On craint le pire pour cette fillette française disparue depuis trois mois
« L’Affaire Rose ». C’est ainsi que certains médias israéliens appellent la disparition d’une petite française de quatre ans, autour de laquelle la police entretient, pour des raisons inexpliquées, une certaine discrétion. La fillette n’est recherchée que depuis deux à trois semaines, mais sa disparition pourrait remonter à trois mois, date à laquelle son arrière grand-mère, domiciliée en Israël, a commencé à ne plus avoir de ses nouvelles directes. Rose est (ou était) la fille de Marie-Charlotte, une Française dont la mère réside en banlieue parisienne, et de Benjamin, un Israélien. Un homme de 45 ans (son propre grand-père) a avoué l’avoir tué, mais est revenu sur ses aveux et a donné sept versions différentes en deux semaines, a indiqué Guysen TV dans son magazine hebdomadaire daté du 29 août. On ne sait si la petite Rose a réellement été assassinée. Sa présence en vie sur le sol français est même envisagée.
L'opinion israélienne est bouleversée. C’est la première fois, semble-t-il, dans l’histoire du pays, qu’une telle chose se produit. Près de 24 ans après le Grégory de la Vologne… « Nous ne pouvions plus stopper les rumeurs entourant l'affaire », a expliqué un officier de police proche du dossier.
Ronny Ron, un résident de Netanya (à une trentaine de kilomètres de Tel-Aviv, où vivent beaucoup de Français expatriés) âgé de 45 ans a, dans un premier temps, avoué le meurtre de Rose, sa petite-fille. Car en fait l’histoire de la famille est assez complexe. La petite Rose est issue de l'union de Marie-Charlotte et Benjamin, tous deux âgés de moins de vingt ans quand la fillette vient au monde. Après sa naissance, le couple part en Israël rendre visite à la famille de Benjamin. A la fin du séjour, Benjamin retourne en France avec Rose, alors que Marie-Charlotte, amoureuse de Ronny (le père de Benjamin) reste en Israël… Ensemble, ils ont deux garçons ; ils déménagent alors à Netanya. Voici un an, Marie-Charlotte découvre que sa fille Rose est hospitalisée en France.
Tuée par son grand-père ou en vie en France ?
Marie-Charlotte et son deuxième mari, Ronny, se lancent alors dans une bataille juridique pour obtenir la garde de la fillette, convaincus que celle-ci sera en de meilleures mains en Israël, auprès de sa mère. Mais Rose ne se fait pas à la vie là-bas. Déracinée, elle ne parle pas un mot d’hébreu et est considérée comme un enfant « à problèmes », présentant notamment des troubles de communication. Par surcroît, elle parle à peine le français à ce qui se dit dans la communauté française locale.
N'ayant pratiquement pas connu sa mère, elle éprouve de grandes difficultés à se familiariser avec sa « nouvelle famille » (dont sa propre mère).
Le grand-père, Ronny, a décrit en détails le meurtre de Rose : il dit l’avoir étouffée, coupée en morceaux, et mise dans une valise, avant de jeter cette dernière dans un canal proche de la rivière Yarkon (27,5 km, qui longe entre autres Tel-Aviv, et est connue pour sa pollution et les Maccabiah Games, les Olympiades israéliennes). La police israélienne, qui n’a rien retrouvé, pense que le meurtre (s’il a eu lieu) aurait plutôt été commis en mai dernier, mais la disparition de la petite fille n'a été officiellement enregistrée qu’à la fin de la première quinzaine d’août.
Le couple constitué par la mère et le grand-père de Rose avait pris pour habitude de confier souvent la petite à Vivian, l'arrière grand-mère de Rose (la mère de Ronny). Mais Vivian demandait souvent à son fils de s'occuper de Rose, et de ne plus l'amener chez elle. En mai, après une discussion violente entre le fils et sa mère, Ronny est venu, dit-elle, chercher Rose et a pris une valise dans laquelle il a mis les affaires de la fillette.
Cet été, Vivian, s'inquiétant de n'avoir aucune nouvelle de Rose, a écrit aux instances locales chargées de l‘enfance (le Conseil National pour l'Enfant, en Israël, aux pouvoirs beaucoup plus larges et surtout connus que ceux de la Défenseure des enfants en France) pour déclarer la disparition de son arrière-petite-fille, et le courrier a suivi aux autorités compétentes.
Et c’est là que sont entrées dans le jeu la municipalité, la police, et la justice.
Les diverses versions de Ronny Ron l’ont conduit en prison. Marie-Charlotte, la mère biologique, s’y trouvait encore il y a quatre jours pour n’avoir pas signalé un meurtre. Quant à Vivian (l’arrière grand-mère), arrêtée lorsque l'affaire a éclaté, elle a été remise en liberté.
Toujours est-il qu’il n’y a pas de cadavre dans cette étrange affaire et que, dans son magazine hebdomadaire daté du 29 août (diffusé le 30), la chaîne de télévision israélienne francophone d’informations en continu Guysen TV, effectuant un reportage sur place, n’excluait pas que la fillette soit en vie et en France (voir reportage vidéo dans les notes ci-dessous).
Selon Le Monde daté du 30 août, « l'émotion est telle que le ministre de la sécurité intérieure, Avi Dichter, s'est rendu jeudi sur le site des recherches, sur les bords du Yarkon, et a voulu se montrer rassurant : "Rose, dans sa famille, a davantage vécu dans une prison que dans un véritable foyer. En tant que société, nous n'avons pas été au côté de cette petite fille sans défense. La police israélienne fera tout ce qu'elle peut pour la retrouver." »
Fabien Abitbol, avec entre autres le Jerusalem Post, le Yediot Aharonot, l'agence francophone Guysen, l'AFP, et Le Parisien
⇒ Guysen TV a consacré un reportage à l’affaire dans le cadre de « 7 jours au Proche-Orient » du 29 août, que l’on peut visionner en cliquant ici (2e sujet, à la 4e minute). Une « exfiltration » de la fillette vers la France y est évoquée. Ainsi que le fait que le grand-père, passé aux aveux, a donné sept versions différentes des faits !
⇒ Rose, 4 ans, disparue en Israël depuis trois mois (Le Parisien, 26 août)
⇒ Disparition de Rose : la fillette avait été placée en France (Nouvel Observateur, 28 août)
⇒ Le corps de Rose reste introuvable malgré les aveux du grand-père (Jacques Guez, AFP Tel-Aviv, 28 août)
⇒ Rose, l’enfant martyr que pleure Israël (Libération, 29 août)
⇒ Le portrait de Rose, 4 ans et demi, enfant martyre, par sa grand-mère (Tupac Pointu, AFP Fécamp, 30 août)
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