Un polar à l’ambiance parisienne
Pioché, dans le catalogue des éditions aixoises Persée, le premier livre de Gilles Martin Simonet, qui, comme votre ouaibemaître préféré, a suivi sa scolarité à Angers avec icelui et qui a vécu dans l’Est Parisien (Ménilmontant et Montreuil, entre autres), avant de partir en 2004 en mission en Afrique.
Présentation de l’éditeur :
Un nouveau-né est abandonné dans une carrière désaffectée de la banlieue parisienne. Un jeune homme passant par hasard ramène à la vie cet enfant que l’ignominie ou la désespérance avait placé là. On le prénomme Pierre, en référence à l’univers minéral qui lui a servi de maternité.
Entraîné malgré lui dans une histoire dont il ne perçoit pas toute l’étendue, Alain, le jeune sauveteur, se laisse envahir par des émotions contradictoires dont il ne connaissait pas la saveur et qui vont rapidement effriter une à une ses dernières certitudes.
La conséquence de ce fait divers sordide, c’est la confrontation de deux existences marquées par l’amertume et la frustration, deux personnages enfermés à différents niveaux dans un carcan de lassitude et de désillusion dont ils s’évadent par le mensonge.
Voyageur dans l’âme, Gilles Simonet porte un regard légèrement désabusé, teinté de nostalgie sur un monde qu’il aime observer à distance comme pour mieux en saisir les incohérences.
Le Temps d’une Illusion, Gilles Martin Simonet, Roman, 170 pages, 15 € prix France, ISBN 13: 978-2-35216-055-7
• Editions Persée
67, cours Mirabeau,
13100 Aix-en-Provence (tél. : 04 94 17 29 80)
• Editions Persée
38, rue de Bassano,
75008 Paris (tél. : 01 47 23 52 88)
(Vente par correspondance : + 2 €)
• Extrait du livre :
« Alain les surprit en plein travail alors qu'ils faisaient quelques prises. Le journaliste le salua en le regardant à peine. L'homme qui portait la caméra n'avait pas daigné lui adresser le moindre regard, comme s'il constituait une entité, en tout point négligeable. Il avait un physique assez peu banal et semblait éprouver toutes les peines du monde, à mouvoir son énorme et dissymétrique charpente avec un minimum de naturel. Tout en lui paraissait bancal et mal fichu, comme son visage marqué par les stigmates d'une vie rude ou ingrate. Il manipulait en revanche son attirail avec une indéniable dextérité, à tel point, qu'on put croire qu'il s'agissait de jouet en plastique. Il devait faire plus de cent kilos, répartis sur l'ensemble du tronc plutôt que sur ses membres, en comparaison, relativement fluets. Ce physique bizarre, associé à des manières assez peu engageantes rendaient l'homme inabordable et Alain comprit qu'il lui serait pour ainsi dire impossible de nouer un quelconque contact avec un type pareil. Quant au journaliste, il s'attendait à un tout autre personnage.« C'était un bel homme d'une quarantaine d'années. A la fois nonchalant dans ses gestes et directif dans ses propos, il traitait son associé comme un vulgaire sbire, éructant chacun de ses ordres, ne le laissant ni souffler, ni donner son avis. Son visage se distinguait par des sourcils terriblement épais et broussailleux qui s'imposaient à ses yeux très clairs, au contraire de ses cheveux clairsemés qui dégageaient intégralement un front volontaire. Ses joues légèrement creusées finissaient de donner à ce visage une nervosité, une force intimidante. L'effet romanesque du personnage était entretenu par une chemise ample, à large col, portée avec une prétention affichée, qui flottait au gré du vent, à mesure de ses déplacements, faisant mine de s'imprégner du lieu, affectant de chercher le bon angle, humant l'air, invectivant de temps à autre son faire-valoir. Ce cirque dura quelques bonnes minutes, avant qu'il ne se décide enfin à décocher une oeillade magnanime en direction d'Alain, qui commençait sérieusement à se demander ce qu'il foutait là, tout en se sentant incapable de laisser en plan ces deux hommes antipathiques. Désemparé, il se contentait d'attendre docilement que l'on s'adressât à lui.
« C'est alors que le journaliste se dirigea vers lui, d'une démarche traînante. Il ne l'avait toujours pas salué et ne parut pas décider à le faire. Il était encore à quelques mètres d'Alain, lorsqu'il commença à l'apostropher.
« - Bon alors, Monsieur Gillard, on va procéder par étape. Je vous ai dit que les scènes que nous allons tourner avec vous, vont s'inscrire dans toute une série de reportages, alors surtout ne vous focalisez pas sur l'événement en lui-même, c'est pas ça l'important. Du moins ce n'est pas ça qui m'intéresse. Ce qui m'intéresse, moi, c'est de comprendre la logique des événements, ce qu'il y a d'implacable dans leur enchaînement. Il faut essayer de se détacher au maximum de l'événement. Comment les choses s'imbriquent. Vous me comprenez. Je vais vous poser des questions, vous allez répondre le plus simplement du monde, sans tenter de faire de grandes envolées, ça ne sert à rien. Dimitri vous suivra caméra sur l'épaule, ne faites pas attention à lui. On cherche à se connaître, on parle comme ça simplement, tranquillisez-vous. Je suis à côté de vous, je suis un ami, cela fait si longtemps qu'on ne s'est vus. Vous me parlez de votre vie, de votre quotidien. Et puis moi, un moment j'aborderai, les faits, à quelle heure, quand, pourquoi. »
Si vous ne trouvez pas l’ouvrage en librairie, il est possible de le commander à la FNAC.
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