Jeudi, Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, a décidé de proclamer l'état d'urgence et de dissoudre le gouvernement de coalition Fatah - Hamas, après la prise de contrôle quasi totale de la bande de Gaza par le Hamas.
Le Fatah et le Hamas mènent une guerre sanglante dans la bande de Gaza, et le Hamas se dirige vers un contrôle quasi complet. Au moins 80 Palestiniens ont été tués depuis le début de la semaine [la presse française parle de 100 à 110 morts, dont une trentaine uniquement dans la journée de jeudi].
Abbas compte aussi en appeler au déploiement d'une force multinationale à Gaza [ce que le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon envisage depuis le 13 juin], et nommer un homme politique indépendant au poste de premier ministre, à la place d'Ismaïl Haniyeh (Hamas). Les Etats-Unis, l'Egypte et la Jordanie ont été informés de ces décisions.
Suite à la décision d'Abbas, le Hamas a publié un communiqué déclarant qu'il rejetait les décrets d'Abbas : « Le Hamas rejette les décisions d'Abbas. Sur le plan pratique, ces décisions n'ont aucune valeur. Le premier ministre Haniyeh reste chef du gouvernement, même si celui-ci a été dissout par le président », a déclaré à l'agence Reuters Sami Abou Zouhri, porte-parole du Hamas [ce qui ne semble pas étonnant, à ce que l’on pouvait lire dans le Ha’aretz du 6 février 2006]
Moussa Abou Marzouk [ouvertement hostile à une reconnaissance d’Israël], second de Khaled Mesh'al, leader politique du Hamas en exil à Damas, a déclaré jeudi : « Abou Mazen (Abbas) aurait dû ouvrir et nom fermer la porte au dialogue, comme il l'a fait très hâtivement. » Il a ajouté que la décision d'Abbas de renvoyer Haniyeh ne faisait que compliquer les choses, et qu'il était probable que ce dernier resterait premier ministre. (...)
Abou Marzouk a également déclaré qu'il n'y aurait aucun changement dans le statut de la bande de Gaza, et qu'aucune loi islamique ne serait déclarée dans ce territoire après sa prise de contrôle par le Hamas : « Gaza restera Gaza, il n'y aura aucun changement, et Gaza restera liée à la Cisjordanie, qu'Abbas ait destitué le gouvernement ou non ». Il a également démenti les rumeurs qui parlent de la création d'un Etat islamique à Gaza : « Cela n'a aucun fondement... Nous sommes engagés par les lois qui régissent l'Autorité palestinienne. » [Lire à ce sujet le rapport de la Commission des Communautés européennes de mai 2004]
Divers observateurs craignent que la bande de Gaza, déjà truffée de points de passage permanents, ne devienne coupée en deux, une partie se rapprochant des pays hostiles à l'Etat d'Israël.
Plus tôt dans la journée de jeudi, Mustafa Barghouti, ministre palestinien de l'information [qui n’a pas caché ses critiques à l’endroit des accords de Genève], avait déclaré que les factions rivales seraient présentes à une réunion de médiation organisée par les Egyptiens. Cette information n'a pas pu être vérifiée de source indépendante. Mais ces derniers jours, le Hamas avait refusé toutes les tentatives de trêve proposées par l'Egypte.
Le gouvernement palestinien d'union nationale avait été formé pour tenter d'éviter le cycle des violences, et dans l'espoir d'assouplir le boycott international imposé après la victoire du Hamas en janvier 2006. Aucun de ces objectifs n'a été atteint.
Ha'aretz, 14 juin 2007
Traduction : Gérard Eizenberg, pour La Paix Maintenant
Liens et commentaires : Fabien Abitbol, pour Ménilmontant, mais oui madame…
Plus que jamais, pour la paix dans la région, qui semble de plus en plus lointaine, il est nécessaire de signer l’appel du Collectif deux Peuples, deux Etats ! Merci à celles et ceux qui l’ont déjà signé de ne pas le refaire, afin d’éviter un travail de vérification inutile et studieux.
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