Dans un billet publié ce
mercredi et intitulé Ne stigmatisons pas les Roms, le Commissaire aux droits de l'Homme du Conseil
de l'Europe, Thomas Hammarberg, estime que renvoyer des familles roms d’un pays européen à
un autre ne résoud rien et que des problèmes concrets doivent être traités. Un bras de fer se joue entre diverses personnalités européennes et des dirigeants français sur certains ressortissants européens considérés comme indésirables en France par les autorités de l'Immigration.
« La discrimination des
communautés roms en Europe est une longue et douloureuse histoire. La
répression a atteint son apogée dans les années 1930 et 1940, lorsque les Roms
sont devenus la cible de régimes fascistes, en Roumanie et en Italie. Dans les
zones contrôlées par les nazis allemands, plusieurs centaines de milliers de
Roms ont été arrêtés, envoyés en camp de concentration ou directement
exécutés », rappelle M. Hammarberg (photo).
Pointant du doigt la France (où « la lutte engagée […] contre la criminalité a particulièrement visé
les Roms originaires de Roumanie et de Bulgarie ») et l’Italie, le Commissaire
européen aux droits de l’Homme indique que « l’antitsiganisme, qui sévit
toujours, est exploité aujourd’hui par des groupes extrémistes dans plusieurs
pays européens ».
M. Hammarberg demande que soit mis fin « au
discours stigmatisant » et et que soient menées « des actions pour
contrer la discrimination à l’égard des Roms, en premier lieu dans leurs pays
d’origine ». Il estime qu’« il faudrait commencer par donner aux
enfants une chance de s’instruire, et aux adultes, une chance de trouver un
emploi. »
Mercredi, le
président Nicolas Sarkozy en a remis une couche en suggérant, devant des
sénateurs UMP, que le Luxembourg, dont est originaire la Commissaire européenne
Viviane Reding, accueille les Roms (lire ici).
Les expulsions de Roms par la
France sont une « honte », avait déclaré mardi Viviane Reding, se disant
« consternée » et « convaincue » qu'une procédure allait
être engagée contre la France pour infraction à la législation européenne.
Mardi, au moins 220 Roms ont été expulsés de France : 69 (sur une centaine attendus)
sous forme de ”retour humanitaire”, selon l’expression consacrée,
depuis Marseille, et environ 160 au départ d’un aéroport parisien, sans la
présence de la presse, cette fois, a précisé une source aéroportuaire citée par l’AFP.
Pour sa part, José Manuel
Barroso, le président de la Commission européenne, a apporté son soutien et celui de la Commission à Viviane Reding, qui demande des explications « dans les plus brefs délais » à Paris au
sujet d’une circulaire controversée ciblant les renvois de Roms. Le site Internet Le Canard social avait mis au grand jour, le 9 septembre, trois circulaires sous le titre Expulsions de Roms, un «mode d'emploi» explicite.
Fabien Abitbol, ph. Conseil de
l’Europe
è La page thématique des droits des roms sur le portail du Conseil de l’Europe
Serions-nous jaloux de leur liberté, nous qui sommes rivés à nos "possessions" comme moutons en leur enclos ?
http://www.youtube.com/watch?v=y2BomAUku9w
Rédigé par : Anne-Marie | 16/09/2010 à 12h21