Alors que partait ce matin le premier vol à bord duquel se trouvaient des Tunisiens bénéficiaires de l'aide au retour décidée par la Ville de Paris, le directeur de France Terre d'asile (FTA) considère comme «de la maltraitance institutionnelle» le refus d'hébergement de la part de l'Etat à l'endroit des centaines de jeunes tunisiens errant dans les rues de Paris.
Dans un reportage publié sur le site Internet de l'Express, Laura Thouny, qui a passé la première soirée du ramadan aux Buttes-Chaumont en compagnie des jeunes délogés le 16 juin du 36, rue Botzaris,fait dire à Pierre Henry, directeur de FTA: «Le Conseil de Paris est déjà allé au-delà de ses compétences alors que l'Etat a toujours refusé d'offrir le moindre hébergement. On promeut cette politique au nom de la sécurité. Mais en réalité, en laissant des jeunes gens à l'abandon total, on produit de l'insécurité. C'est de la maltraitance institutionnelle.»
Le reportage revient sur la solidarité autour du groupe des migrants installé rue Botzaris, aidé par la jeune association Action tunisienne, quelques bénévoles, et les maraudes trois fois par semaine de Emmaüs, et présente trois jeunes, dont un mineur, toujours à la rue.
L'un d'eux avait une réservation pour le premier vol Paris-Djerba qui partait de Charles-de-Gaulle ce mercredi, mais hésitait encore lundi soir à embarquer.
Quant à Ayman, 21 ans (photo), qui lui n'a jamais dormi dans une structure de la Ville de Paris depuis son arrivée dans la capitale le 8 avril dernier, il avait rendez-vous ce matin à 7h30 à France Terre d'asile pour se rendre ensuite, dans le cadre du retour-réinsertion proposé par la Ville de Paris, à l'aéroport, où il était attendu à 9h par l'Offi.
Après diverses tentatives solitaires d'insertion, il avait compris depuis plus d'un mois que son avenir était davantage dans son pays, et s'était décidé à déposer son dossier de retour le 18 juillet.
Lui n'avait jamais fait l'objet du moindre “encadrement” par une quelconque structure, ni par la Ville ni par le biais du réseau associatif. Il ne se débrouillait que par la solidarité de quelques habitants de Couronnes et Belleville, qui l'aidaient à survivre et l'ont guidé dans ses démarches.
Reste maintenant à tenter d'éviter la «catastrophe humanitaire» déjà évoquée en son temps par le responsable de la mission SDF à la Ville de Paris. M. Bordin, qui était déjà passé à Botzaris le 24 juillet au soir, est revenu longuement hier soir lundi 2 août pour refaire un point de situation.
Fabien Abitbol