Les annonces du gouvernement concernant l’écologie ne sont que des gesticulations qui laissent de côté les vrais problèmes
Le ministère de l’Ecologie au premier rang gouvernemental, un Grenelle de l’environnement pour prendre sujet après sujet les mesures nécessaires à la sauvegarde de la planète, en concertation avec les grandes associations. On ne pourrait que se réjouir que MM. Sarkozy, Fillon et Juppé fassent enfin ce que les Verts attendaient depuis des décennies. On aurait tant aimé y croire ! Parce qu’à regarder de près on se demande si l’écrivain Carlo Collodi n’avait pas rêvé de nos gouvernants, cauchemardé peut-être, quand il imagina le nez de Pinocchio s’étirant à chaque mensonge.
Déclarations contradictoires, décisions remises à octobre ou aux calendes grecques, l’effet de serre étant moins urgent pour le gouvernement que les déductions d’impôts et les soins aux exilés fiscaux, il y a des signes cliniques inquiétants et on s’inquiète pour la longueur de l’appendice nasal de Leurs Excellences. Le débat semble parfois être clos avant d’avoir commencé. M. Juppé a déjà décidé qu’il n’y avait « pas de solution sans le nucléaire », le réseau Sortir du nucléaire, regroupement de 760 associations, n’étant même pas convié au débat. Les décrets lançant la centrale de troisième génération ne sont pas abrogés ; on en parlera aussi à l’automne, après que le coup sera joué. On prétend lutter contre l’effet de serre, mais nul arrêt à la construction des autoroutes.
Nulle déclaration gouvernementale remettant en cause la priorité à la route, la politique en faveur des transports en commun se limite à attaquer le droit de grève. On prétend défendre la biodiversité, mais on remet à après les vacances un moratoire sur les OGM. Tant pis encore pour la nature et la protection de la santé des citoyens. Alain Juppé disait vouloir « un plan d’actions ambitieux » qui fixerait « des engagements concrets qui constitueront un véritable contrat quinquennal ».
On se reverra en octobre, une fois les législatives passées, bien sûr… Il y avait pourtant un moyen d’aller vite sur l’essentiel, de répondre à l’urgence écologique, c’était de ne pas exclure les Verts des rencontres, de reconnaître enfin que l’écologie est un autre projet de société.
Craignons hélas qu’au-delà des promesses de campagne il ne faille pas longtemps avant de déclamer la tirade de Cyrano en voyant les pifs et tarins de nos Pinocchio de président et ministres au journal de 20heures : « C’est un pic, c’est un cap, que dis-je, c’est une péninsule. » En sus des césars du cinéma et des victoires de la musique, les Verts demandent une soirée pour décerner les pinocchios d’or de l’environnement.
© Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts (Libération du mercredi 6 juin 2007)
Commentaires