Au moins trois panneaux de signalisation des radars automatiques seront supprimés lundi à Paris, indique Europe1. A Paris, le principal responsable des accidents mortels est… le piéton, explique un document de la préfecture de police. Et les excès de vitesse sont en baisse de 16,3%, entraînant une chute des recettes fiscales générées par les radars. Il était temps de prendre des mesures: fin de la signalisation et ajout de nouveaux radars.
Le site Internet de la radio du groupe Lagardère précise que les panneaux qui seront retirés d’ici lundi à Paris «se situent notamment avenue d'Italie ou quai de l'hôtel de Ville» et que «d'autres radars seront installés dès la semaine prochaine, sans que leur localisation soit annoncée».
Instaurés en 2003 par le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, ces panneaux annonçant les radars fixes avaient un but “pédagogique”. Une circulaire interministérielle donnait des consignes de distance pour installer ces panneaux. Elle était datée du 3 février 2004, le ministre de l’Intérieur de l’époque s’appelant toujours… Nicolas Sarkozy.
Quatre ans plus tard, l’arrêté du 11 février 2008 paraissait au JO du 13 mars 2008. Il officialisait et explicitait une série de panneaux de signalisation, dont le SR3: «Signal SR3: signal annonçant une zone où la vitesse est contrôlée par un ou des radars automatiques» (lire page 5, panneau à consulter page 12). La signalisation routière, remontant à 1967, était alors rajeunie.
On n’ose croire que M. Sarkozy puisse faire des erreurs.
Parallèlement, un millier de radars supplémentaires seront installés, de “nouvelle génération”, assure-t-on, et essentiellement mobiles, donc nécessitant la présence de policiers ou gendarmes. Ce qui, à l’heure des réductions d’effectifs rendra ces derniers moins disponibles.
«Il y a deux écoles: celle du tout répressif, dans laquelle on s'est enfermé, et celle de la pédagogie. Les panneaux donnaient une information complémentaire pour la sécurité», analyse Laurent Hecquet, délégué général de l'association 40 Millions d'Automobilistes, cité par Auto plus.
Selon un sondage publié vendredi 13 mai par Autoplus, 65% des Français sont contre le retrait de ces panneaux, alors que, majoritairement, ils approuvent les autres annonces ministérielles renforçant les sanctions sur le téléphone au volant ou l’alcool.
Le 4 mai dernier, la préfecture de police de Paris (PP) a publié le bilan 2010 de la sécurité routière dans l’agglomération parisienne dans son édition n°161 de PPrama, son infolettre hebdomadaire. La PP indiquait qu’il y avait eu «globalement» en Ile-de-France moins d’accidents (- 2,7%), moins de victimes (- 3,4%) mais plus de morts (+9,5%).
En 2010, 19818 accidents ont eu lieu dans l’agglomération (7189 à Paris) «soit 31% des accidents nationaux» mais qui, relevait la PP, ne représentent “que” 3,4% des tués sur les routes de France, soit 137 morts, dont 43 uniquement à Paris (en 2009, il y en avait 44).
Le PPrama du 4 mai énumérait «les principales infractions génératrices d’accidents corporels dans la capitale»:
1- vitesse excessive (18,8% des cas)
2- traversée irrégulière de la chaussée par un piéton (13,4%)
3- changement de file irrégulier (5,7%)
4- inobservation de la priorité d’un piéton (5,6%)
5- conduite sous l’emprise d’un état alcoolique (5,4%)
On y trouvait aussi «les usagers les plus touchés»:
1- les 2 roues motorisés, qui représentent 17% du trafic mais 37% des tués en Ile-de-France (46,7% pour l’agglomération parisienne et 39,5% à Paris)
2- les piétons: 18 morts à Paris (16 en 2009), soit 41,9% des tués ; 71,8% sont des seniors
3- les cyclistes, qui ne représentent que 3% du trafic mais 6,7% des tués.
Dans le même temps, un document de la PP (à consulter ici) indiquait que, comme en 2009, l’infraction principale du présumé responsable des accidents mortels constatés par la police est, dans l’ordre décroissant, la «traversée irrégulière de la chaussée par piéton» (10 cas), la «conduite sous l’empire d’un état alcoolique» (7 cas), et la «vitesse excessive en raison des circonstances» (6 cas).
407960 excès de vitesse ont été relevés à Paris en 2010, en baisse de 16,3%: il y en avait eu 487276 en 2009. Les excès de vitesse parisiens sur radar fixe (donc a priori indiqués par les panneaux qui vont être retirés) sont passés de 371662 en 2009 à 322439 en 2010, accusant une baisse de -13,2%. Les excès de vitesse relevés avec un radar mobile, qui étaient à Paris de 115614 en 2009, ont chuté de -26% pour s’établir à 85521 en 2010.
Ainsi donc, puisque l’automobiliste se discipline tant avec le radar fixe qu’avec le radar mobile, il était donc fâcheux de voir les recettes fiscales fondre à vue d’œil. Ne plus prévenir et investir dans de nouveaux radars permettra de redresser la barre pour quelques années. En parallèle, la politique consistant au non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, y compris dans la police, forcera les policiers —placés derrière les nouveaux radars— à moins travailler sur leurs missions traditionnelles, celles pour lesquelles, vraisemblablement, ils se sont engagés à servir.
Fabien Abitbol
A lire:
Le 6 janvier, Brice Hortefeux, encore à l'Intérieur, se félicitait d'un bilan inférieur à 4000 morts.
Le bilan 2009 de la sécurité routière à Paris et agglomération est à télécharger ici.
L’accidentologie parisienne en 2009 est à consulter ici, avec diverses cartographies, notamment sur les arrondissements. Depuis dix jours, bien que les policiers du service de communication de la PP aient diffusé l'essentiel des chiffres et la troisième partie de la plaquette, ils n'ont pas eu le temps de mettre sur le site Internet les données 2010.
Radars: juillet a battu tous les records à Paris (19 août 2008)
"les piétons: 18 morts à Paris (16 en 2009), soit 41,9% des tués ; 71,8% sont des seniors"
c'est vrai que je me disais bien qu'ils n'étaient plus chez carrefour à l'heure de pointe aux caisses, ben voilà !
(je sors en courant)
Rédigé par : miss P | 14/05/2011 à 20h27
@missP,
j'en vois beaucoup chez Casino, c'est peut-être la raison?
Rédigé par : Ménilmuche | 14/05/2011 à 20h45
Bonjour à tous !
Maintenant, pour faire du pognon (puisque c'est bien cela qui importe, n'est-ce pas), les "autorités" vont sans doute verbaliser les piétons garés en double file, ou ayant dépassé sans avoir actionné le clignotant, ou ayant dépassé à droite, ou ayant dépassé des voitures....
.... ou pire, ayant dépassé les vitesses autorisées !
Rédigé par : Gotch | 15/05/2011 à 08h24