Il envisage de faire appel
Jean-Marie Le Pen, président historique du Front national a été condamné aujourd’hui à trois mois de prison avec sursis et 10 000 € d'amende pour avoir qualifié en 2005 de « pas particulièrement inhumaine » l'occupation allemande de la France durant la Seconde Guerre mondiale. Son avocat a affirmé qu'il allait sûrement faire appel. Le casier judiciaire du "chef" commence à s'allonger…
Le tribunal correctionnel de Paris a reconnu le dirigeant du FN coupable de complicité d'apologie de crimes de guerre et de contestation de crime contre l'Humanité, à la suite de ces propos publiés en janvier 2005 dans l'hebdomadaire Rivarol. Lors de l’audience du vendredi 14 décembre 2007, une peine de cinq mois de prison avec sursis et une amende de 10 000 € avaient été requises. Absent à l’audience, M. Le Pen avait tenu les propos incriminés en janvier 2005. Il avait alors notamment déclaré : « en France du moins, l'occupation allemande n'a pas été particulièrement inhumaine, même s'il y eut des bavures, inévitables dans un pays de 550 000 kilomètres carrés ».
Pour le tribunal, M. Le Pen « tente d'instiller un doute sur ce qui a pu être commis par les nazis sur le territoire français comme la déportation des Juifs ou les persécutions contre les résistants et qui constituent autant de crimes contre l'Humanité ».
Agé de 79 ans, Jean-Marie Le Pen a déjà été condamné à plusieurs reprises notamment pour propos racistes. En janvier 2005, les propos litigieux de M. Le Pen avaient fait l'objet d'une condamnation unanime des associations et formations politiques et le ministre de la Justice de l'époque, Dominique Perben, avait lui-même demandé au parquet d'ouvrir une enquête. Se disant victime de « persécution », il avait déclaré ne se sentir « absolument pas coupable ». Dans son jugement, le tribunal a aussi estimé que le président du FN avait « réécrit l'histoire », dans le récit d'un massacre par les troupes allemandes à Ascq, dans le Nord de la Farnce, qui avait fait plusieurs dizaines de victimes. Les magistrats ont dénoncé « une falsification historique délibérée », M. Le Pen ayant « donné de la Gestapo une image positive » en « occultant les crimes dont elle s'est rendue coupable ».
Le président du FN a déjà été condamné à de multiples reprises pour des déclarations controversées, mais cette fois, « c'est une condamnation très lourde, rarissime en droit de la presse », a déclaré l'avocat du Mrap, Me Richard Sebban, saluant une condamnation « à la hauteur de la falsification gravissime », commise par Jean-Marie Le Pen.
Le journaliste de Rivarol Jérôme Bourbon, et la directrice de publication, Marie-Luce Wacquez, ont pour leur part été condamnés à respectivement 2 000 et 5 000 euros d'amende. Les trois prévenus devront verser solidairement un euro de dommages et intérêts à l'association des Fils et Filles de Déportés Juifs de France et 1 000 € à chacune des autres associations parties civiles (Mrap, Ligue des Droits de l'Homme, Fédération nationale des déportés et internés résistants patriotes).
« Il y a 100 % de chances que Jean-Marie Le Pen me demande d'interjeter appel », a immédiatement déclaré son avocat Me Wallerand de Saint-Just, stigmatisant « un jugement qui viole la liberté d'expression ».
M. Le Pen a déjà été condamné notamment en 1991 à verser 1,2 million de francs (183 000 €) à onze associations pour avoir déclaré, à propos de l'existence des chambres à gaz nazies : « Je n'ai pas spécialement étudié la question mais je crois que c'est un point de détail de l'histoire de la deuxième guerre mondiale ».
Deux ans plus tard, la cour d'appel de Paris le condamnait à une amende pour un jeu de mot injurieux, « Durafour crématoire », visant un membre du gouvernement Rocard, le ministre d’ouverture Michel Durafour.
Il a été aussi condamné, en 1998, à un an d'inéligibilité et trois mois de prison pour « violences » envers une candidate socialiste dans le cadre d'élections législatives. A la suite de cette affaire, il avait perdu son mandat de député européen, mais la Cour de justice européenne de Luxembourg l'avait ensuite rétabli dans cette fonction.
En février 2005, M. Le Pen avait été condamné à 10 000 € d'amende pour des propos publiés dans le journal Le Monde : « Le jour où nous aurons en France, non plus 5 millions mais 25 millions de musulmans, ce sont eux qui commanderont et les Français raseront les murs, descendront des trottoirs en baissant les yeux… »
M. Le Pen avait connu son premier (et unique) ancrage local dans le 20e arrondissement, lors des municipales de 1983. Lors de sa campagne pour la présidentielle de 1988, des échauffourées l'avaient opposée à des militants socialistes, menés par le député PS de l'époque, Michel Charzat, l'actuel maire du 20e. Cette année, il n'y aura pas de représentant du FN aux municipales dans le 20e arrondissement…
A quand une diffusion sur une grande chaîne de ce documentaire passé en décembre 2007 sur la chaîne parlementaire ?
Fabien Abitbol, avec AFP, dessin de Cabu
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