Aimé-Blanc, ancien patron de l'Office central de répression du banditisme. A son « actif », des relations tendues avec le commissaire Broussard, de grandes amitiés avec l’ancien agent de la DST devenu journaliste à Minute et maintenant proche de Xavier Bertrand  Jacques Tillier, ou de tardives révélations sur cette personne qu’il désigne comme un ancien indic’…

Autres invités : pour la première fois sur un plateau, Bernard Squarcini, directeur central du renseignement intérieur (qui rassemble les RG et la DST), Paul Quilès, ancien ministre de l’Intérieur, Eric Yung, ancien inspecteur de police à la Brigade antigang,  Michel Neyret, directeur interrégional adjoint à la Police Judiciaire.

• Des flics, des filles et des indics

De 1902 à 1975, la Mondaine a traité les affaires de drogue et de prostitution, jusqu'à ce que la police des polices s'intéresse de plus près aux pratiques de cette brigade. Lire ici un sujet sur la BRP, qui lui a succédé, publié en 2003 dans l’Humanité.

• Confession d'un ripou

En 1991, Pascal Jumel, inspecteur à la Brigade de répression du banditisme le jour, et braqueur de banques la nuit, est condamné à 17 ans de prison. Il raconte la spirale infernale qui l'a conduit à la détention. Lire ici le portrait de Patricia Tourancheau dans Libération (juin 1998)

• Contre-enquête sur les experts

C'est en France qu'est née la police scientifique et technique. Gros plan sur son travail. Lire une présentation détaillée sur Telepro.be.

• R.G. : un siècle de police politique ?

La publication des carnets d'Yves Bertrand, patron des Renseignements généraux de 1992 à 2004, a relancé la polémique autour de ce service très particulier.

Un reportage de Delphine Kargayan et Thierry Hornet qui montre un édifiant retour sur l'histoire de l'espionnage intérieur. La lutte contre les « ennemis » de la IIIe République, la traque des résistants et des communistes sous le régime de Vichy, quelques scandales et manipulations politiques orchestrées par les renseignements généraux de mai 1968 aux années 90… On nous dit que cette police politique aurait disparu de facto d’un trait de plume avec la création de la DCRI. L’affaire Coupat (qui devrait connaître dès demain des nouveaux éléments à la suite d’une conférence de presse) est là pour démontrer, par son vide, ses absurdités et ses contradictions, le contraire.

Droit d’inventaire

Dans les secrets de la police

Mercredi 1er avril, à 20h35, durée : 110 min.

Rediffusion annoncée : nuit de jeudi à vendredi, vers 00h10, sur France 3

Autres diffusions :

Vendredi 3 avril à 20h00, sur TEMPO GUADELOUPE

Vendredi 3 avril à 20h00 sur TEMPO NOUVELLE-CALÉDONIE

Vendredi 3 avril à 20h00 sur TEMPO RÉUNION

è Les archives de l’émission sont en ligne ici.

Controverses photographiques

Jusqu’au 24 mai, la Bibliothèque Nationale de France expose des photographies qui ont créé la controverse, voire le scandale. Images publicitaires, journalistiques ou scientifiques éclairent la société grâce aux questions, parfois insolubles, qu’elles ont soulevées.

A-t-on le droit de publier des photographies d’Auschwitz ou d’une petite fille sur le point de se noyer, les jambes coincées suite à un tremblement de terre ? Les campagnes de la marque Benetton ont-elles franchi la ligne jaune ? Depuis son invention, la photographie est au centre de débats et procès retentissants qui révèlent l’évolution historique de nos sociétés par les questions éthiques, juridiques et esthétiques soulevées. En proposant un large choix de ces photographies, l’exposition « Controverses »  à la Bibliothèque Nationale de France offre une incursion passionnante dans un monde de plus en plus dépendant de l’image.

Photos célèbres ou à découvrir

Les 80 photos sélectionnées pour leur aspect controversé s’avèrent d’une grande diversité. La photo mythique des premiers pas sur la lune de Buzz Aldrin rappelle le débat qui fit rage en pleine guerre froide : cette scène était-elle une reconstitution en studio pour illustrer la suprématie américaine - comme le laissait penser le drapeau qui flotte, une aberration scientifique puisqu’il n’y a pas de vent sur la lune ? Les grandes institutions publiques peuvent elles aussi créer la polémique : au printemps 2008, l’exposition du photographe Zucca qui donnait à en voir des photos prises sous l’occupation française, commanditées par le Troisième Reich à des fins de propagande nazie, créait le malaise par le peu de commentaires éclairant ces clichés. Au sein de l’exposition « Controverses », les précisions historiques ne manquent pas : les photos sont présentées chronologiquement, de 1840 pour la première à 2007 pour la plus récente, et richement éclairées par du texte.

Autour de l’exposition

Organisée il y a un an par le Musée de l’Elysée de Lausanne, « Controverses » a déplacé les foules en Suisse et suscité un riche débat. A Paris, des soirées-débat se dérouleront à l’Hôtel Marcel Dassault, organisées par la maison de vente Artcurial afin de prolonger l’expo. Le mercredi 1er avril, de 19h à 20h30, Gabriel Bauret, commissaire de l’exposition, et Gérard Wajcman, psychanalyste, diagnostiqueront la pratique artistique face aux contraintes du droit, de la morale, de la politique, des lois du marché. Envie d’une table-ronde plus classique ? Ce sera le 15 mai, de 14h30 à 18h, à la BNF, site Richelieu, dans la limite des places disponibles, en présence de nombreux experts.

Source : Relaxnews, Photo : Benetton Group S.p.A, Oliviero Toscani, 1991

• Exposition Controverses (Jusqu'au 24 mai)

Bibliothèque nationale de France, Site Richelieu.

En raison de travaux, l’entrée sur le site par le 58, rue de Richelieu est fermée jusqu’à fin avril. L’entrée du public se fait par la cour Tubeuf, au 8, rue des Petits-Champs.

Galerie de photographie, 58, rue de Richelieu, 75002 Paris.

Métros : Bourse ou Palais-Royal, nombreuses dessertes en bus, dont le 69 depuis la place Gambetta

Du mardi au samedi 10h à 19h, le dimanche de 12h à 19h.

Ouverture jusqu'à 20h les jeudis , vendredis et samedis à partir du 2 avril

Fermé le lundi et les jours fériés.

Entrée : 7 €, réduit : 5 €.

Pour une présentation vidéo, cliquer ici. Pour en savoir plus sur l’accueil et l’accessibilité des handicapés, c’est par là.

è Une critique de juin 2008 (ArtPoint France)

Bachelot rejette le principe de précaution sur le BPA

Protection renforcée autour de la ministre

La ministre de la Santé Roselyne Bachelot a estimé mardi que des études fiables ont conclu à l'innocuité des biberons fabriqués avec du bisphénol A (BPA). Répondant à l’Assemblée à une question du député (NC) de Seine-Saint-Denis Jean-Christophe Lagarde, Roselyne Bachelot, a indiqué qu’il n’y avait pas lieu d’appliquer le principe de précaution pour cette substance, pourtant interdite au Canada et qui fait débat aux Etats-Unis… La protection de Mme Bachelot a été renforcée et son agenda n’est plus divulgué au grand public.

« Le principe de précaution ne s'applique qu'en l'absence d'études fiables. Là, les études fiables existent et concluent en l'état actuel de la science à l'innocuité des biberons fabriqués avec ce composé chimique (…) Le principe de précaution est un principe de raison, il n'est en aucun cas un principe d'émotion ». C’est ainsi que la ministre de la Santé a parlé, mardi, au député Lagarde du Bisphénol-A. Il s’agit, pourtant, d’un composé chimique qui intervient dans la fabrication des emballages alimentaires et qui inquiète des associations. Si, pour la ministre (française) de la Santé, des « études fiables » auraient conclu à l'innocuité des biberons, divers récipients alimentaires fabriqués avec la même substance font l’objet d’une réglementation et d’un suivi au Canada. Le Baby-blog (filiale de Doctissimo, fondé par le secrétaire national de l’UMP Claude Malhuret) a indiqué ici que les six principaux fabricants de biberons des Etats-Unis n’en fabriqueraient plus. Des parlementaires ont, dit-on, déposé le 13 mars une proposition de loi pour l'interdire.

Ainsi, d’un côté à l’autre de l’Atlantique, les avis divergent. Et les consommateurs nord-Américains sont (une fois n’est pas coutume) mieux protégés que les européens…

La ministre Bachelot met en avant les résultats des études menées par l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) et qui aurait conclu à l'innocuité du BPA, même en cas de choc thermique important. « Ces études sont confirmées par l'ensemble des grandes agences sanitaires », a ajouté Roselyne Bachelot devant les députés, citant notamment l'Autorité européenne de sécurité des aliments. Problème : sur le site de l’Afssa, en cherchant bien, on ne trouve rien de neuf depuis ce 4 questions concernant le Bisphénol-A (daté du 7 mai 2008, renvoyant sur ce sujet en anglais du 25 avril 2008), et cet avis d’octobre (nous sommes déjà en avril… 2009) sur les biberons susceptibles d’aller au micro-ondes. Comme si seuls les biberons pouvaient représenter un danger. Comme si seul le four à micro-ondes était utilisé pour faire manger les nourrissons.

La dangerosité du Bisphénol-A n’est pas évaluée de la même manière outre-Atlantique. En France, plusieurs scientifiques, des ONG de défense de l'environnement et des associations de malades ont également lancé fin février un "Réseau Environnement Santé" dont la première campagne a pour objet le bisphénol A  (avec une pétition électronique pour les ministres de l’Ecologie et de la Santé).

Le 19 novembre 2008, sous le titre « Un biberon pour la route », le Canard enchaîné dénonçait un conflit d'intérêt, faisant remarquer que plusieurs membres du comité d'experts de l'Afssa étaient… employés par l'industrie du plastique, en quoi sont fabriqués de nombreux biberons.

L'agenda de Roselyne Bachelot suspendu « par mesure de sécurité »

On apprend par ailleurs que la protection de Roselyne Bachelot a été renforcée et que le cabinet de Roselyne Bachelot a décidé de suspendre la diffusion de l’agenda hebdomadaire de la ministre, « par mesure de sécurité ». Une décision qui fait suite à une lettre de menaces reçue le 19 mars par le bureau de l’AFP à Montpellier, et qui vise à rendre « moins facilement repérables » les activités et déplacements de Mme Bachelot, a-t-on expliqué à l’AFP. Signée par une "Action Armée Défense des Malades" et postée le 16 mars du bureau de poste de Montpellier centre (selon le cachet), la lettre de menaces accusait la ministre d’avoir « supprimé des milliers de lits dans les hôpitaux, vidé de leurs substances tous les services comme Gap et Le Havre » et de prévoir « des milliers de licenciements alors qu’il manque du personnel ». Elle lui demandait de « cesser immédiatement les réformes ».

Craignant une perte de 1 000 à 1 200 emplois (soit 700 emplois équivalent temps plein) le maire de Paris, Bertrand Delanoë, avait annoncé qu’il ne voterait pas le budget de l’AP-HP, dont il est le président. Une grève administrative des médecins de l’AP-HP a démarré ce week-end, au lendemain du vote du budget, adopté par trois voix d’écart : ce budget prévoit entre autres un déficit de 100 M€ et un regroupement des hôpitaux en onze établissements.

Fabien Abitbol

è Le BPA et les biberons (Culture Sciences-chimie, 25 mars)

è Bisphénol-A : un projet de loi vise à l'interdire aux États-Unis, les autorités françaises ne s'inquiètent toujours pas (Le Point, 16 mars)

è Création d'un Réseau Environnement Santé pour peser sur les politiques publiques (AFP, 3 mars)

è A partir de cette semaine, sur les agendas ministériels, le nom de Roselyne Bachelot ne figure plus