L’ancien pilote avait créé (et détruit) « La Voix de la Paix »
Abie Nathan, ancien pilote, militant pacifiste et fondateur de la radio « La Voix de la Paix », est mort mercredi à l'hôpital Ichilov de Tel Aviv, à l'âge de 81 ans, a-t-on appris de source médicale. Né le 29 avril 1927 en Perse, ayant grandi en Inde, il avait rejoint les forces aériennes britanniques au cours de la Seconde Guerre mondiale et fut pilote volontaire dans l'armée israélienne naissante pendant la guerre de 1948. En 1973, il créait la première radio pirate du Moyen-Orient consacrée à la paix, « La Voix de la paix », à partir d'un bateau amarré en Méditerranée : il s’agissait d’un projet financé en partie par… John Lennon. Selon le Ha'Aretz, cité par Courrier International, Abie Nathan était « peut-être le seul Israélien à s'être senti coupable en 1948, lorsque, pilote, il eut à bombarder des villages palestiniens ».
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Depuis une douzaine d'années, Abie était devenu malade et fortement diminué. Il a fini sa vie dans une maison de retraite, pour décéder avant-hier dans un hôpital de Tel Aviv.
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Abie Nathan avait fait irruption avec éclat sur la scène diplomatique du Proche-Orient, en 1966, en effectuant un vol en solo vers l'Egypte à bord d'un petit monomoteur, le Shalom One, et ce plus de dix ans avant que les deux pays ne signent un traité de paix.
Avec ce coup d’éclat, qui lui valut davantage un succès d’estime qu’une ouverture politique vis-à-vis des dirigeants égyptiens, il entama une longue et souvent solitaire croisade pour mettre fin au conflit israélo-arabe. Auteur et acteur entre autres de grèves de la faim, de « vols de la paix », de rencontres avec tous les dirigeants et intellectuels de la planète, et de l’épopée de son bateau-radio-pirate « La Voix de la Paix », en partie financé par John Lennon.
Yossi Sarid, un « élu colombe » de la Knesset (le parlement israélien), lui a rendu hommage en ces termes : « Il était en avance sur son temps, et il faisait tout lui-même ».
Né en 1927 en Iran, élevé en Inde et pilote de la Royal Air Force britannique avant d'immigrer dans le tout jeune Etat hébreu en 1948, Abi Nathan ouvrit un restaurant-galerie qui pris rapidement une place de choix dans la vie bohème de Tel Aviv. Le genre de « dernier salon où l’on cause ».
Il faut bien que quelqu’un fasse quelque chose
Une de ses phrases préférées était « il faut bien que quelqu'un fasse quelque chose ». « Shalom, salaam, paix à tous nos auditeurs », lança-t-il lors de la première diffusion sur les ondes de « La Voix de la Paix », en 1973, ajoutant : « nous espérons qu'avec cette radio nous aiderons à soulager la douleur et guérir les blessures de nombreuses années de souffrance pour les peuples du Proche-Orient ».
Pendant une vingtaine d’années, cette radio pirate, très populaire auprès des jeunes, était l’une des rares de la région à diffuser la même musique que celle des radios « branchées » occidentales. L'anglais était la langue principale, malgré les informations arabes et israéliennes.
Violant la loi israélienne à plusieurs reprises, notamment lors de ses rencontres avec Yasser Arafat, chef de l'OLP (qu’il allait jusqu’à appeler « mon frère ») Abie Nathan passa souvent par la case prison, dont une fois (en 1989), pour une durée de 122 jours. Derrière les barreaux, cela ne l’empêchait pas d’échafauder d’autres idées… pour récidiver.
En 1993, pour la signature des Accords d'Oslo, plein d'espoir de voir la paix à l'horizon, il fit un geste symbolique fort : il coula le navire de « La Voix de la paix ». Lui aussi y a cru !
Malade depuis 1996, handicapé et ne pouvant plus parler, il quitta la vie publique. Puis s’installa dans une maison de retraite. En 1996 encore, il expliquait à un journaliste de l'Associated Press qu'il voulait qu'on inscrive sur sa tombe la phrase suivante : "Nissiti", (en hébreu : « j'ai essayé »).
Le combat humanitaire d'Abie Nathan le poussa également à envoyer de l'aide aux victimes des guerres ou famines de par le monde, Biafra, Cambodge, Nicaragua, Liban, Zaïre...
Fabien Abitbol, avec AP et Courriel International
⇒ Sous le titre Salut Abie !, la branche française de La Paix maintenant a publié hier après-midi un hommage à Abraham Jacob Nathan, né le 29 avril 1927 en Iran, élevé en Inde, pilote de chasse de la RAF, qui avait immigré en Israël en 1948, dès la création de l’Etat.
⇒ La dépêche AFP-Jérusalem, datée du 27 août.
⇒ La Voix de la Paix s’est éteinte, sur Un écho d’Israël
⇒ Le site Internet de Abie Nathan en Anglais et en hébreu.
De passage, dans les années 80, au Moyen Orient, je me souviens avoir écouté la radio d'Abie Nathan.
Je me rends compte aujourd'hui que je sais bien peu de choses sur lui.
A t il publié ses mémoires ?
Sacré personnage !
Rédigé par : kalli | 29/08/2008 à 22h02
Je ne crois pas, non. En revanche, ce que j'ai trouvé (par le wiki allemand), c'est le livre "1967", de Tom Segev (et Jessica Cohen), dont il me semble qu'une réédition française est sortie à l'occasion des quarante ans des événements de 67.
Mais sur les 600 pages (en anglais) de ce bouquin, il n'y en a pas 50 sur l'individu !
Rédigé par : Fabien | 29/08/2008 à 22h19