France 3 diffuse ce soir, dans sa nouvelle case “Docs interdits”, le premier volet de «Elysée 2012, la vraie campagne», la série documentaire de Serge Moati qu’il tourne au jour le jour, à travers la France. Ce volet, qui commence en janvier pour finir aux sénatoriales du 25 septembre, a été remis à France Télévisions vendredi. En avant-première, il a été possible d’en visionner la moitié mardi dernier, en cours de montage.
Après une prise de contact avec Serge Moati dans un bar du Kremlin-Bicêtre, à la mi-septembre, à l’initiative de Nicolas (lire ici), rendez-vous fut donné à quelques blogueurs de façon impromptue mardi 27 septembre dans les bureaux de Image et Compagnie, près des Champs-Elysées. Un petit compte-rendu est à lire sur PlateauTélé, le blogue de la Com Online de France télévisions, où des vidéos ont été ajoutées seulement ce lundi midi.
Si Serge Moati avait été prolixe dans sa présentation par écrit de son nouveau bébé, sa société de production interdit toute prise de vues. Impossible de faire la moindre capture d’écran de ce qui est diffusé, en l’absence —du reste— du réalisateur, qui aura une demi-heure de retard au rendez-vous et ira discrètement se glisser au fond d'un canapé.
Le documentaire est à la fois ciselé et brut, parfois brutal. Ciselé, car il faut, pour diffuser 52 minutes, tailler dans des dizaines et des dizaines d’heures d’enregistrement («des centaines», affirme Moati). Brut, car entre les commentaires se glissent des images, parfois longues, comme celles, au début du premier volet, de Marine Le Pen en pantalon blanc, visiblement émue d’avoir un discours important à prononcer, tandis que l’on ajuste un petit micro sur sa veste bleue. Une scène qui semble longue, mais décrit un personnage, lui donnerait presque un côté humain, que l’on retrouvera plus tard dans une autre partie chez son père, portant un regard attendri sur sa fille. Brutal aussi, car on y trouve quelques phrases sans commentaire, et qui du reste s’en passent fort bien, comme «On sait bien que ce n’est pas sur le contenu ou sur sa capacité oratoire que ça va se jouer», virulente critique de Eva Joly par… Denis Baupin.
Les quatre équipes permanentes de Serge Moati ont bossé depuis janvier du nord au sud, de Dunkerque à Marseille. Et à Paris bien entendu. Ils ont fait les marchés, comme une sociologie des électeurs et des militants de la France des années 2010.
«Pour Ségolène, on a déjà donné», répond une femme sur un marché, questionnée sur son choix à la primaire socialiste.
«Le Front national n’avait pas de bonnes propositions en matière de sécurité», explique un participant à un meeting de l’UMP, pour justifier son adhésion au parti majoritaire.
On voit aussi des anecdotes cocasses, comme les militants EELV, pas mieux organisés que du temps des Verts, débordés par le succès du scrutin interne, seuls à un bureau de poste parisien, avec une dizaine de sacs postaux… et pas de voiture pour les transporter.
«Il fallait acquérir la confiance, être suffisamment discret, parfois ne rien faire», expliquait mardi dernier Serge Moati à une spectatrice à l’issue de la petite projection privée.
La série se compose de six épisodes de 52 minutes, chacun diffusé le premier lundi du mois sur France3 en deuxième partie de soirée. Le 7 mai 2012, premier lundi de mai, au lendemain du second tour de la Présidentielle, France 3 diffusera un 90 minutes composé de nombreux extraits des six premiers volets, du dernier mois, et du résultat final.
Reste à savoir l’accueil que l’Elysée réservera à cette nouvelle expérience. Pour la campagne de 2007, explique Serge Moati, l’UMP livrait ses images. Son candidat n’était “que” l’ancien ministre de l’Intérieur. Là, il s’agira du président sortant. Ce qui posera d’autres problèmes de traitement d’image, car toute approche personnelle est déjà plus délicate.
Fabien Abitbol
Elysée 2012, la vraie campagne, 23h10, série documentaire, 2011, inédit
Résumé fourni par la chaîne:
Janvier 2011, congrès de Tours, investiture de Marine Le Pen, elle succède à son père et devient la candidate de l'extrême droite pour l'élection présidentielle. Sur fond de lutte des droites, ce premier épisode de la série (qui en compte six) nous entraîne au cœur de la pré-campagne, dans les réunions de préparations des équipes des deux principaux candidats chez EELV (Europe Ecologie Les Verts), Nicolas Hulot et Eva Joly, mais aussi dans le sillage de la mise en place des primaires socialistes, exercice inédit et périlleux ouvert cette fois-ci à tous. Elysée 2012 la vraie campagne ou comment s'imposer au sein de son parti.
J'avais la sensation que la campagne avait débuté avec le discours de Grenoble. Moati fait le choix de la faire démarrer avec l'arrivée de Marine Le Pen à la tête du FN. S'agit-il du personnage central de cette campagne ?
Rédigé par : Denis | 03/10/2011 à 20h30
@Denis,
si l'on veut voir par là, la campagne a commencé depuis 2007 quasiment.
L'arrivée de Marine Le Pen à la tête du FN n'est pas -il me semble- l'événement important. C'est plus précisément le remplacement de JM Le Pen par celle qui sera candidate, et qui a été la première à officiellement déclarer sa candidature.
Sinon, de ce que j'ai vu du doc, soit un peu plus de la moitié de ce qui sera diffusé ce soir, j'ai eu le sentiment globalement d'y voir davantage EELV et le PS, mais je n'ai pas minuté, j'ai préféré porter mon attention sur l'écran et la prise de notes, afin de pouvoir faire une présentation la plus fidèle possible, dans la mesure où je savais qu'il n'y aurait pas de présentation à la presse.
Rédigé par : Ménilmuche | 03/10/2011 à 20h38
jolie photo
Rédigé par : miss P | 04/10/2011 à 17h43
@ missP,
merci. quand les gens sont assis au bistro, tranquillement, et parlent avec quelqu'un d'autre, c'est plus facile de prendre un cliché: ils font moins attention. A condition, toutefois, qu'il n'y ait pas une nuée d'objectifs, ce qui n'était pas le cas.
Rédigé par : Ménilmuche | 04/10/2011 à 18h55