Les patients épileptiques mal observants avec leur traitement ont un risque accru de décès, montre une étude britannique
L'épilepsie est associée à une surmortalité mais le lien entre l'observance thérapeutique et la morbi-mortalité a été peu étudiée chez les patients épileptiques, indiquent le Dr Edward Faught, du Citivan International Research Center, et ses collègues, rappelant que selon les études, le taux de mauvaise observance thérapeutique varie de 30 % à plus de 70 %.
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Selon l'étude menée par le Dr Faught et son équipe, une première du genre, les conséquences d'un mauvais suivi de traitement peuvent aller jusqu'à la mort, avec des disparité par âge et sexe
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Pour mieux évaluer l'impact de la mauvaise observance, ils ont conduit une analyse rétrospective des données de Medicaid pour le New Jersey, l'Iowa et la Floride, soit 33 658 patients adultes pris en charge entre 1996 et 2007 pour une épilepsie et s'étant fait prescrire au moins deux anti-épileptiques.
L'observance a été évaluée à partir des médicaments dispensés en pharmacie, en calculant le rapport entre le nombre de jours dans un trimestre pour lesquels au moins un anti-épileptique a été délivré et le nombre total de jours dans ce même trimestre (rapport MDR). Les patients étaient considérés comme observants lorsque le rapport MDR était égal ou supérieur à 0,8.
Un total de 525 114 trimestres de prise d'anti-épileptiques étaient renseignés dont 74 % étaient associés à un MDR égal ou supérieur à 0,8.
Globalement, les patients mal observants avaient plus souvent plus de 65 ans, étaient plus souvent des femmes et présentaient un indice de morbidité de Charlson plus élevé.
Sur l'ensemble de la cohorte, 5 405 décès ont été relevés dont 1 691 parmi les patients observants, 2 797 chez les mal-observants et 917 chez les épileptiques non traités.
L'analyse multivariée des données montre que le risque de décès est multiplié par 3,32 chez les patients mal observants comparés à ceux qui prennent rigoureusement leur traitement. Le résultat n'était pas significatif pour les patients non traités.
La mauvaise observance thérapeutique est également associée à des risques accrus de visites aux urgences, d'hospitalisation et de fractures, augmentés respectivement de 50 %, de 86 % et de 21 % par rapport aux patients observants. Les patients mal observants ont aussi un risque d'accidents de la route doublé par rapport à ceux qui sont observants.
Il apparaît toutefois que le risque de blessures à la tête est réduit de 27 % chez les patients mal observants.
Les résultats indiquent aussi que le risque de décès est accru chez les femmes, de 17 % par rapport aux hommes, qu'il augmente avec l'âge, étant multiplié par 1,69 chez les 39-64 ans et par 3,45 chez les plus de 65 ans par rapport aux 18-39 ans, ainsi qu'avec les comorbidités, étant accru de 54 % en cas de maladie d'Alzheimer, de 39 % en cas de tumeur cérébrale, de 8 % en cas de méningite et de 21 % en cas d'accident vasculaire cérébral.
Cette étude montre qu'une épilepsie mal contrôlée peut avoir des conséquences cliniques graves, et en particulier la mort. Il est donc essentiel de mieux comprendre les facteurs qui influencent l'observance thérapeutique et de développer des stratégies favorisant la bonne observance, concluent les chercheurs.
Source : Agence de presse médicale, Washington, 29 décembre (Neurology, vol.20, n°11, pp.1.572-78)
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