D’accord sur les objectifs, pas sur les moyens. Plusieurs membres de l’opposition et personnalités de la société civile ont sévèrement critiqué les mesures annoncées ce mardi par Nicolas Sarkozy en matière de santé. Le président de la République était à Dax (Landes) pour une visite consacrée aux questions de la dépendance due à l'âge ou à la maladie, et de la solidarité intergénérationnelle.
Principale annonce visée : la mise en œuvre de trois franchises médicales. A partir de l’an prochain, les patients pourraient avoir à payer, 50 centimes d’euros sur chaque boîte de médicament, 50 centimes sur chaque acte paramédical et deux euros sur chaque recours au transport sanitaire, jusqu’à un plafond de 50 euros par an. Les familles les plus modestes devraient être exemptées mais on ne connaît pas encore le seuil. Ces trois franchises viennent s'ajouter au forfait d'un euro sur chaque consultation ou acte médical déjà à la charge des assurés sociaux depuis 2004.
« Un renversement de notre modèle de solidarité »
Le Collectif interassociatif sur la santé (CISS), qui regroupe des associations de malades et des familles de malades, dénonce « la poursuite d’un renversement déjà amorcé dans notre modèle de solidarité ». « Les malades trinquent pour les malades (…), car les bien portants ne consomment pas de médicaments, ni de transports médicalisés, ni d’actes paramédicaux», affirme le collectif qui prédit que « dans dix ans, l’assurance maladie remboursera péniblement 50 % au lieu de 75 % faute d’avoir réfléchi à temps à des solutions pérennes de financement de notre système de santé ».
Nicolas Sarkozy a annoncé mardi à Dax la mise en place d'une franchise pour les dépenses de santé visant à financer la recherche sur le cancer, les soins palliatifs et le plan Alzheimer, qui devrait être lancé avant la fin 2007. Photo © Jean-Pierre Muller AFP
L’avenir du système de solidarité inquiète aussi le Parti socialiste. Le président PS du conseil général des Landes, Henri Emmanuelli, indique que les mesures annoncées « ne rapportent qu’1 milliard d’euros alors que le déficit sera de 6,5 milliards d’euros qui s’ajoutent aux 60 milliards de déficit accumulés sur les cinq années précédentes ». Surtout, le président de la République a déclaré que les fonds dégagés serviraient à financer la lutte contre la maladie d’Alzheimer et le cancer.
Appel à la mobilisation à la rentrée
Pour le PS, le gouvernement « utilise la compassion en direction des malades du cancer ou d’Alzheimer pour justifier une mesure impopulaire destinée à combler pour partie les conséquences de la politique de la droite en matière de protection sociale ». Les socialistes mettent ainsi en parallèle les « 13 milliards de cadeaux fiscaux » votés en juillet « pour une poignée de privilégiés ».
Un collectif réunissant des professionnels de la santé, des partis politiques, des syndicats et des associations (médecins urgentistes de l'Amuhf, Attac, FSU, CGT affaires sociales, PS, PCF...) avait déjà appelé la semaine dernière à une mobilisation le 29 septembre contre cette promesse de campagne de Nicolas Sarkozy.
Plusieurs acteurs de la santé, parmi lesquels les médecins et écrivains Christian Lehmann et Martin Winckler, ont également lancé une pétition, qui a recueilli à ce jour plus de 52 000 signatures, indiquent-ils sur leur site.
Des réserves se sont exprimées au sein du gouvernement même, Martin Hirsch, Haut commissaire aux solidarités actives, ayant proposé, pour atténuer les injustices qui pourraient en découler, la création d'un « bouclier sanitaire » qui permettrait que les sommes restant à la charge du patient ne puissent dépasser de 3 à 5 % de son revenu brut.
© 20Minutes, avec AFP
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