« Nous sommes », « nous sommes inaudibles », « mauvais »… Hier matin, chez beaucoup d'intervenants à la tribune du Conseil national interrégional des Verts, l'heure est à l'autoflagellation. Il faut dire que, pour le mouvement écologiste réuni à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), la période est très difficile et les troupes sont moroses. Après plusieurs échecs électoraux (Dominique Voynet a recueilli 1,57 % au premier tour de la présidentielle), les Verts peinent à rebondir.
Laurence Abeille, élue d'Ile-de-France, résume la situation : « Nous sommes en plein désastre financier et électoral. » Hier matin, à Saint-Denis, des salariés du siège national des Verts arboraient des autocollants « salariés en grève, hélas ». Une première au sein du mouvement. Les vingt employés de la Chocolaterie (le siège du parti), rue du Faubourg-Saint-Martin, dans le 10e arrondissement, à Paris, sont en grève illimitée depuis vendredi. Endetté, sous la pression des banquiers, le parti est contraint de réduire sa masse salariale. Alors que huit personnes auraient accepté un départ volontaire, les grévistes, qui distribuent des tracts, sont en conflit avec la direction sur le montant de leurs indemnités. Cette compression de personnel fera l'objet d'un vote aujourd'hui, puisque le Cnir devra valider le budget 2008. « On ne licencie pas parce qu'on fait des bénéfices, précise Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts, mais parce qu'on est pris à la gorge. »
Une réforme des statuts
Mais c'est aussi sur son avenir politique que s'interroge ce week-end le mouvement écologiste. Avec le Grenelle de l'environnement, mené par Nicolas Sarkozy, les Verts se sont sentis « pillés ». Lors du débat sur le sujet hier, les intervenants évoquent certaines avancées mais demandent des actes au gouvernement. Yann Wehrling, l'un des porte-parole, souligne les « ambiguïtés » du discours du président, quand Yves Cochet parle, lui, de « politique spectacle ». Pour Cécile Duflot, qui décrit la gauche comme « un champ de ruines », « l'écologie politique doit se remettre en chantier pour convaincre ».
La reconstruction passe par la réforme des statuts qui, elle aussi, sera soumise au vote aujourd'hui. Il s'agit notamment de faciliter l'adhésion des militants par Internet (8 200 adhérents actuellement), de créer une sorte de bureau national pour harmoniser la parole publique des Verts, et de modifier le vote à majorité qualifiée. Mireille Ferri, secrétaire nationale adjointe à la réforme, reconnaît qu'il y a une certaine tension, mais estime qu'un consensus devrait se faire sur beaucoup de points, tout comme Jean-Vincent Placé, élu d'Ile-de-France. Et Cécile Duflot, pas d'accord sur toutes les réformes envisagées, veut néanmoins le changement : « Nous avons le choix : se retrousser les manches ou abandonner les Verts. » Dans cette ambiance, Samir, venu d'Alsace, veut rester optimiste : « Une fois qu'on a touché le fond, on ne peut que repartir. » Les Verts ont voté pour la motion jugeant « préférable de ratifier le traité modifié européen ». Le Cnir a mandaté les représentants des Verts pour soutenir un appel à une ratification par référendum.
Rosalie Lucas, pour Le Parisien. Photo Carol Amar/LP.
A lire : Les Verts modifient leur fonctionnement et espèrent une « nouvelle ère » (dépêche AFP du 25 novembre, 15h52)
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