Ménilmontant, mais oui madame...

Abstention et "représentativité": David Assouline aurait pu nous éviter ça!

A la suite de l'invalidation le 15 février dernier de la députée de la première circonscription des Français hors de France (USA et Canada), les 151.000 électeurs inscrits sur les listes électorales avaient à choisir samedi dernier entre douze candidats*. Ils ont mis en tête Frédéric Lefebvre (UMP) et en second Franck Scemama (PS). Au Parti socialiste, déjà, David Assouline jette le discrédit sur le futur élu.

Les deux candidats restants sont donc l'ancien porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre, conseiller régional d'Ile-de-France, déjà épinglé pour absentéisme en 2009 (siéger était "du temps perdu", expliquait-il), qui sillonne le continent depuis trois mois et fait du clientélisme, et un binational franco-canadien récemment reparti en France mais choisi par le PS local, Franck Scemama.

Dans un entretien publié le 18 mai par l'agence France USA Média**, Frédéric Lefebvre ne se cachait pas de faire "des réunions Tupperware chaque jour", alors que le principe même d'une réunion politique de campagne est d'être ouverte à tous, comme le prévoit l'article L. 47 du code électoral.

Les résultats du premier tour sont nets: 13,47% de participation sur notre circonscription, contre 20,40% lors du premier tour de 2012, où il s'agissait d'élections générales.

Et lundi, que fit le porte-parole du PS David Assouline? Si l'on se fie à son blogue: rien concernant les élections. A en croire le site du Parti socialiste, il aurait souligné le "niveau exorbitant d'abstention" de nos concitoyens à l'étranger. Seulement voilà: il existe une vidéo officielle du point de presse, et elle est ici (en accès réservé). Selon ce qu'explique ici Europe1, le sénateur de Paris aurait dit: "Le résultat, c’est une abstention jamais atteinte qui discrédite la représentativité de ceux qui pourront être élus."

Commentaire laconique ce mardi dans l'entourage de Franck Scemama: "C'est vrai qu'on n'est pas aidé avec un con pareil. La victoire de Franck sera le meilleur moyen de lui fermer sa gueule!"... Paix et amour.

Ce que semble ignorer David Assouline, qui pourtant commentait déjà les élections en 2012, c'est Raquel Garrido, du Parti de Gauche, qui le lui rappelle: "si l’abstention est massive dans les deux circonscriptions ayant voté ce dimanche, elle l’est également dans toutes les autres circonscriptions des français de l’étranger. Faut-il rappeler que ces élus l’ont été, dans le meilleur des cas, avec 26% de participation et dans tous les cas avec un nombre extrêmement faible de voix?", s'indigne celle qui fut candidate pour le Front de Gauche dans la 2e circonscription (Amérique du Sud).

Par ailleurs, la dernière législative partielle qui avait lieu en mars en France ne donnait même pas 33% de participation au 1er tour et vit l'élimination du candidat socialiste (résultats ici). Le même scrutin, aux élections générales de 2012, donnait près de 60% de participation.

Les électeurs français des USA et du Canada n'ont pas à rougir d'avoir perdu un tiers de leurs forces là où leurs compatriotes, qui ont des médias locaux et des bureaux de votes dans toutes les communes, en ont perdu la moitié. C'est David Assouline qui aurait dû réfléchir à ce qu'il a dit. Et le fait que cette partie du point de presse hebdomadaire ne soit pas accessible à tous est sans conteste l'aveu d'une erreur de jugement du porte-parole du PS.

Après avoir passé vingt ans dans le 20e arrondissement, je pensais que l'exil à Québec m'éloignerait de certains jugements trop hâtifs de la part de David Assouline. Hélas il n'en est rien.

Fabien Abitbol

* Pour mieux comprendre cette élection partielle, vous pouvez vous reporter au blogue Soir Américain, que je tiens avec mon épouse, et notamment à sa rubrique Législatives.

** Le même sujet a été republié in extenso deux jours plus tard en France dans L'Opinion, désormais en accès libre ici.

Paris Habitat passe les clés à la police

Un partenariat vient d'être passé entre Paris Habitat (ex-OPAC de Paris), la préfecture de police de Paris (PP) et le parquet de Paris. Cette "convention de partenariat" a été signée le 21 mai en présence de Jean-Yves Mano, président de Paris Habitat-OPH et adjoint au maire de Paris en charge du logement.

A la lecture du communiqué diffusé sur le site de la PP, on comprend que (au-delà de la coopération qui préexistait entre le bailleur social et la police) l'arrivée du parquet va renforcer l'action policière sur le terrain. Outre les nouveaux outils statistiques tels un "tableau de bord trimestriel des infractions et des actes de nuisances" ou un "diagnostic" de la part de "conseillers sûreté de la police", le communiqué tripartite précise que "le partenariat intègre la délivrance à la préfecture de police d’une réquisition permanente renouvelable tous les ans par l’Office" afin de "faciliter l’intervention des forces de l’ordre dans les parties communes des immeubles".

Et pour parfaire la chose, "Paris Habitat-OPH met à disposition de la préfecture de police les moyens d'accéder à son patrimoine (clé électronique)."

Paris Habitat, qui a remplacé l'OPAC de Paris en 2008, gérait au 31 décembre 2011 près de 120.000 logements, dont 109.300 dans Paris intra-muros, essentiellement dans les arrondissements périphériques (notamment 13e, 19e et 20e arrondissements qui à eux trois dépassaient les 52.000 logements de l'ex-OPAC). Le patrimoine de Paris Habitat est constitué aux trois-quarts de logements sociaux et pour le reste de "logements sociaux intermédiaires et divers", selon le site Internet de l'ex-OPAC, ce qui fait que "dans la capitale, l'Office représente environ 50% du parc de logement social".  Une grande part du parc immobilier date d'avant 1948.

F. A.

Mur des cons: le copier-coller de Bernard Accoyer

Dans l'épluchage du JO de ce matin, on pouvait lire que la proposition de loi de Bernard Accoyer visant à permettre de récuser un magistrat en raison de ses prises de position ou de celles de son syndicat était parvenue à l'Assemblée nationale.

Le dossier législatif (pour suivre l'évolution de cette PPL) est désormais disponible. Pour ce qui est du texte en lui-même, c'est là: "Le code de procédure pénale et le code de l’organisation judiciaire prévoient plusieurs motifs pour lesquels un justiciable peut demander la récusation d’un juge. Parmi ces motifs, ne figure pas le cas où les décisions d’un magistrat membre d’une organisation professionnelle ayant pris des positions politiques publiques, pourraient être influencées par des motivations politiques ou idéologiques". En clair: il suffit qu'un syndicat claironne telle ou telle chose pour que chacun de ses encartés puisse se retrouver écarté. Serions-nous revenus au temps des listes, de l'affichage, du pilori que après lesquels l'UMP s'élevait lorsque fut révélé cet affichage dans un local syndical?

Pire, peut-être: l'exposé des motifs de la proposition de loi a été rendu public depuis trois semaines, au mot près dans un journal local des terres d'élection de M. Accoyer, L'Essor savoyard. En date du 25 avril, on pouvait lire: "Le Code de procédure pénale et le Code de l'organisation judiciaire prévoient plusieurs motifs pour lesquels un justiciable peut demander la récusation d'un juge. Parmi ces motifs, ne figure pas le cas où les décisions d'un magistrat membre d'une organisation professionnelle ayant pris des positions politiques publiques, pourraient être influencées par des motivations politiques ou idéologiques. La présente proposition de loi vise à compléter le champ de récusation d'un magistrat," explique l'élu.

Après, ces mêmes élus vont estimer que les Français ont "d'autres préoccupations" que des problèmes de société comme le mariage ouvert à tous; mais ça ne les empêche pas d'encombrer l'Assemblée.

Fabien Abitbol

Note à benêts (ou pense-bête): ayant parmi mes "amis" un certain Google, je m'étais surtout attaché à la lecture de l'exposé des motifs, et à me demander quand et où j'avais pu lire cela ailleursque sur le site Internet de TF1, qui n'avait pas employé pour ses ouailles un vocabulaire aussi abscons. Le texte de loi en lui-même m'importait moins. C'est un commentaire du Professeur Bang, validé à l'instant, qui attire mon attention sur le fait que l'ex-président Accoyer s'est pris les pieds dans le tapis: il veut qu'on puisse récuser les magistrats soupçonnés d'impartialité. Il convient de lire attentivement cette proposition de loi pour rire encore une fois. (mise à jour de 15h48)

Joyeux bordel

Un communiqué de la préfecture de police de Paris (PP) publié ce vendredi sur son site Internet indique que « plusieurs manifestations » se tiendront le 12 mai toute la journée au même endroit.

Comme à l’accoutumée quand elle annonce une manifestation de voie publique, la PP n’en indique pas la teneur. Idem quand elle en annonce plusieurs.

En fait, le 12 mai est cette année le deuxième dimanche du mois de mai. En clair, selon cette loi du 10 juillet 1920, le jour de la fête johannique. On notera la célérité avec laquelle fut publiée cette loi : dès le 14 juillet au Bulletin des Lois, alors que la canonisation de Jeanne d’Arc ne remontait qu’au 30 mai…

Cette année le programme parisien est claironné sur France catholique et sur N-D de Chrétienté dans les mêmes termes. Et la présence des Chœurs Montjoie Saint-Denis fait grincer quelques dents.

Dans l’entourage du ministre délégué aux Anciens combattants, on précise à Streetpress que cette chorale considérée comme d’extrême-droite ne pourra pas jouer durant la présence des officiels représentant le gouvernement et la Ville de Paris.

L’an dernier, pour les 600 ans de sa naissance, Jeanne d’Arc avait eu droit aux hommages de Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen. Ce dimanche, les automobilistes parisiens sont prévenus : « la circulation sera neutralisée entre 9 heures et 19 heures rue de Rivoli entre la rue de l’Echelle et la place de la Concorde ».

F. A.