Un «cambriolage suspect» a eu lieu dans les locaux du site Internet Mediapart, dans le 12e arrondissement de Paris, dans la nuit du 7 au 8 octobre, indique la rédaction dans un article payant. Deux ordinateurs et des cédéroms relatifs aux affaires Bettencourt Woerth ont disparu. Ces derniers jours, un journaliste du Monde, dans le 11e arrondissement, et un autre du Point, à son bureau dans le 14e, ont aussi été victime de vols d’ordinateurs. La police, devant une hausse de la délinquance, avait annoncé en septembre mettre le paquet pour quatre mois sur l'Est parisien. Cela n'aura pas suffi… pour des cibles par avance désignées.
Jamais deux sans trois. Hervé Gattegno, du Point, dont LePost.fr annonçait hier qu’il s’était fait voler son ordinateur, est donc la troisième victime, après Gérard Davet, du Monde, et le service communication de Mediapart… qui jouxte les bureaux de Fabrice Arfi et Fabrice Lhomme, à l’origine des premières révélations. «Dans la nuit du jeudi 7 au vendredi 8 octobre, un ou plusieurs inconnus se sont introduits, sans laisser de traces d'effraction, dans les locaux de Mediapart, situés passage Brulon dans le XIIe arrondissement de Paris. Le dernier employé, qui a quitté nos locaux à 22 heures le jeudi soir, avait refermé à clef derrière lui. Les vols ont été constatés le lendemain à 8 heures : l'ordinateur portable de la responsable de la communication du site, Yolande Laloum-Davidas, a été dérobé, de même que celui d'un stagiaire affecté au service communication. Les deux appareils étaient posés sur la même table. Le bureau sur lequel se trouvaient les ordinateurs est mitoyen des bureaux de Fabrice Arfi et Fabrice Lhomme – qui n'avaient pas laissé leurs ordinateurs à la rédaction ce soir-là –, les deux journalistes qui suivent l'affaire Bettencourt sur notre site depuis le départ», écrit la rédaction de Mediapart.
Plainte pour vol a été déposée «dès le vendredi 8 octobre» au commissariat d’arrondissement, mais les responsables du site Internet n’avaient «pas jugé nécessaire de médiatiser ce cambriolage» jusqu'à apprendre les mésaventures des deux confrères du Monde et du Point, toutes deux survenues près de deux semaines plus tard, le 21 octobre dans la journée pour celui du 11e arrondissement et dans la soirée pour celui du 14e dans les locaux du Point.
Du coup, ils ont effectué «d'autres vérifications» et se sont aperçu «que d'autres éléments avaient disparu», dont «toutes les archives de Mediapart depuis sa création». Mais, ajoute Mediapart, «ce n'est pas tout : ont également disparu les deux cédéroms contenant l'intégralité des enregistrements effectués clandestinement au domicile de Liliane Bettencourt par son ancien majordome et dont la diffusion a lancé l'affaire, le 16 juin. Les cédéroms étaient rangés dans l'un des tiroirs où Fabrice Arfi et Fabrice Lhomme rangent leurs documents, sous le bureau du premier nommé. Sur la base de ces nouveaux éléments, Mediapart précisera aujourd'hui au commissariat du XIIe les termes de sa plainte du 8 octobre».
Gérard Davet, grand reporter au Monde, affirme que son portable a disparu de son domicile du 11e arrondissement parisien dans la journée de jeudi. Plainte pour vol a été déposée samedi au commissariat d’arrondissement, et l’enquête est entre les mains du 2eDPJ. Le cambriolage a eu lieu «a priori par une fenêtre qui était pourtant fermée» (il habite un rez-de-chaussée), et un GPS, qui stocke ses derniers déplacements, a également disparu. Gérard Davet s’occupe, au Monde, du dossier Bettencourt, entre autres…
Le Monde avait à deux reprises porté plainte pour «violation du secret des sources», après avoir découvert que les factures téléphoniques de Gérard Davet avaient fait l'objet de deux enquêtes, dont une par la Direction du renseignement intérieur.
Dans la soirée de jeudi, une intrusion avait lieu aux locaux du Point, dans le 14e arrondissement. Deux ordinateurs ont été dérobés, dont celui de Hervé Gattegno, qui suit également l’affaire Bettencourt.
Ancien journaliste, le député Noël Mamère —qui n’avait pas encore connaissance du fric-frac à Mediapart— fait un lien évident entre les vols dont ont été victimes Gérard Davet et Hervé Gattegno. Il considère que «ce gouvernement utilise des pratiques de barbouzes, ni plus ni moins».
Trois cambriolages en deux semaines, le temps de voir que Mediapart ne réagit pas, avec pour cibles des journalistes travaillant sur la même affaire sensible, ne peut qu’interroger
Dans l’exposé général qui a conduit à la loi du 4 janvier 2010 relative à la protection du secret des sources des journalistes, on peut lire, sur le site Internet du Sénat : «sans secret des sources, le journalisme d'investigation ne peut pas exister» ou encore «chaque atteinte au secret des sources (…) est un traumatisme pour la profession». Encore faut-il ne pas se voiler la face.
Fabien Abitbol, dessin de KAT
C'est un phénomène statistique. Un évènement isolé n'apporte pas d'information. Il a une probabilité de survenir et il survient.
La répétition du phénomène n'implique pas que le hasard n'y soit pour rien. En jouant 10 fois au loto, on peut gagner 10 fois. Reste que la probabilité que cela arrive est plutôt mince, si mince qu'on en déduirait une tricherie.
Ici, c'est pareil. 3 cambriolages en si peu de temps portant préjudice à des journalistes qui travaillent sur une même affaire... c'est suspect. Cette répétition n'est pas une preuve, mais elle donne un sens, une grille de lecture des évènements et rend suspect de "tricherie", un certain nombre de mis-en-cause... Et cette suspicion n'est alors pas du tout illégitime.
Rédigé par : Tita | 27/10/2010 à 20h26
good information,thank you
Rédigé par : France | 08/11/2010 à 23h41