Depuis des années, la Maison des étudiants de l'Ouest africain, qui appartient à sept pays, est en ruines. Entre la pelouse de Reuilly et la Cité nationale de l’histoire de l’Immigration, dans le 12e arrondissement, les 185 occupants parent au plus pressé, et s’expliquent dans cette vidéo de Jeune afrique TV (durée : 3’14’’).
Le président du Sénégal Abdoulaye Wade se trouvait mi-avril dans son domicile du 10e arrondissement pour la levée du corps de Karine, l’épouse de son fils Karim, décédée des suites d’un cancer. Le dossier, dit-on, avait une fois de plus été porté à sa connaissance.
Trois semaines avant l’arrivée du président Wade à Paris, le 25 mars, une descente de police avait eu lieu boulevard Poniatowski. Quatre-vingt policiers pour un « recensement », à 6h30 du matin … Ce bâtiment, qui suscite convoitises et rumeurs, appartenait à l’Afrique occidentale française (AOF), une colonie qui, juridiqement, n’existe plus depuis 1958. Selon Me Mathieu Gibert, avocat spécialisé en immmobilier qui œuvre pour M. Wade, cette propriété « est aujourd’hui encore, au même titre que les ambassades, un territoire africain sur le sol français ». Et ses propriétaires en sont le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal.
Le bras de fer oppose la Ville de Paris, via la mairie du 12e arrondissement comme interlocuteur « privilégié » pour les habitants. Certains aimeraient être relogés, d’autres voudraient plutôt défendre la mémoire de ce lieu, pour le voir transformer en « maison de l’Afrique » : Léopold Sédar Senghor, Guillaume Soro, Manu Dibango, ou encore Abdou Diouf y ont passé une partie de leur jeunesse, mais aussi Aimé Césaire.
Le président sénégalais a été mandaté par ses homologues de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), la mairie de Paris a diligenté une enquête de droit international, et le courant a été rétabli, malgré un impayé de l’ordre de 15 000 €. L’insalubrité de la maison oubliée de l’Afrique de l’Ouest, à deux pas de la Cité de l’Immigration, doit sortir de cette impasse diplomatique. Comme le titrait Jeune Afrique dans son édition du 20 avril, il y a péril en la demeure.
F. A., photo Jeune Afrique
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