Les éboueurs de la Sita Ile-de-France (groupe Suez) poursuivaient mardi leur deuxième jour de grève, perturbant le ramassage des ordures dans trois arrondissements de Paris et plus de 180 communes franciliennes, mais des négociations devaient s'ouvrir en fin de journée.
Selon les syndicats, la grève entamée lundi à l'appel d'une intersyndicale FO, CGT, CFDT, CFTC, CNT, FNCR et CGC touchait mardi « plus de 180 communes d'Ile-de-France sur 200 », ainsi que les 10e, 18e et 19e arrondissements parisiens. Selon la direction, la grève concernait mardi « autour de 140 communes », et les trois arrondissements.
La direction estimait mardi le nombre de grévistes à « 80 % sur le collège ouvrier », les syndicats évoquant de leur côté entre 90 et 95 % de grévistes.
La Sita IDF, filiale de Sita France, emploie environ 2 000 personnes, dont 1 700 ouvriers (chauffeurs, éboueurs, trieurs de déchets, etc).
« Ce matin, on a refusé de nettoyer les marchés. D'habitude, on ne fait pas de grève aussi dure, on pratique le service minimum pour certains gros clients, comme les aéroports, mais cette fois-ci, la direction fait intervenir des filiales pour faire le ramassage », dénonce Fabrice Argentieri (CFDT).
« On a intensifié le mouvement. Ce matin, on s'est rassemblé devant le siège de Sita France à Nanterre », a ajouté Lahousine Arejdal, délégué CGT. Les manifestants étaient 200 selon la police, plus de 300 selon la CGT.
Une nouvelle réunion de négociations était prévue en fin de journée, ont précisé syndicats et direction.
Les organisations syndicales réclament des augmentations de salaires de 3 % rétroactivement au 1er janvier, puis de 1 % au 1er juillet. Mais dans le cadre des négociations salariales obligatoires, « la direction a proposé une augmentation de 2 % au 1er janvier et une prime de 150 € brut, que nous avons refusées », explique Mario David.
« Pendant plusieurs années, les augmentations étaient très faibles, à cause du déficit de l'entreprise. Ils nous disaient "quand on fera des bénéfices, on fera un effort" sur les salaires », raconte le syndicaliste.
« Maintenant que Sita IDF fait des bénéfices, on veut notre part », ajoute-t-il, précisant que les syndicats demandaient aussi « le paiement des jours de grève ».
« Si on se retrouve (mardi soir), c'est pour essayer de trouver une solution », souligne de son côté Jean-Marc Van de Kherkove, directeur général délégué de Sita IDF. Selon lui, la société, « convalescente », consacre ses bénéfices à « combler le déficit cumulé » des années précédentes.
« On est prestataire de service public. Une telle grève pose des difficultés dans les relations avec la clientèle », ajoute-t-il, ainsi qu'un « souci d'hygiène et de santé publique ».
Dans plusieurs quartiers de Paris, les ordures étaient mardi très visibles sur les trottoirs. « Depuis hier, les poubelles des immeubles dégoulinent sur les trottoirs et les sacs s'entassent tout autour. Evidemment, ça pue quand on passe à côté, mais c'est encore supportable », note Nicole, 30 ans, une habitante du 19e arrondissement.
Pour pallier ces désagréments, « des entreprises concurrentes ont été appelées par certaines communes », a reconnu M. Van de Kherkove.
Ainsi, Coved, filiale du groupe Saur, a repris depuis lundi la collecte des déchets à Neuilly et à la Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine), a indiqué à l'AFP Patrice Pinard, directeur du développement de Coved.
« On fait le travail sur réquisition des villes. Si demain on nous dit "vous n'avez plus le droit de le faire", on ne le fera plus », a-t-il commenté.
© Cécile Azzaro, pour AFP
N.B. : Mercredi matin, on apprenait que, à 3 heures, les négociations avaient échoué.
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