Les grands électeurs votent dimanche 25 septembre à l'abri des caméras et en utilisant exceptionnellement des bulletins où ne figureront pas les noms des partis politiques, afin de renouveler le Sénat. Le résultat s’annonce très serré. Pour la première fois sous la Ve République, date de création du Sénat sous sa forme actuelle, la Chambre haute du Parlement français pourrait avoir un président de gauche, voire basculer de justesse à gauche. Quarante-quatre circonscriptions sont concernées: 26 au scrutin majoritaire (représentant 58 sièges) et 18 à la proportionnelle (soit 112 sièges).
Des figures de la vie politique française ne se représentent pas. Notamment, par ordre alphabétique, l’ancien Garde des Sceaux et président du Conseil constitutionnel Robert Badinter (Hauts-de-Seine), le maire de Biarritz Didier Borotra (Pyrénées-Atlantiques), l’ancien ministre de l’Economie Jean-Pierre Fourcade (Hauts-de-Seine), ou encore Pierre Mauroy, Louis Mermaz, Lucette Michaux-Chevry, Charles Pasqua, et Dominique Voynet. Au total, 54 sénateurs sortants ne se représentent pas (liste à télécharger ici), la plus jeune, la maire de Montreuil Dominique Voynet ayant 53 ans, les deux plus âgés, Robert Badinter et Jack Ralite, ayant chacun dépassé les 83 ans.
A l’heure actuelle, le Sénat compte 343 sénateurs, mais deux sièges sont vacants. A l’issue des élections du 25 septembre, il y aura 348 sénateurs au Parlement, une fois les sénateurs de la série 1 sortants remplacés ou réélus. Une carte interactive de France a été mise à disposition par les services du Sénat.
Pour connaître le nombre de grands électeurs (les électeurs des sénateurs) par département, cliquer ici.
Le vote des grands électeurs devrait se faire dimanche dans la plus grande discrétion. Public Sénat indique sur son site Internet avoir «essuyé plusieurs refus de tournage, à Paris, ou dans les Hauts-de-Seine».
«“L’espace de vote ne sera accessible qu’aux électeurs et à leurs représentants ainsi qu’aux membres du bureau du collège électoral et des sections de vote”, nous écrit dans un mail la préfecture du 92. Lors des derniers scrutins, Public Sénat avait pourtant eu moins de difficultés à tourner dans les bureaux de vote. Il sera en revanche possible de suivre le président du Sénat, Gérard Larcher, pour son vote dans les Yvelines», indique samedi soir Public Sénat, précisant que Info vidéo3, qui rassemble les images des bureaux régionaux de France3, «manquera d’images de vote dimanche soir», et évoquant une «circulaire» interdisant les prises de vue en Isère, ce qui est démenti par le ministère de l’Intérieur.
Un basculement du Sénat est possible à l’issue du scrutin de dimanche. «Je ne sais pas à quel niveau chiffrer le séisme, mais ce serait quand même assez sismique», a déclaré le président UMP sortant Gérard Larcher.
«Une progression du nombre de sénateurs serait une victoire, même sans remporter la majorité», estime pour sa part Jean-Pierre Bel, le président sortant du groupe socialiste.
En 2008, la gauche avait gagné 26 sièges au Sénat. Elle doit cette fois en gagner 23 pour mécaniquement remporter la Haute assemblée. Mais une victoire mécanique, d’un camp comme de l’autre, n’assure pas l’élection automatique d’un président de ce camp, tant certaines étiquettes, au Sénat, peuvent être subtiles et certaines alliances se monnayer, jusqu’à la date de l’élection du président, le 1er octobre.
Pour couronner le tout, le ministère de l’Intérieur a publié les listes des candidats sans indiquer leur appartenance politique, officiellement «pas une manière de brouiller les pistes», affirme-t-on Place Beauvau. Drôle d'exemple de clarté à sept mois de l'élection présidentielle qui, elle, se tiendra durant les vacances scolaires de printemps.
Remaniement ministériel imminent
Depuis le renouvellement sénatorial de 2008, les deux groupes de droite totalisent 178 sénateurs (147 UMP, 29 Union centriste) contre 139 pour les deux groupes de gauche (115 socialistes et Verts et 24 communistes, républicains et citoyens). Le groupe du Rassemblement démocratique et social européen (18 membres) comprend à la fois des radicaux de gauche et de droite. Huit sénateurs sont “non inscrits”.
Avant l’élection du président du Sénat, le gouvernement pourrait être remanié: en présentant trois ministres à ce scrutin par avance serré, le Pouvoir les oblige à aller voter pour défendre la présidence UMP du Sénat. Madame Jouanno, tête de liste à Paris et ministre des Sports, MM. Longuet et Leroy, candidat dans la Meuse et ministre de la Défense pour l’un, candidat dans le Loir-et-Cher et ministre de la Ville en charge du Grand Paris pour l’autre, devraient très prochainement préparer leurs affaires pour le Palais du Luxembourg. Tous trois ont toutefois indiqué au Figaro leur intention de rester au gouvernement. L'Elysée les poussera au départ, sans doute.
Le Sénat accueillera dimanche dix blogueurs pour suivre la “soirée électorale”, dont le blogue de Ménilmontant. Davantage de renseignements, ainsi que sur les départements d’Ile-de-France, dans un prochain sujet.
Fabien Abitbol, ill.: service communication du Sénat
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