Après cinq semaines de conflits, les locaux du siège occupés
Hier, Xavier Renou et le Collectif des désobéissants se sont rendus à Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne), au siège du câblo-opérateur Numericable. Leur opération coup de poing avec quelques salariés de l’entreprise avait pour but de dénoncer les licenciements abusifs (vidéo de 2min47 en ligne ici). La situation financière de Ypso (la maison mère de l'enseigne Noos-Numericable) a été étalée dans Les Echos il y a trois jours, les 90 employés lyonnais demandent à leur tour des comptes et le conflit dure depuis le début du mois de janvier…
Une quarantaine de personnes au total, commerciaux et usagers (militants patentés) ont occupé dès le matin le siège de Numericable, demandant l'ouverture de négociations dans le cadre d'un plan social. Le mois dernier, à l’issue de leur première semaine de grève, une cinquantaine de vendeurs avaient occupé la boutique « République », à Paris, place de la République.
A la direction, on parle de « mensonge », arguant que « Xavier Renou ne connaît rien à la situation des entreprises qu'il prend pour cible » Pire : « Les personnes que nous avons licenciées sont des voyous qui arnaquaient les clients »… Est-ce là reconnaître (enfin…) que des clients du principal câblo-opérateur français se sont fait avoir ? Toujours est-il que la direction a indiqué avoir « alerté les pouvoirs publics de cette situation inacceptable ». Avec la volonté expansionniste de Numericable (voir ici la carte pour les Hauts-de-Seine), on peut comprendre que la direction cherche à faire le moins de vagues possible.
Le conflit, qui dure depuis début janvier, porte sur la non signature par dix vendeurs à domicile (VAD), sur un effectif de 250, d’un avenant à leur contrat qui conditionne l’obtention des primes à la « réalité des ventes » depuis le 1er janvier. Les occupants demandaient « la réintégration des personnes licenciées pour avoir rejeté un avenant » à leur contrat, le « licenciement économique de tous les VAD qui le souhaiteraient » ou encore « l'annulation de tous les avenants au contrat de travail signés sous la contrainte ».
Devenue le principal fournisseur d’accès à l’Internet (FAI) et de télévision par câble en France de par les fusions et acquisitions, l’enseigne Numericable (ou Noos-Numericable) est une entreprise détenue à 100 % par Ypso France SAS, entité de « conseil pour les affaires et autres conseils de gestion », regroupant le britannique Cinven (pour 35 %), le fonds de pension américain Carlyle, dont l’un des dirigeants est le demi-frère du président Sarkozy (pour 35 %) et le câblo-opérateur luxembourgeois Altice (pour 30 %), qui gère aussi la Belgique (anciennement Coditel). Avec le téléphone par câble dans les zones d’éligibilité (principalement les grandes villes), Numericable propose une offre triple-play (Internet, téléphone, télévision) de l’ordre de 30 € par mois. Son service après-vente avait, en 2007, fait l’objet de 3 200 plaintes (davantage que le nombre de pétitionnaires) auprès de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), jusqu’à l’arrivée au poste de directeur opérationnel d’un ancien de Canal Sat (1995-2000), Olivier Gerolami, qui fut, un temps, à la tête de Groupement TNT, l’association chargée de promouvoir la TNT gratuite en France ; Noos-Numericable avait été placée sous surveillance par Bercy en février 2007.
Numericable est dans une situation économique jugée inquiétante par le comité d’entreprise. Le désormais unique câblo-opérateur français - qui aurait du mal à régler ses fournisseurs en temps et en heure, selon Les Echos – doit rendre des comptes jeudi prochain aux représentants de ses employés lyonnais. Facturation, recouvrement, réclamations et fidélisation sont gérés dans le même immeuble du quartier Gorge-de-Loup (9e arrondissement), par 90 employés, sur les 1 400 que compte l’entreprise.
F. A.
⇒ Les commerciaux en colère envahissent Numericable (Le Parisien)
⇒ Les finances de Numericable inquiètent salariés et investisseurs (Les Echos, via Degroupnews)
⇒ Misericable, le portail non officiel des abonnés à Numericable
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