Seize militants démissionnaires du Mouvement Démocrate (MoDem), dont Virginie Votier — qui était la troisième de liste parisienne aux élections régionales de mars 2010 — ont co-signé la tribune ci-dessous, dans laquelle ils expliquent leur départ du parti de François Bayrou et leur ralliement à Europe Ecologie.
En janvier dernier, Virginie Votier avait démenti des rumeurs la donnant candidate aux régionales auprès des Verts (lire Virginie Votier, MoDem avant tout), rappelant qu’elle militait pour un « rassemblement social, démocrate et écologiste ». Voici désormais l’ex-déléguée départementale du MoDem parisien à Nantes, aux journées d’été des Verts et de Europe Ecologie, en photo aux côtés de Clément Le Ricousse, Président démissionnaire des Jeunes Démocrates du Val-de-Marne, et ex-membre du Bureau national des Jeunes Démocrates.
Jointe ce jeudi par téléphone, elle a estimé à
« cinquante à soixante-dix » le nombre de militants MoDem franciliens
qui devraient, d’ici au mois de septembre, rejoindre les rangs de Europe
Ecologie, « seule force politique qui, aujourd’hui, nous paraisse à
même de rassembler au-delà de son camp lorsqu’il s’agira de faire ces choix
déterminants pour notre avenir et de celui des générations futures »,
comme expliqué dans la tribune qu’elle a fait parvenir au blogue Mmom.
Outre
son étiquette de Déléguée départementale du MoDem Paris, qu’elle a affichée
deux ans durant, Virginie Votier était, depuis juillet 2006, permanente au
siège de l’UDF puis du MoDem. Elle est également vice-présidente de l’association Les Amis d’Europe Ecologie. Agée de trente-cinq ans, elle s’est frottée une
fois au suffrage universel direct : elle était candidate aux législatives de 2002 dans la 21e circonscription de Paris (majorité du 20e arrondissement) pour le
compte de l’UDF. Sa mère, Marie-Josée Votier, est toujours au MoDem.
Virginie Votier doit intervenir samedi matin aux Journées d'été Les verts/Europe Ecologie à Nantes, a-t-elle indiqué par téléphone. Il s'agira de faire part de son expérience de « faire de la politique autrement ».
F.
A.
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Une
nécessité et une priorité pour la politique française
La
période dans le calendrier électoral, entre les élections régionales et
l’élection présidentielle, est tout à fait propice à une réflexion sur les
impératifs qui pèsent sur la politique française. Ce temps doit nous faire réfléchir
pour la rendre plus accessible à tous et exclusivement dirigée dans le sens de
l’intérêt général. Il existe une nécessité et une priorité pour la politique
française. La nécessité, c’est de refonder le système citoyen français. La
priorité, c’est de réussir la conversion écologique de la France et de
l’Europe.
Plus
que le système politique, c’est le système citoyen français qu’il faut
refonder. C’est la nécessité première. Souvent, le peuple est plus prompt à
saisir l’urgence des situations auxquelles il fait face que ses élites pourtant
censées y remédier, mais qui doivent composer avec le poids de certains groupes
de pression et les lenteurs des institutions parlementaires. C’est pourquoi il
faut favoriser l’expression d’un courant central, à vocation majoritaire, qui
émane des citoyens et les fédère : celui appelant à l'épanouissement d'un
système d’économie sociale et solidaire, dans le cadre de l’idéal républicain
et démocrate forgé par les grands noms de notre histoire.
Dès
lors, il s’agit, d’une part, de réaffirmer cet idéal républicain et, de
l’autre, d’intégrer systématiquement une dimension sociale et environnementale
à toute pensée économique pour l’ère qu’ouvrira la sortie de crise. Réaffirmer
l’idéal républicain, c’est repenser le rapport à la citoyenneté et régler une
bonne fois pour toutes, sans concession, toutes les questions que sont le cumul
des mandats et des responsabilités, la retraite des élus ou encore la question
de l’abstention et de la prise en compte du vote blanc. En outre, il faut
offrir une place de choix au citoyen. Chaque citoyen est réputé égal à l’autre
dans l’accès aux responsabilités. C’est beau sur le papier… sauf que ce n’est
pas le cas dans la réalité. Dès lors, osons penser un système de coopération
politique et citoyenne ! Pour cela, renforçons le monde associatif en
reconnaissant sa professionnalisation, son expertise et son rôle moteur dans la
création d’emploi et la réponse qui est la sienne à la crise de l’engagement
et, même, pourquoi pas, en permettant sa représentation au Parlement. Par
ailleurs, on donnera sa chance à l’échelon local en appliquant un strict
principe de subsidiarité pour laisser à l’État central ce qui relève réellement
de son ressort. Et, bien entendu, on s’inspirera des meilleures pratiques chez
nos partenaires européens.
Par-delà
les aspects citoyens, il est aussi urgent d’intégrer une dimension sociale et
durable à toute pensée économique nouvelle. Avec une limite conceptuelle
préalable : on ne sortira pas du marché. Si la crise a pu faire espérer à certains que nous
quitterions ce système, force est de constater que cette option est vouée à
l’échec car l’économie de marché n’est pas morte. De toute évidence, nous
devrons composer avec ce système qui a malgré tout accompagné le progrès et la
démocratisation des sociétés occidentales mais en le reprenant en main. Quel
que soit son nom — social-démocratie, économie sociale de marché,
social-économie — la nouvelle pensée économique sera sociale ou ne sera pas.
Oui, il faudra réguler. Mais il y a réguler dans l’urgence et réguler dans une
perspective de long terme. Dans l’urgence, on peut le faire
mécaniquement : limiter la spéculation, interdire les parachutes
dorés etc. C’est indispensable, mais insuffisant. À plus long terme, réguler,
c’est intégrer le social et l’environnemental à l’économie, que ce soit à
l’échelle internationale, nationale ou locale : appuyer toute initiative
renforçant la responsabilité sociale de l’entreprise, susciter la mise en
réseau des PME-PMI dans la mise en œuvre de leurs stratégies sociales, évaluer
les projets de politiques publiques à l’aune du trio économique-social-durable.
Cela,
c’est une nécessité sur laquelle théoriquement, personne ne devrait trouver à
redire : le système citoyen refondé repose sur une social-économie
réfléchie et vice-versa, dans un cercle vertueux. Mais dans l’accomplissement
de cette nécessité, il est une priorité : réussir la conversion écologique
de la France et de l’Europe.
Il
faut agir en deux temps. D’abord, rassembler les citoyens autour d’une volonté
partagée d’assurer la conversion écologique des modes de vie. Le défi est déjà
en passe d’être relevé : l’évolution des comportements individuels face à
l’urgence environnementale est intégré. Mais il faut poursuivre l'effort, renforcer
les mesures incitatives et achever de prouver que la durabilité est créateur de
pouvoir d'achat. Par ailleurs, la conversion écologique implique la
préservation des libertés individuelles et collectives, ce qui conduit à
repousser l’option de la coercition écologique. Une fois cela fait, il s’agira
de susciter un lobbying citoyen intense, pour imposer le changement de
mentalités aux gouvernants: qu’elles soient politiques ou industrielles. Au
final, l’ensemble de la communauté nationale doit prendre conscience que
l’intérêt général et la conversion écologique.
À
partir de ce principe, c’est au niveau étatique qu’il faudra faire souffler le
vent du renouveau. Il n’est pas concevable d’imposer aux citoyens toutes les
contraintes de la conversion écologique. Devoir d’exemplarité oblige, l’État
doit lui-même assurer sa conversion, à plus grande échelle : migration du
parc automobile vers des motorisations propres, généralisation du principe de
rapport coût-avantage environnemental de l’action de l’État et des bilans
carbone etc. Plus que jamais, la puissance et l’effectif de notre fonction
publique sont une force dans la conversion écologique.
Cette
même conversion doit naturellement être envisagée à l’échelle d’une Europe
forte, notamment dans le dossier de la politique énergétique et donc de la
sortie progressive de l’ère du tout-pétrole. Il y a là une carte à jouer dans
la redistribution des puissances à l’échelle mondiale : le gouvernement
fédéral des États-Unis et la Chine rechignent à assumer la conversion
écologique, par crainte de perdre leur puissance. L’Europe, elle, a tout
intérêt à apparaître comme un contre-modèle, celui d’une puissance fondée sur
une prospérité durable, d’autant plus qu’elle a participé précédemment aux
dérives de la surconsommation. De là, l’Europe devra susciter un effet
d’emballement auprès des puissances émergentes et in fine des autres géants
récalcitrants pour le moment.
Plus
que jamais, nous assumons cette priorité de conversion écologique ! Et
pour répondre à cette nécessité de refonder le système citoyen français, nous
avions fait le choix de participer à la création du Mouvement Démocrate.
Malheureusement, trois ans plus tard, nous nous devons de constater que nous
sommes loin de nos objectifs : effacement progressif des thématiques durables,
appauvrissement de la doctrine démocrate en matière d’économie et
d’institutions politiques, renoncement à l’idéal collectif d’engagement et
incapacité à fédérer etc. C’est pourquoi, sans rien renier des convictions qui
sont les nôtres, nous choisissons de rejoindre Europe Écologie, seule force
politique qui, aujourd’hui, nous paraisse à même de rassembler au-delà de son
camp lorsqu’il s’agira de faire ces choix déterminants pour notre avenir et de
celui des générations futures.
Virginie Votier, Déléguée départementale du MoDem
Paris, Marie-Isabelle Pichon, Conseillère nationale du MoDem, Frédéric Badina,
membre du Bureau national des Jeunes Démocrates, ancien Vice-président des
Jeunes Démocrates de Paris, Nicolas Vinci, Délégué au développement durable,
Commission nationale jeunesse du MoDem, Clément Le Ricousse, Président des
Jeunes Démocrates du Val-de-Marne, membre du Bureau national des Jeunes
Démocrates, Paul Delmas, Secrétaire général des Jeunes Démocrates de Paris,
Nicolas Bonfils, ancien Secrétaire général des Jeunes Démocrates de Paris,
Fabien Neveu, membre du bureau départemental du MoDem de Paris, Franck Vautier,
membre du Conseil départemental du MoDem de Paris, Fabrice Hauet, membre du
bureau départemental du MoDem de Paris, Alexandre Bouvard, membre du Conseil
départemental du MoDem de Paris, Fabien Engelibert, MoDem Val-de-Marne, Olivier
Berruyer, MoDem Hauts-de-Seine, Julie Rodriguez, membre du Bureau des Jeunes
Démocrates de Paris, Kamel Hamdi, membre du Bureau départemental des Jeunes
Démocrates du Val-de-Marne, Florence Jean, membre du Bureau MoDem de la 1ere
circonscription du Val-de-Marne.
J'ai un peu de mal à comprendre... A un moment où les Verts restent ce qu'ils ont toujours proclamé : A gauche toute (nous voyons bien la position de Dany Cohn-Bendit de plus en plus fragile aux journées d'été d'Europe Ecologie-Verts, et isolé). Que vont-ils faire dans cette galère ?
Ce n'est pas pour cela que nous avons, ensemble, combattu depuis 2007... Mais bon, ils ne sont pas les premiers, et certainement pas les derniers. Si je ne milite plus, je reste et resterai fidèle aux idées que François Bayrou a défendues en 2006-2007. Je n'irai pas ailleurs qu'au MoDem.Je préfère avoir tort et rester fidèle à la vision que j'ai de la politique, plutôt que de changer de crèmerie au gré du vent, comme beaucoup l'ont déjà fait (les anciens députés de l'UDF, les Cavada et consorts, plus récemment Corine Lepage que rejoignent mes amis cités dans cet article. Je leur garde mon amitié, mais je n'approuve pas leur démarche.
Rédigé par : Michel Hinard | 20/08/2010 à 22h23