J'ai testé... le Soundwalk
On connaissait les audio-guides de musées, qui transforment les visiteurs paumés et bruyants en autistes disciplinés. La série Soundwalk (fichiers mp3 à 12 euros en téléchargement) décline le concept à l’échelle d’un quartier. Loin du parcours culturel classique, le Soundwalk, narré par des actrices, se veut une expérience sensorielle unique». On est d’ailleurs avertis d’emblée: «Soyez prêt pour l’inattendu, comme dans la vie.» Visite de Belleville avec Florence Loiret-Caille.
Play. Une voix féminine me prend par la main, ou plutôt par l’oreille. « Bonjour, c’est Florence, rendez-vous au café Charbon, 97, rue Oberkampf… Vous y êtes ? Installez-vous au comptoir et commandez un café… » Je m’accoude au zinc, mes écouteurs sur les oreilles. Le serveur m’adresse la parole et, forcément, je n’entends rien à ce qu’il raconte… Pause, je retire mes écouteurs. Il me redemande ce que je veux boire. Florence m’a dit de commander un café alors je m’exécute. Play, je remets mes écouteurs.
Lever les yeux ou guetter dans les coins
« J’adore ce café, il y a toute une clique d’habitués. Vous voyez cet homme à la forte carrure, c’est un scénariste… » Alors qu’une galerie de personnages sonores prend forme entre mes oreilles, je me mets à dévisager les clients. C’est un peu malpoli, très voyeuriste mais pas désagréable. Piste suivante, musique d’ambiance, Florence m’emmène dans la rue.
Un bruit de pas résonne. « Suivez le rythme pour ne pas vous perdre. Un, deux, un, deux… » Le tempo de la narration est soigneusement calé sur celui de la marche. Du coup, paysage auditif et paysage visuel se superposent parfaitement. Balcons en fer forgé, graffitis fluos, discrète mosquée ou énorme église sri lankaise: la voix m’invite à lever les yeux ou guetter dans les coins.
Si la concierge vous demande, dites-lui que vous habitez ici
« Vous voyez cette grille noire ? Appuyez sur le bouton argenté et composez le code… » Florence me susurre le code d’entrée d’un passage privé rue Saint-Maur, en me précisant bien de le garder pour moi. Je traverse une allée fleurie, longe des ateliers d’artistes, avant de ressortir de l’autre côté du pâté de maison. Avec la plaisante sensation d’avoir pénétré quelque part par effraction. Un peu plus loin, nouvelle grille, nouveau code. Je m’introduis dans un immeuble pour accéder à une passerelle qui surplombe le boulevard de Belleville. Florence murmure : « Chut ! Vous voyez à droite ? C’est la loge de la gardienne, si elle vous demande, dites-lui que vous habitez ici. »
Mais au 93, rue Jean-Pierre Timbaud, ça capote. Je compose le 25B70 et… la porte ne s’ouvre pas. Ben alors Florence? Tu m’as refilé le mauvais code? Notre relation débutait pourtant si bien… Pas grave, de toute façon le parcours tire à sa fin. Le temps encore de découvrir un café « vestige de la culture juive tunisienne » et l’endroit où les Versaillais ont fait tomber la dernière barricade de la Commune. Enfin, rue de Belleville, la voix tire sa révérence. Ciao Florence ! Sans rancune...
© Medhi Fikri, pour 20 Minutes Paris
L’ensemble des promenades est ici. De l’Inde à New York, en passant par Belleville, et Le Louvre et son Da Vinci Code, site américain « oblige »… Pour Paris, on trouve Lou Doillon (Pigalle), Isild Le Besco (Le Marais), Hélènes Fillières (Port-Royal) et Virginie Ledoyen (St-Germain). La fiche wikipédia sur les guides touristiques est là.
Commentaires