Un “savoureux” exemple de cancéreux de la société, réécrit à partir de cet article de Actuchômage du 12 mai, et repéré grâce à un commentaire renvoyant sur Ménilmontant, mais oui madame…. Il s'agit d’un chômeur en fin de droits, âgé de 56 ans, qui n’aura pas le droit au moindre euro de RSA, tout simplement parce qu’il vient de vendre son logement et est “hébergé par un tiers” dans l’attente de trouver un nouveau chez lui.
Didier a 56 ans. En fin de droits pour percevoir des allocations chômage, il s’apprête à déposer une demande de RSA. On l’informe alors de la déduction du montant du RSA à hauteur de 3% sur le montant de l’épargne disponible, même non imposable. Politis de novembre 2009 parlait de 4% pour le Livret A, comme indiqué dans Le RSA expliqué aux nuls, alors que le même livret est net de tout prélèvement pour le commun des mortels…
Il se trouve que Didier vient de vendre son logement, dont il a tiré 140000€, qu’il a «placés» en attendant de faire l’acquisition d’un autre logement. Et, toujours en attendant, il est hébergé chez un tiers.
Ainsi donc, pour un RSA mensuel théorique de 466€, on lui retire 56€ au titre du forfait logement car, dit-il en toute honnêteté, il est hébergé. Cette somme, en fait, n’est quasiment versée qu’aux SDF.
Il lui reste donc un maximum de 411€ (410,95€ précisément).
Mais son «placement» de 140000€, si provisoire soit-il, est taxé à 3% l’an. Soit 4200€ annuels.
Son RSA théorique (s’il ne travaille pas) pourrait donc être, dans l’état actuel des choses, de 731,40€… par an. Soit 61€ par mois. Reste à trouver du travail à 56 ans, alors que, on l'a vu ici le 27 avril, le nombre de chômeurs de plus de cinquante ans a augmenté de 13% en un an.
Didier va donc devoir vivre sur ses économies… qui auraient dû lui servir à acheter de quoi se loger. Ou se presser de trouver un logement afin de redevenir enfin pauvre. Chouette perspective!
«Tel que l’on peut le constater», écrit Didier, «cela me met dans une impasse car je dois désormais vivre intégralement de mes économies qui doivent, normalement, me servir à racheter un appartement et aider quelques membres de ma famille dans le besoin. Il faut savoir que le marché de l’immobilier est en hausse et les tarifs peu abordables. Pour acheter ou louer, les agences vous demandent votre profession alors pas facile, sans emploi ni salaire, d’être crédible… Quant aux HLM, ce n’est pas la peine d’y compter. (...) Le comble, c’est que si je n’avais pas vendu ma maison, j’aurais eu droit au RSA!»
Parce que, en plus, ce pauvre a l'outrecuidance de vouloir aider quelques membres de sa famille dans le besoin… Non, mais!
Et si, avec beaucoup de chance, Didier trouvait très vite à se loger en HLM (ou en locatif privé), son RSA n’en resterait pas moins diminué par le fait qu’il aura encore devant lui quelques «économies», puisqu'il a eu l'honnêteté de les déclarer une fois.
Pour les salauds de pauvres, l’argent est fait pour être dépensé, pas pour être mis de côté.
Fabien Abitbol
NB: par l’expression RSA, dans le cas de Didier, on entend le RSA-socle, soit l’ancien RMI. A son âge, et chômeur en fin de droit, un boulot à temps partiel ou mal payé (moins de 1000€) lui permettrait de percevoir le RSA-activité.
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