Il aura suffi que le site Internet de Euronews publie un bandeau d’alerte écrivant textuellement «Côte d’Ivoire: Alassane Ouattara proclamé vainqueur de l‘élection présidentielle par la commission électorale», peu avant 19h, heure de Paris, mercredi, pour que le compte Twitter de Laurent Gbagbo réplique par un «Présidentielle: couvre-feu prorogé jusqu’au dimanche 5 décembre et durera de 19H00 à 06H00 (locales et GMT)». Le président sortant allait par la suite se déclarer «en tête» sur Facebook (lire la note de bas de page).
La commission électorale indépendante (CEI, chargée d’organiser les élections) a jusqu’à ce mercredi 1er décembre à minuit pour proclamer les résultats de l’élection présidentielle ivoirienne, dont le second tour s’est tenu dimanche. Une élection fort perturbée en France, puisqu’elle a été annulée en Ile-de-France et à Marseille. Au premier tour des incidents avaient eu lieu (une photo prise à Bagneux avait été publiée ici).
Depuis mardi, au Sénégal, La Gazette a publié les résultats (et même en détails à télécharger ici sur dix pages, sur 95% des suffrages). Mais sur le site de la CEI, rien de neuf depuis le 28 novembre et ce communiqué indiquant à «la communauté nationale et internationale» qu’aucun résultat ne sera donné avant le 29 et que tous les dépouillements ont été faits. En clair: on connaît les résultats depuis dimanche, mais on ne les divulgue pas.
L'annonce d'un couvre-feu “prorogé” a été faite sur les réseaux sociaux (cliquer pour agrandir)
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Les résultats ont par la suite été repoussés de loin en loin, et étaient attendus pour mercredi à 11h locales (midi, heure de Paris). La mission d’observation de l’Union européenne a pour sa part rapatrié une partie de son équipe, explique Le Quotidien (Sénégal). 62 observateurs européens avaient été dépêchés en sus des trente-deux déjà sur place afin de garantir au mieux la sincérité du scrutin.
Après Hillary Clinton mardi, c’est Nicolas Sarkozy mercredi qui a appelé les parties à coopérer avec la CEI. Le matin, Michèle Alliot-Marie, en charge des Affaires étrangères depuis le remaniement, avait indiqué sur Europe1 que la Côte d’Ivoire est un «modèle de démocratie en Afrique» et qu’il n’y avait pas de raison de s’inquiéter pour les ressortissants français. L’Union européenne et l’Onu demandent aussi les résultats.
Le parti de Laurent Gbagbo veut faire annuler les élections dans diverses régions où il estime qu’il y a eu fraude massive, annonce l’un de ses porte-parole, Pascal Affi NGuessan. Et c’est là que le candidat Alassane Ouattara a obtenu de très bons résultats. Or l’ONU (environ 9000 hommes sur place) n’a rien vu.
Dans le cas de non proclamation des résultats dans les trois jours, on se trouve dans le cadre de l’Article 28 de la Constitution («en cas d’évènements graves, notamment d’atteinte à l’intégrité du territoire ou de catastrophes naturelles rendant impossible le déroulement normal des élections ou la proclamation des résultats, le Président de la commission chargée des élections saisit immédiatement le Conseil constitutionnel de cette situation»). Le Conseil constitutionnel doit rendre, dans les 24 heures, un arrêt pour décider de «l’arrêt ou de la poursuite des opérations électorales ou de suspendre la proclamation des résultats».
Or le Conseil Constitutionnel est tout acquis à Laurent Gbagbo, qui a été élu en octobre 2000 pour cinq ans et est toujours au pouvoir.
Le voilà maintenant qui proclame un couvre-feu par Internet, à l’issue d’une campagne dominée par l’Internet.
Fabien Abitbol
A lire sur Facebook: Laurent Gbagbo toujours devant après 3 millions de bulletins comptabilisés (par Laurent Gbagbo, mis en ligne mercredi 1er décembre peu avant 20h, heure de Paris), également diffusé sur Notre Voie, quotidien proche du FPI de Laurent Gbagbo
• Mise à jour à 7h15 (heure de Paris): Sur La Gazette (Sénégal), qui avait mardi diffusé les résultats, a été publié à 23h30 locales et GMT l'urgent DERNIERE MINUTE - Le président de la CEI dément la proclamation des résultats La Gazette avait (assez tardivement) relayé le message de Euronews. Le bandeau était toujours en place, douze heure après avoir été installé.
Reprise sur Rue89 le jeudi 2/12 à 00h08 et en rubrique Afrique de Rue89 à 01h00
Reprise le jeudi 2/12 en fin d'après-midi sur le site de la TSR, rubrique Nouvo (nouvelles technologies), à lire dans cette brève
Depuis, les résultats ont fuité dans la population, si Gbagbo a des partisans dans la CEI, Bédié et Ouattara en ont également.
Les pressions internationales auront beau être fortes, je crains que Gbagbo ne s'obstine à rester sur son fauteuil coûte que coûte.
Mais là où le boulanger pourrait être pris à son propre piège est que si les ivoiriens sont descendus dans la rue pour légitimer sa première victoire face à Guéi Robert lors des dernières élections, ils pourront tout aussi bien le refaire pour rendre exiger que le président légitime et démocratiquement élu soit désigné.
Rédigé par : Dom | jeu. 02 déc 2010 à 09:52
ça change tout le temps...ça va mal finir cette histoire...
ce sont les pays "implantés" qui vont trancher, non ?
ok, je sors...
Rédigé par : miss P | jeu. 02 déc 2010 à 21:50
Enfin la cote d'ivoire renait de nouveau car un nordiste du pays est un ivoirien.
Rédigé par : ZOLZOL | ven. 03 déc 2010 à 02:02