Après l’évacuation manu militari du squat de l’avenue Simon-Bolivar mercredi, au moins vingt-cinq personnes se trouvaient jeudi après-midi en rétention administrative, selon une source policière. Il s’agirait de ressortissants tunisiens. Selon la SDJ de TF1, une journaliste, noire, n'a pas pu travailler, empêchée par un CRS.
Hier soir, à l’issue de l’intervention policière, les occupants du 51 avenue Simon-Bolivar (qui y étaient depuis le 1er mai) avaient été embarqués par les forces de l’ordre, et dispersés dans plusieurs commissariats de police de l’Est parisien et du Nord, tous dépendant du 2e district de police judiciaire, dont le responsable est le patron du commissariat du 20e. Les militants qualifiés par la Ville d’«anarchistes» et de «radicaux» étaient, eux, dans un commissariat distinct pour vérification d’identité.
Des rassemblements spontanés ont eu lieu, dont un devant le commissariat central du 20e arrondissement, rue des Gâtines, auquel se sont notamment joints Ariane Calvo, adjointe (Parti de Gauche) à la Petite enfance et à l’égalité Femme/Homme dans l’arrondissement, Florence de Massol, adjointe (Les Verts) à l’Environnement dans le 20e, Pierre Mansat, adjoint au maire de Paris (apparenté communiste) en charge des relations avec les collectivités territoriales, et Denis Baupin, adjoint au maire de Paris (Les Verts) en charge du Développement durable.
Ces trois derniers ont pu entrer dans le commissariat. A leur sortie, vers 21 heures, Pierre Mansat annonçait que, selon la police:
• les militants avaient tous été libérés après vérification d’identité;
• plusieurs occupants avaient été libérés;
• des poursuites judiciaires allaient être engagées contre certains squatteurs, pour «dégradation de bien public», en l’occurrence l’immeuble de la Ville squatté dans le 19e arrondissement;
• les vérifications se poursuivaient quant à la situation administrative des personnes encore dans les différents commissariats.
Ce jeudi alors que le parti communiste appelle à se joindre au rassemblement devant le ministère de l’Intérieur, et dénonce la «violence inouïe» avec laquelle ont été opérées les arrestations d’hier, on apprend de source policière que vingt-cinq des personnes interpellées se trouvent en rétention administrative. Vingt-cinq autres font l’objet d’un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière (APRF). Enfin, une dizaine seront prochainement “réadmis” en Italie.
«L'étude de la situation administrative d'une partie des interpellés est toujours en cours», précise la préfecture de police.
Il est à noter que, avec ce récent arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne, le séjour irrégulier n’est plus un délit.
Pour le collectif Jeudi noir, qui avait occupé le même immeuble près de trois semaines plus tôt et reconnaît que «ce bâtiment est dangereux», l’intervention à Simon-Bolivar est «l’expulsion de trop». Les “galériens du logement” déplorent que la Ville de Paris ait demandé l’intervention de la police et estime que «c’était ”livrer sur un plateau” 120 migrants à la police de Sarkozy et de Guéant».
«Au-delà du discours, Claude Guéant est désormais en train de mettre en place une politique qui ressemble à celle que prône le Front National», a commenté Cécile Duflot dans un communiqué.
De son côté, la Société des journalistes de TF1 écrit dans un communiqué que la journaliste reporter d’images «Florice Houngbo s'est vue interdire d'exercer son métier simplement à cause de sa couleur de peau». Missionnée par la rédaction pour couvrir l’expulsion de Simon-Bolivar (et ses conséquences), elle se serait entendu dire par un CRS «Ah bon, depuis quand ils font travailler des Noirs à TF1 ?». La préfecture de police dit qu’une enquête pourrait être diligentée.
F. A., photo : mercredi soir, dans le 20e arrondissement, Pierre Mansat (au mégaphone) faisait un bref compte-rendu de l’entrevue des élus avec la police
juste une petite précision :
"le séjour irrégulier n’est plus un délit."
c'est à dire qu'un sans paps en situation irrégulière ne peut plus être jugé sur son irrégularité et se retrouver en prison, condamné à des mois ou années d'enfermement. Mais il pourra encore se retrouver en CRA (qui, parait-il, n'est pas une prison) et être expulsé, si ni le JLD ni le juge du TA ne le libère.
Rédigé par : Caro | 06/05/2011 à 11h19
@Caro,
Pour le cas d'espèce, cela signifie que ceux qui ne feront pas l'objet de poursuites pour “dégradation” ne peuvent pas être poursuivis pour séjour irrégulier.
…mais j'ose croire que, lorsque les liens cliquables comprennent un "ce" (comme «ce récent arrêt») le lecteur intéressé clique pour comprendre un sujet complémentaire déjà traité ici ou ailleurs. Utopie?
Rédigé par : Ménilmuche | 06/05/2011 à 11h34