Le premier Sommet international des coopératives s'est ouvert lundi 8 octobre au Centre des Congrès de Québec (Québec, Canada), en présence notamment de la Première ministre de la province, Mme Pauline Marois, et du ministre délégué à l'économie sociale et solidaire, M. Benoît Hamon, qui reprenait dans la soirée même un avion pour Paris. L'occasion de rappeler, par l'entremise de Dame Pauline Green, présidente de l'Alliance coopérative internationale, qu'un milliard de citoyens "a choisi de faire partie d'une coopérative dans le monde"...
Une salle quasi-pleine des 2800 participants venus de 85 pays du monde entier attendait sagement, en ce Lundi d'Action de Grâce (férié au Canada) les diverses allocutions d'ouverture, préalable au Sommet qui débutera véritablement mardi matin (à l'heure du déjeuner à Paris). Depuis samedi s'était tenu dans le même Centre des Congrès le sommet Imaginons 2012, qui avait posé les bases de l'identité coopérative.
À l'issue de ce pré-Sommet, Benoît Hamon avait loué l'exemple québécois et l'avait considéré comme "une réponse à la crise" face aux 50.000 à 200.000 emplois qui disparaissent chaque année en France faute de bon repreneur. Le ministre français, qui a en charge dans le gouvernement Ayrault l'économie sociale et solidaire, ne prenait pas part au Sommet. Il fut juste reçu par Elaine Zakaïb, ministre déléguée à la politique industrielle et à la Banque de développement économique (du Québec) et salué au Sommet par Pauline Marois, avec qui il devait s'entretenir avant de repartir.
"Le monde coopératif doit prendre toute sa place [...], agir comme un des piliers responsables [...] d'une économie plurielle", estimait en guise d'introduction Mme Monique F. Leroux, présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins, l'un des principaux mécènes du Sommet.
Montée à son tour à la tribune, Mme Pauline Marois, la toute nouvelle Première ministre du Québec, ne manqua pas de faire le rapprochement entre la justice fiscale et économique, la politique de rigueur qui sied à une politique politicienne, et les pratiques appliquées à l'économie coopérative.
D'autres intervenants, comme le maire de Québec et le ministre des Transports du Canada, impliqué de longue date à titre personnel dans le mouvement coopératif, prenaient aussi la parole, avec conviction.
À l'issue de quelques intermèdes musicaux, et avec un peu de retard, place était laissée au volubile économiste altermondialiste Ricardo Petrella. Il commença par donner sa définition du monde coopératif et mutualiste, dans lequel il place "toute forme différente de l'économie capitaliste", puis se lança dans un rêve. "Rêver, c'est libérer le futur, ne pas accepter ce que les dominants nous disent: qu'il n'y a pas d'alternative possible". Pour M. Petrella, "il n'y a pas de pouvoir des coopératives si les coopératives ne font pas l'œuvre, ne créent pas". Et l'économiste de proposer sans ambages d'instaurer "un prix pour l'utopie bonne, réalisable", un prix qui serait "donné tous les deux ans". Auditoire conquis.
"Je trouve inacceptable que plus de personnes aient accès au téléphone mobile qu'à l'eau potable", insista Ricardo Petrella, qui remarqua que, pourtant, il y a chaque jour plus de gens dans le monde qui meurent par manque d'hygiène que par manque d'un téléphone mobile. "Le monde a besoin de nouvelles règles de vivre ensemble", dit l'économiste pour qui parler de conquête de marchés ou de capitaux est dépassé, même si les sociétés, coopératives ou capitalistes, sont basées sur le même principe, celui du besoin. Mais "la maison, c'est la coopération", concluait-il laissant l'auditoire songeur et enthousiaste se diriger vers l'apéritif et les tables de B2B (au Québec, on dit "réseautage"), ainsi que vers les exposants.
L'occasion de découvrir le stand de L'Accorderie. Fondé voici dix ans au Québec, ce réseau d'aide, d'échanges et de coopération a commencé à essaimer. En France, il a pour partenaire une fondation de la Macif et sa première antenne, dans le 19ème arrondissement de Paris (rue de Crimée) vient de fêter son premier anniversaire. Léa Filoche, Conseillère de Paris, a annoncé sur son compte twitter le vote d'une nouvelle subvention pour cette accorderie de l'est parisien.
Fabien Abitbol, photos: Ricardo Petrella, avec un discours utopiste, a séduit l'auditoire (bas); dans le hall du Centre des Congrès, des tweets sélectionnés s'affichent sur les écrans (haut).
NB: le Sommet reprend le mardi 9 octobre à partir de 7h30 locales (13h30, heure de Paris). Il est à suivre sur twitter avec le tag #coppqc2012
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