Cet appareil, destiné aux 7-11 ans, permet de localiser son enfant à tout moment. Deux associations, qui en dénoncent les effets, ont rendez-vous ce jeudi 13 septembre au ministère de la santé.
Agir pour l’environnement et Priartém, ont rendez-vous au ministère de la santé pour faire part de leurs doléances concernant cet appareil commercialisé depuis juin par la société Car Telematics, à destination des 7-11 ans.
Le Kiditel, petit boîtier léger et compact, n’est pas un téléphone portable en tant que tel, à l’image du Babymo lancé puis abandonné en 2005, mais un « traceur personnel » qui permet de localiser la position géographique d’un enfant à tout moment. Pour 29,90 € par mois, les parents peuvent connaître leur parcours en se connectant à Internet.
L’appareil dispose en outre d’un gros bouton rouge « Panic », que l’enfant peut utiliser pour alerter ses proches en cas de problème. Le Kiditel envoie alors un SMS à deux numéros préenregistrés. Ainsi prévenus, les parents peuvent appeler en retour.
« Les parents veulent être tranquillisés »
« En revanche, ils ne peuvent le faire sans une alerte préalable, c’est pourquoi le Kiditel ne peut être assimilé à un téléphone portable », insiste Éric Félix, président de Car Telematics. Le nombre d’alertes est limité à dix par an, et l’enfant ne peut passer aucun appel.
Pour son concepteur, l’appareil répond à une forte attente. « Les parents veulent être tranquillisés », assure Éric Félix. « Nos clients sont en majorité des couples dont les deux conjoints travaillent, qui veulent garder un œil sur leur enfant en dépit d’emplois du temps chargés. »
« Le sentiment d’insécurité est très présent. Offrir la possibilité à l’enfant d’envoyer un SOS peut être séduisant pour de nombreuses familles », reconnaît de son côté Olivier Gérard, coordonnateur du pôle nouvelles technologies à l’Unaf (Union nationale des associations familiales), un sentiment encore renforcé par les récentes affaires de pédophilie.
« Un fil à la patte »
Le Kiditel, cependant, suscite des réticences. À commencer par celles des associations de défense de l’environnement, qui s’inquiètent des conséquences sanitaires de son utilisation. « L’appareil, allumé en permanence, entraîne une exposition continue aux radiofréquences. Or, on ignore les effets qu’elles peuvent produire, notamment sur le cerveau des enfants », fait observer Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’environnement, qui réclame l’application du principe de précaution.
La conformité du Kiditel aux normes en vigueur, dont se targue Car Telematics, n’est pas de nature à le rassurer : « En France, la réglementation est très laxiste. On peut construire une antenne relais à un mètre de la fenêtre d’une école », souligne le militant.
« Rien ne remplace l'éducation »
Ce n’est pas la seule réserve. Des pédopsychiatres s’alarment également des effets d’un tel appareil sur la construction de l’enfant et sa relation à ses parents. « Le principe même pose question, c’est un véritable fil à la patte, note le psychiatre Claude Allard (1). Si l’on donne à l’enfant la responsabilité de se déplacer, c’est qu’on estime qu’il en est capable. Il a besoin d’être acteur de son autonomie », explique le médecin, pour qui le Kiditel est « un gadget inutile ».
Selon lui, « c’est aux parents et à la société de protéger l’enfant. On voudrait faire croire que ce type de technologie garantit une sécurité absolue, ce qui est faux. »
Moins sévère, le pédopsychiatre Patrice Huerre souligne que « rien ne remplace l’éducation faite par les parents, la manière dont ils vont sensibiliser leurs enfants aux dangers : apprendre à traverser la rue, à ne pas répondre aux sollicitations d’inconnus… ».
« Un très bon démarrage »
Un dialogue qui semble tout aussi primordial à Olivier Gérard, de l’Unaf : « Le risque, avec ce genre d’appareil, c’est que cet apprentissage apparaisse superflu, que les familles soient déresponsabilisées. »
Prudent, le responsable associatif attend toutefois de connaître l’usage qui en sera fait. « Il est probable que la majorité des parents l’achèteront pour la touche d’alerte, afin d’être rassurés, sans pour autant suivre leurs enfants à la trace », pronostique-t-il.
En attendant, les ventes du Kiditel sont à la hauteur de ce qu’espérait le président de Car Telematics qui, tout en refusant de communiquer les chiffres exacts, reconnaît un « très bon démarrage » sur le plan commercial.
© Marine Lamoureux, pour La Croix
(1) Coauteur de Votre enfant et le téléphone mobile, guide à l’usage des parents, édité par Autrement avec le soutien du ministère de la santé, diffusé gratuitement par l’Afom (Association française des opérateurs mobiles).
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A lire :
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⇒ Carrefour et Auchan ne vendront pas le Kiditel (communiqué du 31 août)
⇒ Un nouveau rapport alarmant sur la téléphonie mobile (communiqué du 4 septembre)
⇒ Diverses informations pratiques et réglementaires sur les antennes-relais, des emplacements où le principe de précaution ne semble pas être respecté et des informations sur la santé.
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