«Le ridicule dépasse les bornes», a dit Nicolas Sarkozy au sujet de la suppression du mot “race” de la Constitution. «Enfin, c’est absurde», a-t-il ajouté mercredi. Marine Le Pen avait pour sa part déjà jugé cela «absurde», et ce dès dimanche. Même mot pour les deux candidats, à trois jours d’intervalle.
Chacun des deux candidats à la présidence, le président sortant comme la présidente du Front national, commentaient une déclaration de François Hollande. Du moins croyaient commenter François Hollande…
Car ce dernier, tout comme Jean-Luc Mélenchon pour le Front de Gauche et Eva Joly pour EELV, ne faisait que répondre favorablement à la Licra (ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), et plus particulièrement à ses 50 propositions, dont divers médias ont déjà parlé (voir ici). Dans sa proposition n°24, la Licra rappelle que le mot «race» a été instauré en France en 1939 et dans la législation à l'occasion des premières lois antisémites, et estime son utilisation «périmée».
Et voilà que la ré-utilisation des mots de Marine Le Pen par le candidat Sarkozy font que, jeudi, le président de la Licra Alain Jakubowicz a qualifié d'«assez proches de ceux de Mme le Pen les arguments développés par Nicolas Sarkozy contre la proposition de supprimer le mot “race” de la Constitution». Il aurait pu dire pire que «assez proches», identiques n'aurait pas été faux.
Mais le candidat Sarkozy n’a pas aimé. Pas du tout. Et demande désormais des excuses au responsable associatif, en menaçant de ne pas se faire représenter à une réunion de la Licra samedi 17 mars.
Par ailleurs, le candidat Sarkozy semble allergique à certaines caméras. Il a ainsi refusé d’être filmé ou photographié en compagnie de M. Jacubowicz, qui s’est dit «contrarié» que les règles du jeu ne soient pas respectées.
Etrange campagne, dans laquelle le président sortant pêche en eaux troubles.
Fabien Abitbol, ill.: copie d'écran du site Internet des 50 propositions de la Licra
Entre l'extrême-droite, la droite extrême, la droite très à droite et la droite assumée, il n'y a pas non plus beaucoup de différences. Il faut se tourner vers Dupont-Aignan, Villepin, Bayrou ou d'autres du même genre pour retomber sur une droite "civilisée" en quelque sorte. Les étiquettes ne veulent plus dire grand-chose : qui oserait placer, par exemple, Manuel Valls à sa vraie place ?
Rédigé par : Achar | 17/03/2012 à 05h45
si on supprime le mot "race" de la constitution, on ne pourra donc plus traiter sarko et marine de "racistes" avec leur identité nationale ou leur préférence nationale ? il faudra dire "xénophobes", ce qui n'est pas tout à fait la même chose, ou bien ... ? Pour le coup, ils pourront dire que c'est "absurde" ! :-))
Rédigé par : Caro | 17/03/2012 à 23h41
Non Caro! Faut cliquer sur le lien "proposition numero24", et tu liras l'exposé de la Licra sur le fait qu'enlever le mot ne supprime pas le délit.
Rédigé par : Ménilmuche | 17/03/2012 à 23h56
les grands mots sont lachés...
Rédigé par : miss P (coulrophobe) | 18/03/2012 à 00h27
Fab, le délit de "racisme" existerait toujours, je n'ai jamais dit le contraire, mais je maintiens qu'il faudra lui trouver un autre nom.
Déf de "racisme" dans wikipedia :
"Le racisme est une idéologie, qui partant du postulat de l'existence de races humaines, considère que certaines races sont intrinsèquement supérieures à d'autres"
ça ne marcherait plus puisqu'il n'y aurait plus de référence à "race"
CQFD
Rédigé par : Caro | 18/03/2012 à 10h40
Bien vu !
Heureusement qu'il y a des michels pour se rappeler ces petits détails de l'histoire et de ne pas avoir oublié la date !!!
Comment il a prit cher du coup Sarko !
Très bonne clôture du sujet et de l'event médiatique dont je n'avais pas vraiment saisi d'où cela venait et le pourquoi du comment.
Du coup, Sarko passe vraiment pour un super bouffon d'avoir réagi si violemment sur le sujet.
Merci à l'auteur d'avoir déniché et fourni ici une vision globale de cette petite histoire.
Rédigé par : michel | 21/03/2012 à 15h13
@ Caro
Il peut très bien ne pas y avoir de référence au mot "race" dans la Constitution, ce qui me paraît logique.
En revanche, des jusqu'auboutistes peuvent très bien utiliser ce mot dans un sens blessant, bien qu'intrinsèquement il n'ait aucun sens. Ce sera à la loi de définir les limites de langage qu'il ne faut pas dépasser. Et la fin de phrase citée pourrait devenir, dans le code pénal, "...considère que certaines de ces pseudo-races sont intrinsèquement supérieures à d'autres".
Bien sûr, les races n'existent pas : tous égaux, tous différents.
En fait, l'article Premier de la Constitution devrait être non pas :
ARTICLE PREMIER.
La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée.
La loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu'aux responsabilités professionnelles et sociales.
mais
ARTICLE PREMIER.
La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sur tout son territoire sans distinction de sexe, d'origine ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée.
Cette rédaction-là aurait le mérite d'être beaucoup plus claire : il est étonnant que nous n'en soyons pas encore arrivés là en 2012. Y compris concernant des anomalies "exotiques" ou alsaciennes.
Rédigé par : Achar | 21/03/2012 à 16h39