Du fait de la notoriété de la personne mise en cause (le sénateur UMP, président de sociétés, avionneur, patron de presse, maire de Corbeil-Essonnes, dans l’Essonne, et président de l’agglomération Seine-Essone… Serge Dassault), on en parlait jusqu’en Autriche. Même Le Figaro (qui appartient au mis en cause) a relayé une dépêche AFP où l’on peut lire : « Il a également relevé une conversation sur un marché entre les deux candidats, filmée au micro caché par le clan Piriou, dans lequel le communiste demande à son opposant s'il "donne de l'argent" aux électeurs. "Très peu", répond-il. »…
L’élection (ou plutôt la
réélection) de Serge Dassault à la mairie de Corbeil-Essonnes en mars 2008
était peut-être sujette à caution. Relayant le ministère de l’Intérieur, le
Figaro, propriété de Serge Dassault via la Socpresse, donnait pour résultat 170 voix d’avance à la liste de l’UMP.
Lundi matin, dans sa rubrique politique, Le Parisien annonçait que le Conseil d’Etat -par le
biais du rapporteur public (nouvelle dénomination du « commissaire du
gouvernement »)- se trouvait en possession de nouveaux éléments laissant
penser qu’il pouvait y avoie eu tricherie. Lors d’une première saisine, la
juridiction administrative avait validé l’élection déjà contestée. A compter de
la remise des nouvelles conclusions de ce mercredi, elle sera amenée à trancher
de nouveau d’ici deux à trois semaines.
Dans le camp Dassault, on agite le spectre de la plainte en diffamation. Ce mercredi, le rapporteur public devant le Conseil d'Etat a recommandé l'annulation du scrutin et la tenue d'un nouveau vote, au moins pour le second tour des élections municipales de Corbeil-Essonnes de mars 2008, entachées selon lui d'irrégularités. La décision a été mise en délibéré.
Le candidat communiste battu lors de ce scrutin, Bruno Piriou, accusait le maire sortant de s'être fait réélire illégalement, notamment en utilisant des moyens de la commune et en achetant une partie de ses voix. Le rapporteur public Luc Derepas a ouvert la possibilité au Conseil d'Etat de prononcer son inéligibilité ; il a aussi recommandé de prononcer la même sanction à l'égard du candidat communiste pour n'avoir pas inclus certaines dépenses dans ses comptes de campagne.
Selon le rapporteur, les faits reprochés à M. Dassault portent sur 86 voix, or les élections se sont jouées à 170 voix d'écart, ce qui était donc suffisant pour faire basculer le scrutin. En sus, il apparaît selon le rapporteur public que les dons en argent « n'étaient pas une pratique ponctuelle mais étaient pratiqués sur une échelle assez importante ». Ainsi, Serge Dassault aurait dépensé quelque 30 000 € qui auraient dû être intégrés à ses comptes de campagne, et il y aurait la possibilité de « prononcer l'inéligibilité » du candidat de l'UMP…
Agé de bientôt
quatre-vingt-quatre ans, déçu du Chiraquisme, Serge Dassault, ces dernières
années, s’est montré proche de Nicolas Sarkozy, avec, entre autres, les mêmes idées libérales.
F. A.
è Un jeune témoigne avoir distribué des enveloppes pour Dassault (Bakchich Info,
mars 2009)
è Enquête sur Thales, une société qui vous veut du bien (Changement de société, décembre 2008)
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