Le grand retournement du droit de l’asile
Le droit d’asile contemporain, en partie issu de la déroute morale des démocraties face au besoin de protection des Juifs, dès les années 1930, est énoncé dans les articles 13 et 14 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948. L’histoire comme l’actualité montrent combien ces articles sont à la fois précieux pour le genre humain et faciles à bafouer : il suffit d’empêcher l’accès aux territoires refuges et/ou de rejeter massivement les demandes d’asile de ceux qui parviennent à passer. C’est ce qui arrive en Europe où les taux de rejet ont été progressivement augmentés jusqu’au voisinage actuel des 100 % et où les politiques de camps ainsi que la militarisation des frontières visent à bloquer l’accès aux pays refuges.
Naguère, les réfugiés étaient perçus comme des victimes objets de compassion, aujourd’hui ils sont traités comme des coupables et enfermés dans des camps. S’agit-il d’une réponse à un envahissement migratoire ? D’une réaction inéluctable à la crise économique ? De l’effet d’une xénophobie populaire exacerbée ?
En s’appuyant sur son expérience de juge de la demande d’asile pour analyser les procédures et cinq années d’étude des politiques de répression des migrations en France et en Europe, l’auteur écarte ces interprétations pour soutenir la thèse d’une transformation de nos cultures politiques sous l’effet d’une xénophobie de gouvernement qui stigmatise l’étranger comme problème, risque ou menace. Ce phénomène entraîne le grand retournement du droit de l’asile qui bien loin de protéger les exilés participe aujourd’hui à leur discrédit et sert à justifier leur enfermement dans des camps aux frontières de l’Europe.
Jérôme Valluy, Rejet des exilés - Le grand retournement du droit de l’asile, Editions Du Croquant (20/01/09), 320 pages, ISBN : 978-2-9149-6851-5, prix TTC France : 22 €
⇒ Jérôme Valluy est enseignant en science politique à l’Université Panthéon-Sorbonne (Paris 1). Il a été juge à la Commission des Recours des Réfugiés de février 2001 à juillet 2004. Il co-anime le réseau scientifique TERRA (Travaux, Etudes, Recherches sur les Réfugiés et l’Asile). Ses recherches portent sur les politiques et les mobilisations relatives aux exilés en France, en Europe et en Afrique.
Dans d'autres régions on les abandonne en mer à une mort certaine :
http://courrierinternational.com/article.asp?obj_id=93622
Les gouvernements se complaisent dans l'abject.
Rédigé par : raannemari | 20/01/2009 à 15h56
Même sans aller si loin :
http://www.latribune.fr/depeches/associated-press/tunisie-naufrage-dun-bateau-de-clandestins.html
alors que le président français co-préside l'UPM :
http://menilmontant.numeriblog.fr/mon_weblog/2009/01/la-france-co-pr.html
Rédigé par : Fabien | 20/01/2009 à 16h23